jeudi 12 mars 2015

CES CHIFFRES QUE L'ON NOUS CACHE. (4)


Le Washington Post du 29 avril 2008 brisait un tabou franco-français en titrant "En France, les prisons sont pleines de musulmans". L'article de préciser que 60 à 70 % de la population carcérale en France seraient de confession musulmane, alors que la population est estimée à 4.5 millions, l'État semble incapable d'en donner le chiffre exact ! Certaines villes recensent 30 % d'étrangers issus de 90 nationalités, comme par exemple Clichy-sous-Bois. La ville conçue par l'architecte Bernard Zehrfuss Grand Prix de Rome, destinée à des cadres moyens, qui l'ont depuis longtemps désertée. Maintenant, les immeubles sont délabrés, tagués et les immondices s'accumulent derrière les immeubles. La cause seconde en incombe à une culture du laisser-aller et non à la misère qui a trop souvent bon dos. L'autodestruction s'installe au niveau individuel, familial, collectif, et s'efforcer de tenir propre et en ordre son lieu de vie représente déjà un signe de dignité. La question de l'aménagement du territoire ne saurait, comme l'illustrent de nombreux travaux d'anthropologie sociale, seule être mise en avant.

Les troubles qui ont éclaté en novembre 2005 dans le 93 avant de s'étendre à Paris intra-muros et à d'autres villes en France posaient déjà la question de l'intégration et celle de la participation à la vie sociale, économique, de jeunes Français issus de parents originaires d'Afrique blanche ou d'Afrique noire, et de l'application des sanctions pénales. Au cours d'une seule nuit avec 1300 véhicules incendiés, la police avait interpellé 965 individus. Un homme venu chercher ses trois enfants qui avaient été arrêtés, a déclaré "La police et la justice sont devenues des instruments de domination de classe."

La non-participation, le silence et l'omerta des familles concernées ne signifient pas approbation de leur part, mais ne permettent pas plus de conclure à la désapprobation ni de les exonérer de leurs responsabilités. Cela marque la lâcheté et la déloyauté à l'égard de la Nation et de ses citoyens. Où est la gloire d'incendier un bus dans lequel une jeune sénégalaise a été brûlée à 70 % dans le XIIIe arrondissement de Marseille ? De battre à mort, un homme de 61 ans qui photographiait un lampadaire, un retraité bénévole aux Restos du Cœur sorti éteindre un feu de poubelle ? Un quotidien russe titrait à propos d'Epinay-sur-Seine : "C'est la Tchétchénie", la presse internationale n'était pas en reste, conseillant à ses ressortissants d'éviter la France. Une partie de la population avait peur au point d'en appeler à l'armée et l'application de la loi du 13 avril 1955 qui permet : suppression de la liberté de circulation - interdiction de réunion - contrôle de la presse - perquisitions des domiciles de jour comme de nuit. En bref, bouclage - quadrillage - ratissage, qui raviveront chez certains quelques souvenirs.

Ahmed, un paisible retraité de la SNCF a déclaré : "c'est une génération qui a poussé comme ça, avec davantage de liberté. Nous on est arrivé sans avoir fait l'école et on a toujours travaillé." Ce propos tord le cou à l'idée que l'instruction contribue à former des citoyens respectueux. Cela serait même plutôt le contraire... Un habitant du quartier des Bosquets de Clichy-sous-Bois immigré en France en 1969 : " les enfants n'écoutent plus. Ils ne sont pas contents de ce qu'il se passe ici, alors ils se bagarrent avec la police." Quoi qu'il en soit, ces violences urbaines (émeutes) ont coûté 500 millions d'euros ! sans parler des coûts indirects : voyages et nuitées annulés, investissements suspendus, 200 personnes privées d'activité économique.

