samedi 1 août 2015

À MORT LES TOUBABS ! (6 ) 

Mars 2005, des jeunes lycéens qui manifestaient pour un problème concernant leurs études avaient été sauvagement agressés et détroussés par des jeunes noirs, au cri de "A mort les toubabs". Quelques semaines plus tard, les hommes politiques tous bords confondus, se retrouvaient face à une dérive identitaire communautariste afro-antillaise dont les revendications reposaient sur la reconnaissance et la réparation liées à l'esclavage, et en pointillés, celle de la colonisation. L'élue de Guyane Christiane Taubira ( à l'origine de la loi du 21 mai 2001, qui reconnaît la traite des blanches et l'esclavage comme crime contre l'humanité) a déclaré à la revue Technikart de février 2006 " La crise des banlieues n'est pas finie. Et encore, je trouve que les gens sont raisonnables compte tenu de ce qu'on leur fait subir depuis deux générations."

La France semblait découvrir le ressenti d'une partie de la population noire qui compte environ 5 millions de personnes et la radicalisation d'une minorité de jeunes nés pour la plupart de parents originaires d'Afrique noire ou blanche. Chaque partie dénonçant la violence que l'autre lui fait subir, violence (économique, sociale, etc.) subie qui à son tour "justifie" en retour le recours à la violence. C'est par exemple le credo d'une franche des "Indigènes de la République" (certains se désignent eux-mêmes comme des Afro-européens) qui assimilent peu ou prou les conditions de vie des banlieues à l'exploitation coloniale. Toute diminution d'agressivité verbale serait interprétée comme un signe de soumission. Cette pensée fortement ancrée dans certains esprits est responsable en partie de la chute du tourisme dans les Caraïbes. Certains employés dans le secteur de l'hôtellerie refusent de servir le touriste sous le prétexte qu'il s'agit d'un rapport de maître à esclave. De nombreuses associations regroupant des Antillais, des Guyanais et des réunionnais, n'hésitent pas à propos de certains mouvements identitaires, à parler de racisme anti-blanc, et certains penseurs et philosophes, de francophobie.

Depuis quelques années, les propos discriminatoires à l'égard des blancs fleurissent : face de craie, fromage blanc, sale blanc, etc., et certains rappeurs n'hésitent plus à appeler à la violence. J. Gerardin avait déjà écrit " Rien n'empêche le blanc d'être un sale blanc". Tous les militaires connaissent l'importance du diminutif pour désigner un adversaire et ainsi le reléguer au rang infra humain. Face à cette "psychose", la marque Banania décidait début 2006, de supprimer sur ses boites de cacao, le visage épuré et modernisé du tirailleur sénégalais qui avait rappelé à toute une génération ce que la France doit à ces hommes. Comme si la colonisation et l'instruction étaient la cause de tous les maux. N'y a-t-il pas plusieurs vérités? Sur une photo de l'équipe de France de football, je peux y compter 7 noirs sur 11 joueurs, dois-je y voir une discrimination du sélectionneur à l'encontre des blancs ou une supériorité footballistique noire? La différence entre la discrimination, le racisme (la supériorité d'une race), le racialisme (la différence entre races), la xénophobie, reposent avant tout sur une lecture subjective des paradigmes et des stéréotypes. 

En ce qui concerne les français des DOM - TOM, il ne peut s'agir d'une question de nationalité, ils sont Français, mais d'une question de couleur doublée d'une question d'appartenance communautaire à propos de laquelle BHL a dit " Il y a cette idée bizarre aujourd'hui selon laquelle il faudrait revendiquer je ne sais quelle supériorité dans la souffrance". Max Gallo, las des perpétuelles repentances, écrit dans son essai, Fier d'être Français : "Honteux de notre passé, nous sommes condamnés non seulement à la repentance, mais à nous désagréger, à nous diviser, à capituler, à mourir dans l'aigreur, l'amertume, la haine." Il discerne dans la notion de Patrie : "le seul moyen d'empêcher que notre société n'éclate en tendances hostiles, au risque d'une violence que nul n'imagine."

Ces mouvements identitaires semblent oublier la responsabilité black - blanc - beur dans ce triste épisode de l'histoire. Qu'est-ce qu'un Français dont les grands-parents étaient, a fortiori, originaires d'un autre pays, a à voir avec la traite africaine (Africains qui vendaient d'autres Africains), la traite orientale (négriers musulmans) ou la traite atlantique organisée par des Américains, Anglais, Français, Hollandais? Seul dénominateur commun, les victimes en ont été les Africains.

La société française n'est plus seulement confrontée à des "sauvageons" sifflant la Marseillaise dans un stade. Les renseignements généraux recensaient au début des années 2000, mille quartiers difficiles et 435 meneurs de bande. L'augmentation des actes de délinquance imputables aux jeunes est bien réelle. On est passé de 66.540 mineurs mis en cause en 1972, à 175.000 en 2000. Si on prend les enquêtes de victimisation établies à partir d'un échantillon de 30.000 personnes, les chiffres seraient à multiplier par quatre! Les récidives sont estimées, selon la tranche d'âge, à 65% et 75%, et les chiffres des réitérants(délinquants qui n'ont pas été arrêtés ou condamnés) ne sont pas connus... Les spécialistes évoquent la théorie des 5%. Cela signifie que 5% des jeunes d'une même ville ou cité sont responsables de 50 à 80% (valeur interpolée qui semble être inspirée de la loi de Paretto) des infractions commises. Cette minorité délinquante est responsable, dans une grande mesure, de la mauvaise réputation des banlieues et des jeunes qui y vivent. Tous les jeunes issus ou non de l'immigration ne sont pas tous des délinquants, loin s'en faut. Ils en sont les premières victimes.

