vendredi 8 mai 2020

Armement : les armes légères



La catégorie des armes légères englobe toute arme individuelle ou collective qui peut être transportée et utilisée par un homme seul ou par un petit groupe. «les armes légères, bon marchés, faciles à utiliser, à dissimuler, à transporter, alimentent de nombreux conflits régionaux armés et favorisent le crime organisé ainsi que le terrorisme. (...) Plus de 80 millions d'armes légères en circulation dans le monde sont responsables de 90 % des victimes des conflits armés ».

L'arme à tir courbe (la bombarde utilisée pour la première fois en 1454 lors du siège de Constantinople) permet d'atteindre un objectif entouré par des obstacles le protégeant d’un tir direct. La plus connue est sans conteste le mortier, une pièce d’artillerie dont la caractéristique est de pouvoir tirer un projectile sous un angle de plus de 45° dont l’angle de chute approche la verticale. Le fait pour le projectile de pouvoir passer par dessus les obstacles environnants séparant le poste de tir de sa cible, nécessite une certaine hauteur qui est fonction de la distance des obstacles. Cette trajectoire de sécurité correspond à environ 100 mètres de hauteur pour une distance de 100 mètres et à 300 mètres de hauteur pour une distance de 400 mètres.

Les mortiers sont classés en trois catégories selon leur diamètre : mortier léger (40 à 60 mm), moyen (70 à 90 mm) et lourd (120 mm) ; la longueur du tube varie de 10 à 20 fois le diamètre. Un mortier de 60, une douzaine de kilos, peut expédier un obus de 1,5 kg à 1600 mètres, un mortier de 81 mm tire jusqu'à 4.700 mètres, quant à celui de 100 il tire un obus de 7 kilogrammes à 10 kilomètres. Le mortier se compose de 3 parties : le tube à âme lisse qui reçoit le système de pointage est supporté par un bipied et une lourde plaque de base pour prévenir l’enfoncement de la pièce dans le sol. L'arme chargée manuellement par la bouche tire un projectile subsonique stabilisé par un empennage, cadence de tir ? une quinzaine de tirs minute. Le mortier commando (50 mm) d'un poids d'une dizaine de kilos utilisable par un seul homme tire un projectile à 1000 m (charge 2). A mentionner le mortier à main israélien de 2 pouces d'un poids de 8 kg, portée 130 - 420 m, conçu pour l'appui rapproché.

Le projectile agit par l'effet de souffle dû à la déflagration de la charge et par éclats suite à la rupture de l’enveloppe. L’effet de souffle a une efficacité relativement faible sur le personnel, par contre l’effet dû aux éclats a une grande efficacité contre les personnes. Lorsque l’obus éclate au sol, son efficacité et sa zone meurtrière dépendent de l’angle d’impact et de la nature du sol puisqu’une grande partie de l’effet de souffle passe trop haut ou trop bas. Un projectile arrivant avec une trajectoire verticale permet une meilleure répartition de la fragmentation. Pour un obus de 81, la zone dangereuse couverte est d’environ 40 mètres. Pris sous un tir de mortier il ne faut surtout pas chercher à courir mais immédiatement se plaquer au sol. Les éclats d’un obus se repartissent en trois gerbes : la gerbe d’ogive peu dense projetée vers l’avant - la gerbe de culot qui projette de gros éclats peu nombreux sur arrière - la gerbe latérale, la plus importante, constitue une nappe perpendiculaire à la trajectoire.

Le nombre restreint de pièces composant un mortier et sa simplicité en font une arme facile à transporter et à mettre en batterie. Une équipe peut lancer une dizaine d’obus, démonter l’arme et quitter les lieux avant même que le dernier obus atteigne sa cible. Il est également peu coûteux et facile à construire. Cet aspect d’arme rudimentaire avait séduit des membres de l’IRA qui fabriquèrent un mortier multitubes monté sur un véhicule et leur permit de commettre l’attentat de Newry (28-2-85). Les projectiles étaient des bouteilles d'oxygène bourrées de 20 kilos d’explosif !

Durant la première Guerre Mondiale, la grenade était dévolue aux actions de : défense et combats dans les tranchées ou boyaux - nettoyage pour éliminer toute résistance - exécution de coup de mains - piégeage pour retarder ou désorienter l’ennemi. Une grenade ne peut être lancée à la main qu’à une distance modeste, même si l’on gagne en distance avec une grenade à manche, la distance de jet peut se révéler trop courte pour certains usages. La zone vulnérante des éclats est d’une vingtaine de mètres tandis que les éclats sont dangereux jusqu'à une centaine de mètres. Comme le lanceur moyen lance sa grenade à 30 mètres, il se doit d'être à couvert (on peut la lancer plus loin en la fixant au bout d'une cordelette que l'on fait tourner à la manière d'une fronde avant de tout lâcher). Si l’on désire un jet de plusieurs centaines de mètres on utilise un lance-grenade.

