jeudi 28 septembre 2017

STALINE, le plus gros contributeur financier de la révolution bolchevique



Dans la matinée du 13 juin 1907, une vingtaine d'escarpes géorgiens rejoint la place d'Erevan de Tiflis (Géorgie) avant de s'y disperser, chacun de rejoindre l'emplacement qui lui a été assigné pour réaliser le plus grand hold-up d'alors. Staline a peaufiné l'attaque de la voiture transportant les fonds destinés à la Banque d'État pendant des semaines avant d'en avertir Lénine réfugié en Finlande qui a besoin de fonds afin de poursuivre son travail révolutionnaire.

Le convoi arrive soulevant un nuage de poussière, les cavaliers encadrent la malle-poste hippomobile suivie d'une voiture remplie de policiers, les hommes de mains de Staline lancent des grenades puissantes sous la malle-poste et le véhicule d'escorte, tandis que des tireurs éliminent les Cosaques de faction devant l'Hôtel de ville. Le chaos est total. Le cheval apeuré détale au grand galop, un homme a le courage de s'en rapprocher pour lancer une nouvelle grenade qui explose sous l'animal, un comparse rejoint aussitôt par un groupe de femmes appartenant à la bande, transportent les sacs dans une calèche qui file les dissimuler dans l'arrière cour d'un immeuble où une femme les récupère pour les dissimuler dans un matelas, avant d'aller le replacer sur le lit du directeur de l'observatoire de météorologie ! L'attaque a fait une quarantaine de morts et une cinquantaine de blessés, parmi les victimes figurent des Cosaques mais aussi de nombreux civils. Aucun bandit ne fut capturé, chacun de se replier par un itinéraire différent. Le « coup » a été rendu possible par un employé qui a révélé à Sosso (cryptonyme de Staline) que l'établissement attendait plus d'un million de roubles pour le 13 juin. Une partie du butin fut blanchi par l'intermédiaire du Crédit Lyonnais et acheminé à l'étranger. Celui que l'Histoire allait populariser sous le nom de Staline, à savoir Iossif Vissarionovitch Djougachvili, n'a pas participé à l'action, celui que l'on nomme « Sosso » prépare et dirige sa bande à la façon d'un parrain.

Iossif, le troisième de la fratrie, né officiellement le 21 décembre 1879 à Gori, serait né en réalité le 6 décembre 1878, son père un cordonnier et homme violent pourrait bien ne pas être son géniteur, Iossif a des origines ossétes, ethnie haïe en Géorgie. En 1888, sa mère décide de l'inscrire à l'École paroissiale pour qu'il devienne évêque. Bon élève, il y fut repéré pour son beau filet de voix, il devint un enfant de chœur attitré qui n'aurait manqué une messe avec pour rien au monde. Élève brillant mais désargenté, une bourse lui fut octroyée. Au mois de janvier 1890 Sosso fut blessé en tentant de s'accrocher à un attelage, jeu en vogue parmi les enfants, il s'en tira avec un bras estropié à jamais. Cette même année, il dut apprendre le russe, langue rendue obligatoire, et assista impuissant à l'interdiction du géorgien et de sa culture au sein de l'établissement, il en éprouva un fort ressentiment. Sosso fut ébranlé lorsqu'il dû assister comme les autres élèves, à la pendaison de voleurs de bétail, des paysans sans le sou. Sosso surprit ses camarades en déclarant que Dieu n'existait pas, sinon comment expliquer autant d'injustices ? Fin de l'année scolaire de 1893, Sosso réussit son passage au séminaire de Tiflis, un établissement fréquenté majoritairement par des fils de popes et de la noblesse. Le séminaire allait contribuer involontairement à sa formation révolutionnaire.