L'Union des Organisations islamiques de France s'est désolidarisée des émeutiers, mais les événements n'étaient pas seulement le fait de jeunes d'origine maghrébine. La société est maintenant confrontée à une certaine cohésion de jeunes nés de parents français ou étrangers d'origines parfois très différentes. Les conflits sont en passe de devenir pluri-ethniques. Au mois de septembre 2005, des heurts violents inter-ethniques s'étaient déroulés entre "gens du voyage" et maghrébins dans la région de Perpignan. Entre 1989 et 1993, on a recensé plus d'une quarantaine d'affrontements entre jeunes et forces de l'ordre dans les quartiers sensibles. Au mois d'octobre 2006, un représentant du syndicat général de la police déclarait qu'il y avait "maintenant la volonté nouvelle, de se faire un flic, une volonté de tuer." Trois policiers avaient été victimes d'un guet-apens : "Cela avait l'air organisé, il y avait 30 à 40 jeunes cagoulés qui attendaient la police" a raconté une habitante.

Le 9 février 2015, des habitants de la Castellane à Marseille signalaient la présence d'une demi-douzaine hommes en treillis lâchant des rafales de kalachnikov en l'air comme une bande de Mexicains enivrés, semblant ignorer la loi de l'attraction universelle. Trois véhicules de police annonçant leur arrivée sur zone avec le deux-tons, tactique habituelle évitant ainsi la confrontation entre jeunes et police, leur laissant le temps de déguerpir, furent l'objet de tirs. Après le bouclage du quartier et le ratissage de la zone, le GIPN et la BRI retrouvaient 7 fusils d'assaut, deux fusils à pompe, et plusieurs dizaines de kilos de cannabis dans un appartement. Samia Ghali, maire du 8e secteur de Marseille, a déclaré : la ville connaît une situation "de guerre" dans les quartiers. "Je ne caricature rien, je décris la réalité. Ce n'est pas parce que l'on est en France que l'on ne vit pas la guerre".

Les politiciens sont-ils atteints par une forme sévère de cécité et de surdité politique ? Les signes annonciateurs du dérèglement social et d'une certaine vindicte étaient perceptibles dès les années soixante-dix et l'émergence d'une certaine forme de rap dans les années quatre-vingt suivie du phénomène "Zoulou", l'apparition des "requins vicieux", bande qui serait, selon un porte-parole d'un syndicat de police, responsable du viol de 72 femmes, majoritairement des blanches... En mars 2007, l'interpellation par les gendarmes d'un resquilleur dans le métro dégénérait en affrontements entre des dizaines de jeunes et les policiers. La menace, après les attentats aveugles, semble être dirigée désormais contre les représentants de l'autorité. Les attaques sont préméditées et ciblées (Charlie Hebdo).

La loi est une expression de la culture et de la civilisation. Nous jugeons l'individu, l'Islam juge l'acte et ce qui en découle. Les peines légales dans l'Islam ne sont appliquées que si l'on porte atteinte aux cinq impératifs de la vie à savoir : la préservation de la religion - de l'intégrité physique - de la raison - de l'honneur - et des biens (la propriété). Le but visé, à travers l'application des peines en Islam, est de les dissuader de commettre tout acte ou de proférer toute parole de nature à porter atteinte à la société ou aux droits de ses membres, et de corriger et d'empêcher leur reproduction. Outre l'aspect dissuasif de ces sanctions (amputation) s'y ajoute la menace d'un châtiment dans l'au-delà. L'aspect physique de la sanction a son importance, selon un Imam de Riyad "certaines personnes ne sont sensibles qu'au langage de la force qui seul les dissuade de porter atteinte à la société ou à leur propre personne." Si la charria était appliquée sous nos latitudes aux délinquants multi-récidivistes, ils finiraient par ressembler "au puzzle congolais : 32 morceaux plus la tête ! " ("Ne nous fâchons pas" de Georges Lautner, dialogues Michel Audiard).