L'intérêt majeur des : « grenades à fusil ou encartouchées est de pouvoir disperser instantanément un nombre important de projectiles dispersés sur une zone d'environ une dizaine de mètres de rayon (nda : AP/AV 40), zone qui nécessiterait plus d'un chargeur de FA pour être traitée », ou de percer le blindage (100 mm ou 360 mm de béton) d'un VAB distant de 100 m. Si la munition tirée crible de projectiles une large zone même avec une précision amoindrie, elle peut aussi permettre de retourner la situation. Des terroristes se sont révélés très ingénieux en utilisant un lanceur pour ball-trap, une arbalète, un fusil harpon, un lance-fusée ou un lance-amarre, certains ont fabriqué des propulseurs avec un fusil de chasse et une cartouche débarrassée de ses plombs...

Au mois de février 1915, les Allemands furent les premiers à utiliser un lance-flammes contre les positions françaises à Mélancourt ! L'arme destinée à accompagner l'assaut de l'infanterie comportait deux réservoirs cylindriques, l'un rempli d'un mélange inflammable, l'autre de l'azote sous pression (gaz propulseur), un allumeur enflammait le jet liquide à la sortie de la buse. Cette arme individuelle d'un poids d'une vingtaine de kilogrammes capable de brûler vif les hommes, de consommer l'oxygène d'un local, de détruire les matériels et de bouter l'incendie à des structures a une portée d'une vingtaine de mètres (le vent affecte les conditions d'utilisation), distance qui passe à soixante mètres avec l'ajout d'un gel épaississant au fuel. Une capacité de 17 litres permet trois ou quatre tirs ou 7 secondes environ et en continu. Le combustible épais (napalm), difficile à éteindre, peut s'infiltrer par les petites ouvertures et « colle » sur sa cible. Cette arme facile de fabrication interdite par la Convention de Genève est encore parfois rencontrée...

Le Lance Roquette Antichar (bazooka, RPG, LAW, Carl-Gustav, etc.) tire une roquette à charge creuse guidée par un tube. Le LRAC se compose : d’une enveloppe - d’un dispositif d'amorçage - d’un dispositif de propulsion. Le dispositif d'amorçage est constitué par une fusée qui peut être à fonctionnement : instantané (percutante) - à temps - de proximité - à double effet : percutante et fusante. Cette arme épaulable est dérivée du canon sans recul, le principal obstacle à vaincre pour l'adapter au Combat Rapproché Anti-Char fut de parvenir à compenser le recul de l’arme, plus le projectile est lourd, plus la vitesse initiale doit être élevée, ce qui entraîne un recul (loi de Newton sur l’action et la réaction). La première idée qui vint à l'allemand Krupp en 1930 fut de compenser ce recul par un second projectile s'échappant sur l'arrière, idée abandonnée le jour où l’on découvrit qu’une masse de gaz à grande vitesse s'échappant sur l'arrière du canon (effet Venturi) pouvait venir remplacer le second projectile, principe appliqué sur les Panzerfaust.

Le RPG 7 qui pèse 7 kilogrammes pour une longueur inférieure à un mètre est capable de tirer 5 coups par minute ; porté 500 mètres (le 14-9-81 des membres de la RAF ont tiré une roquette contre la voiture du général Frederick Kroesen, le commandant des forces Américaines en Allemagne). Le LAW qui est télescopique pour réduire son encombrement est à usage unique (le combattant peut en transporter plusieurs). Le mode de mise à feu électrique rend facile la construction d’un tube lanceur ou d’une rampe de guidage ; les activistes utilisèrent durant la guerre d'Algérie, une gouttière calée avec un tabouret pointée en direction du bureau du général Salan, la ligne électrique pour la mise à feu passait dans la cage d’escalier.

Quel qu'en soit le type, des impératifs de tir sont à respecter :
· un tir en relevant la bouche de l’arme peut présenter des risques pour le servant, flamme arrière déviée par le sol ;
· le tireur se doit à disposer de quelques mètres libres dans son dos afin de permettre l'échappement des gaz ;
· l’obstacle arrière risque d'entraîner le rebondissement de la capsule et du couvercle de fermeture éjectés lors du tir ;
· la hauteur sous plafond doit être supérieure à deux mètres ;
· si le volume du poste de tir est inférieur à une vingtaine de mètres cubes, il ne faut pas effectuer plus de trois tirs à intervalles très brefs (risque d’intoxication).

L'autre reproche à l'égard du LRAC tient au fait qu'après le lancement, la roquette n’est plus guidée, c’est la différence avec un missile dont l'évolution est corrigée à distance (filoguidé) ou qui se dirige sur une source de chaleur de façon à atteindre plus sûrement l’objectif. Un lance missile épaulable : SA-7, Stinger, etc., représente une sérieuse menace contre les blindés et les aéronefs volant à base altitude. Autres armes pouvant être mises en œuvre par une personne seule, les pièges, les mines et les engins téléguidés. Le « leichter Ladungsträger » (véhicule léger de démolition) filoguidé propulsé par un moteur électrique et construit à près de 2.000 exemplaires à partir de 1942 connu sous le nom « Goliath » ou « Gerät 67 », transportait une charge de 80 kg d'explosif et pouvait parcourir une distance de 1.500 mètres à la vitesse de 100 km/h. Ironie de l'histoire, cette arme fut dérivée directement d'un prototype réalisé par le Français Kégresse, prototype récupéré par l'occupant dans la Seine au mois de juillet 1940 !


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