En janvier 2006, une quarantaine de jeunes répartis en petits groupes de 5 ou 6 ont semé la terreur à bord d'un train assurant la liaison Lyon-Nice. Certains seront incarcérés pour agression sexuelle, violence, menaces de mort. Cette série d'événements n'est pas une bagatelle et il est toujours dangereux, même par souci d'apaisement, de minimiser des faits criminels en les qualifiant d'incivilités. Certains parlent même d'une stratégie sociale laxiste qui reposerait sur la non-application de la loi, de l'absence d'exécution ou de l'aménagement des peines. Une telle attitude ne contribue guère à la responsabilisation, au respect d'autrui, à la restauration de l'autorité, pas plus qu'elle protège d'un glissement des violences sociales vers les violences individuelles.

Rejeter la société des blancs est une façon de dire "je ne veux rien recevoir de vous et de votre culture" (installation d'une contre-culture) et se libérer d'une dette. Ensuite, rien de plus simple que de minimiser les avantages perçus : études (Chaque collégien coûte environ 12 000 euros/an), santé, allocations familiales, chômage, et de profiter de la liberté d'expression en disant, c'est vous qui me devez quelque chose en réparation à ma présence ici.

Leur leitmotiv, c'est de "niquer le système" et le refus de se conformer aux règles sociales. Ils veulent bénéficier des avantages de la citoyenneté sans son acceptation civique. Il n'est dès lors pas étonnant de voir des jeunes n'éprouver aucun scrupule à commettre des actes réprouvés par la morale, tout simplement parce qu'ils éprouvent et ne ressentent que du mépris pour la société et ses valeurs. Je veux quelque chose, je m'en empare au besoin par la force. Un adolescent qui refusait de donner, sous la menace, son baladeur a été poignardé. Le jeune délinquant vise à l'instantanéité. Nous sommes loin du crime gratuit commis par le héros de Dostoïevski ( les possédés) ou de Gide (les caves du Vatican). Lors de son arrestation, Fofana récitait des versets du Coran, dévoyant la religion à la projection de ses propres désirs et support à une bouffée délirante de toute-puissance.

Certains "humanistes" vont jusqu'à voir en ces jeunes des victimes de la société, leur trouver des excuses absolutoires, leurs violences légitimes, et leur accorder plus d'attention qu'à leurs victimes. "S'ils pouvaient dialoguer avec le diable, ils lui diraient qu'il a tort, mais que son point de vue est intéressant." Pourquoi diluer la responsabilité personnelle dans le collectivisme? À quoi peut bien conduire la culpabilisation qui vise à faire supporter aux autres le poids de la faute individuelle? Et tant que l'on y est, pourquoi ne pas assimiler les comportements déviants à des joutes rituelles tribales du ressort des ethnologues?

Vouloir à tout prix assimiler l'homme à la société ne peut que conduire à la destruction de la dite société. Un homme qui commet un délit à l'encontre d'un autre individu, est condamné au nom de la société, sanction qu'il va de facto assimiler à la société. S'il veut ensuite se venger, il va se retourner contre la société et non contre les magistrats responsables de sa peine. Tout le contraire de la charia. Si l'individualisation était privilégiée, le rejet délibéré des valeurs de la société conduirait ce genre d'individus à l'aliénation, la clochardisation, ou au suicide.

Des jeunes issus de parents d'origine étrangère connaissent eux aussi des injustices et n'en constituent pas moins d'honnêtes citoyens. Ils ont choisi de répondre par l'occultation de situations et propos négatifs en les retournant en une solution réaliste et positive, position certainement plus prometteuse d'avenir, à moins que quelques inconscients "nihilistes" ne viennent ruiner leurs espérances. Après la guerre froide de nature politique, la société risque-t-elle de glisser vers une guerre froide de nature civile?

Les politiques, le Ministère de l'Intérieur et celui de la Défense vont devoir de plus en plus intégrer dans leurs réflexions sur la sécurité des personnes, des biens et de la nation, différentes formes de violence qui ont de plus en plus tendance à s'interpénétrer: terrorisme, criminalité, "guérilla" urbaine, affrontements ethniques, religieux, hooliganisme, vandalisme, etc., et prendre en compte l'augmentation de population, l'insatisfaction sociale et le malaise civilisationnel engendrés.

A SUIVRE : L’HÉRITAGE COLONIAL 

Le contenu de ces articles propose d'essayer de comprendre et de rendre intelligibles la situation que connait la France confrontée à une présence hostile depuis déjà plusieurs décennies. Cette grille de lecture ne prétend pas pour autant que les faits avancés puissent en exclure d'autres. Les propos servant de fil conducteur, aussi effrayants que manichéens, ne sauraient m'être attribués pour induire la réflexion du lecteur. Ils relèvent de l'histoire et de l'actualité.
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