Le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy déclarait dans un entretien accordé à L'Express, : "Ces émeutiers sont tout à fait français juridiquement. Mais disons les choses comme elles sont : la polygamie et l'acculturation d'un certain nombre de familles font qu'il est plus difficile d'intégrer un jeune Français originaire d'Afrique noire qu'un jeune Français d'une autre origine. " Les estimations faisaient état de 10 000 à 30 000 familles polygames, la plupart originaires d'Afrique blanche et d'Afrique subsaharienne vivant sur le territoire français. Au moment  le président François Hollande parle de mixité sociale, de sa volonté à voir se construire 25 % de logements sociaux, même là où la surface constructible n'existe pas, chacun fait semblant d'avoir oublié de tels propos et que les conditions d'attribution des logements sociaux favorisent le regroupement des dites familles dans les mêmes cités...

L’Express du 9 février 2006, rapportait “Selon les études de Roché, l’origine sociale n’explique pas tout. “Certes, 80% des jeunes délinquants d’origine maghrébine ont des parents ouvriers ou employés, mais à niveau socio-économique équivalent, les enfants d’immigrés sont plus délinquants que les autres. (...) A Paris, le Canonge ( comprend environ 103.000 hommes, dont 37% de blancs, 29% de Nord-africains et 19% de Noirs. (...) Cette proportion de Français d’origine étrangère est encore plus forte parmi les jeunes de certaines banlieues. ”Poser la question, pourquoi ne retrouve-t-on pas la même proportion de délinquants que leur représentation parmi la population, c’est déjà apporter un début de réponse. Il y aurait-il des populations plus criminogènes, plus violentes que d’autres ? Peut-on parler d’une criminalité nord- sud ?

Cette question a été étudiée aux USA, par Glueck. Ce chercheur avait remarqué dès 1937, que le taux de délinquance chez les individus nés aux États-Unis de parents étrangers, était plus élevé que chez les individus nés de parents américains de naissance. L’auteur avançait comme début d’explication, l’étendue du conflit entre les deux cultures. Pour Shaw, un autre chercheur : "le jeune homme délivré des contraintes traditionnelles du cadre familial devient accessible à la délinquance. Il adopte selon son tempérament et son caractère, les coutumes du groupe d’appartenance." On peut penser que des individus endurcis qui ont appris au cours de leur socialisation à s’exprimer et à réagir par l’agression, s’avèrent d’autant plus dangereux que leur démarche repose, en partie, sur une certaine idéologie.

En France, les lois sur la discrimination s’opposent à la tenue de toutes statistiques qui pourraient aider à comprendre certains phénomènes et venir contribuer à poser la bonne problématique. Au lieu de cela, l’autocensure et la communication transversale règnent en maître. La société est confrontée à l’excès de la notion de “liberté positive”. La liberté d’opinion, d’expression serait pourtant salutaire, car interdire ne peut que renforcer les dérives identitaires de tous bords. A part le fichier Canonge qui retient 12 groupes ethniques et dont la CNIL en interdit l'exploitation à d'autres fins que celle d'identification d'auteurs suspectés d'infraction, aucune statistique n'existe. L'institut national d'Études Démographiques s'était fait "incendier" lorsqu'il avait proposé des statistiques aux variables ethniques. La population française, Grosso modo, comprend 30 % de binationaux et 30 % d'étrangers.

Eric Zemmour a dû s'expliquer après ses propos tenus sur Canal + en mars 2010 : "Les Français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes... C'est un fait." L'avocat général près de la Cour d'appel de Paris, Philippe Bilger postait sur son blog : " Je propose à tout citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce fait, la justesse de cette intuition qui, aujourd'hui, confirme un mouvement né il y a quelques années. Tous les noirs et tous les Arabes ne sont pas des trafiquants, mais beaucoup de ceux-ci le sont." Le président du syndicat des gendarmes Genevois, Christian Antonietti, déclarait en 2010 au journaliste de 20 minutes "à un moment, on en a plein le dos de prendre les mêmes et de recommencer. Des gens de certaines ethnies vendent de l'héroïne, d'autres vendent de la cocaïne. Quand je veux arrêter un voleur, je vais dans un milieu déterminé. Mais il n'y a pas de racisme sorti de ce contexte-là."