Sosso commença à publier des poèmes dans un journal géorgien qui séduiront l'employé de banque d'État qui, plus tard, allait lui indiquer le « coup ». Pendant ce temps, Sosso dévorait en cachette des livres interdits : Victor Hujo, Zola, Balzac, Dostoïevski, puis Le Capital de Karl Marx, ouvrage qui le motiva pour apprendre la langue de Goethe. Surpris en pleine lecture, il fut puni, son classement s'en ressenti, il commença à perdre tout intérêt pour les études religieuses, pire ! il adhéra au Parti ouvrier social démocrate de Russie au cœur de l'été 1898. L'année suivante il était renvoyé pour ne pas s'être présenté aux examens, et une vingtaine de séminaristes furent exclus pour activités révolutionnaires. Sosso entra en clandestinité comme il était entré en religion, avec autant de ferveur, ce qui explique peut-être la politique anticléricale qu'il allait conduire jusqu'en 1943 (rétablissement du Patriarcat afin de ressouder le patriotisme russe contre l'Allemagne). Le 1 mai 1900, Sosso et quelques camarades organisèrent la mobilisation des ouvriers géorgiens qui paralysa la ville où il fut repéré comme meneur par la police du Tsar qui le surnomma le « Vérolé » en raison de son visage grêlé suite à une variole. A la même époque, un autre agitateur était à l'œuvre dans une autre ville, Bronstein alias Trotski, et nombre de révolutionnaires lisaient Iskra (étincelle), le journal de Lénine.

Au mois d'avril 1901, plusieurs milliers de travailleurs mécontents porteurs de vêtements rembourrés entonnèrent la Marseillaise, celle-ci à peine terminée, des échauffourées éclatèrent avec les Cosaques ; les vêtements épais avaient été recommandés pour amortir les coups... La loi martiale entra en vigueur et l'Okhrana, ancêtre de la Tcheka, était fermement décidé à écraser le mouvement dans l'œuf. Sosso allait vivre désormais dans clandestinité et faire usage de dizaines de pseudonymes, changer d'adresse régulièrement ainsi que de tenue, et aussi souvent d'apparence, parfois déguisé en femme. Cette vie de conspiration a très certainement contribué à sa paranoïa. C'est à cette époque qu'il commença à penser qu'il disposait d'un sixième sens infaillible pour repérer les traitres...

La ville de Batoumi fut couverte de tracts, des indicateurs et des directeurs d'usines furent assassinés, les hommes de mains de Sosso étaient à l'œuvre. Au mois de janvier 1902, les sites pétroliers des Rothschild et les sites des Nobel étaient en flammes. Fin février, les Rothschild licencièrent plus de trois-cents ouvriers qui se soulevèrent ; les meneurs furent emprisonnés et ceux qui tentèrent de les délivrer furent pris sous les tirs nourris de mitrailleuses. La police apprit que Sosso était l'instigateur des troubles, interpellé au mois d'avril, il fut condamné au mois d'octobre à trois années d'exil en Sibérie. Les mesures d'exil d'alors ne peuvent être comparées aux futurs goulags staliniens, il était possible de s'en évader à condition de disposer d'un pécule et de vêtements adaptés à la saison et aux contrées traversées.

Le 2 janvier 1905, Port Arthur se rendait au Japonais, une semaine plus tard des milliers d'ouvriers conduit par Gapone défilaient à Saint-Pétersbourg pour remettre au Tsar une pétition dont ils ignoraient tout du contenu. Deux-cents manifestants seront tués au cours de ce « Dimanche sanglant » qui allait enflammer la Russie. Le père Gapone recherché par la police, se réfugiera chez Gorki avant de rejoindre la Suisse où il rencontrera Lénine. Pendant ce temps, Sosso créait les escadrons de combat rouges en Géorgie qui allaient tendre des embuscades aux troupes fidèles au Tsar, piller les banques, exécuter les informateurs et les traitres, sans oublier de faire « cracher » au bassinet les entreprises pour leur propre sécurité... Au mois d'octobre, les bolcheviques et les mencheviques s'entendirent pour accroître la pression contre le régime. Le 26 novembre, Sosso fut désigné pour représenter la Transcaucasie à une conférence bolchevique à Saint-Pétersbourg où il fut accueilli par Kroupskaïa, l'épouse de Vladimir Ilitch Oulianov alias Lénine, qui lui remit un viatique afin de lui permettre de rejoindre la Finlande où il arriva le 24 décembre, période que choisirent les bolcheviques moscovites pour se soulever, le sang coula. Trotski arriva à Saint-Pétersbourg sous le nom de Yanowski en compagnie de sa femme et de Parvus. Le trio sera arrêté et condamné en 1906 à l'exil à vie, exil dont-ils s'évaderont et parviendront à rejoindre l'Europe.