Puisque l'on ne peut publier de chiffres sans tomber sous le coup de la loi, voyons ce qui se passe en Suisse, dont la population représente environ 1/10 de la population française. Entre 1980 et 2005, le pourcentage d'étrangers incarcéré est passé de 20 à 52 %. Selon certaines voix, le coût d'un détenu, 300 Fch par jour et 600 francs en quartier de haute sécurité, incite à financer des prisons dans leur pays d'origine et à les y renvoyer, à condition d'avoir la certitude qu'ils y purgent leur peine. Cela représenterait une économie annuelle de 16 millions de francs ! En 2006, il y avait 1877 personnes dont 81 % d'étrangers en détention préventive (38 % sans titre de séjour, 18 % de requérants d'asile).

En 2007, l'Office fédéral a publié les chiffres de l'aide sociale. La statistique nationale démontre que les étrangers représentent 20 % de la population, mais 40 % des assistés. Ces chiffres ne concernent pas l'aide délivrée aux réfugiés et aux requérants d'asile, si tel était le cas, on passerait à 60 %. Certains perçoivent l'assurance invalidité suisse et travaillent dans leur pays. Pour Ueli Maurer : "Les ressortissants de certains pays ont aussi un rapport différent à l'État. Ils pensent qu'il est, comme dans leur pays d'origine, l'ennemi et qu'il faut donc en tirer un maximum."

Les chiffres du sondage Ipsos publié dans "Le Monde" sur la France en 2013, nous apprennent que : plus de 70 % des Français estiment qu'il y a trop d'étrangers en France - 62 % ne se sentent plus chez eux comme avant - 8 % ont peur - et 4 % semblent indifférents... Et si ces 4 % pensaient que les hommes politiques étant les principaux responsables de la situation et qu'ils leur incombaient de régler les problèmes dont ils ont contribué à en favoriser l'émergence : zones à l'économie informelle, zones de non-droit dans lesquelles les pompiers, les médecins sont callaissés, quant à Police secours, n'en parlons pas ! Les policiers sont interdits d'entrer dans certaines mosquées ! Depuis quand un lieu de culte bénéficie-t-il de l'extraterritorialité ? Un comble sur le territoire de la République Une et indivisible qui a pour devise Liberté - Égalité - Fraternité, certaines voix à gauche proposant d'y ajouter Laïcité, à droite, Prodigalité...

A SUIVRE : LEÇON DE RÉPUBLIQUANISME

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VIENT DE PARAÎTRE

En cas d'attaque soviétique en Europe occidentale, le réseau Stay Behind devait exfiltrer des membres du gouvernement et participer à la lutte clandestine afin de contribuer à restaurer la souveraineté nationale des États-nations démocratiques. L'efficacité du dispositif qui couvrait une douzaine de pays reposait sur, le secret, l'état de préparation, et la réactivité de l'organisation de résistance.

Cet ouvrage apporte un vision précise du fonctionnement de ces réseaux dormants, de l'état d'esprit qui en animait ses membres, et il nous rappelle que la guerre froide a bel et bien été le "produit" d'un certains nombre de facteurs : politique, économique, militaire, sociaux et idéologique, souvent occultés, mais indispensables à la compréhension du dispositif Stay Behind.

L'auteur nous révèle l'existence de cellules autonomes parallèles et mentionne des passages de rapports officiels qui infirment nombre de thèses avancées à propos de la collusion du réseau Stay Behind avec des organisations politico-criminelles. Certaines des informations délivrées sont capables d'ébranler des certitudes nées de la polarisation des positions, car l'après guerre froide agit encore auprès d'une "élite" intellectuelle comme un conditionnement très puissant.