Entre temps, Sosso était reparti pour Tiflis y reconstituer un nouvel escadron avec pour mission : l'évasion des prisonniers - s'emparer d'armes - attaquer les banques - éliminer les traitres. « L'Equipe » allait attaquer un train transportant la paye des mineurs et en reverser la plus grande partie à Lénine, n'en conservant qu'une faible partie pour préparer les « expropriations » (vols) à venir et financer l'impression des journaux clandestins. Le 4 avril 1906, Sosso embarquait pour assister au IVe Congrès à Stockholm (Suède) où il rencontrera Félix Dzerjinski, le futur fondateur de la sinistre Tcheka.

Au mois de juin, la Russie lançait l'emprunt international destiné à renflouer ses caisses, deux milliards de francs, emprunt qui laissera un triste souvenir à nos aïeux et qui sera utilisé pour la construction du transsibérien... Le 20 septembre, des hommes de Sosso embarquèrent à bord du vapeur Tsarévitch Gueorgui et s'emparèrent au milieu de la nuit des fonds appartenant au Trésor qu'il transportait ! Quelques jours plus tard un émissaire accomplissait une périple en Europe : Paris, Liège, Berlin pour y faire l'acquisition d'armes, la cargaison disparaitra avec le navire lors d'un échouage en mer Noire. L'émissaire fut envoyé auprès de Lénine et en revint avec quelques grenades.

Au mois de mai 1907, Sosso assistait au Ve Congrès à Londres qui réunissait : bolchéviques, menchéviques, bundistes, Lituaniens (Polonais), et Lettons, c'est à cette occasion qu'il fit la connaissance de Trotsky Si les bolchéviques et les mencheviks s'étaient entendus pour assassiner le général Fiodor Griazanov, la terreur du Caucase, la lune de miel était terminée. Les menchéviques adoptèrent la résolution qui condamnait les attaques de banques assortie de l'exclusion du parti. Sosso transmit la résolution au Comité bolchévique de Tilfis, les exécutants démissionnèrent du Parti avec l'accord tacite de Lénine qui avait approuvé l'attaque à venir. Sosso était de retour à Tilfis le 12 juin, la veille de l'attaque qui allait rapporter deux cent cinquante mille roubles. La police annonça que les numéros fiduciaires des billets de 500 roubles avaient été relevés ! Après en avoir maquillé les numéros et blanchi une partie, Sosso conserva quinze mille roubles pour ses actions en préparation, le solde fut transmis à Lénine.

Le 22 novembre, la jeune femme que Sosso avait épousé dans la nuit du 16 juillet 1906, Kato Svanidze, décédait du typhus à l'âge de 22 ans dans les bras de son mari, laissant un enfant. Le futur Staline (homme de fer) en fut très fortement ébranlé et son caractère s'en ressenti, on parlerait aujourd'hui à son égard de décompensation psychologique, Sosso allait devenir « Koba ». Lénine quittait la Russie au mois de décembre 1907 pour échapper à l'arrestation. La première révolution était défaite. En 1908, Koba fut arrêté et incarcéré à la prison de Bakou avant d'être banni, non pas en Sibérie, mais en Russie occidentale d'où il s'échappera en 1909 avant d'être de nouveau repris. Entre 1908 et 1917, il ne connaîtra que dix-huit mois de liberté. Le second épisode de la révolution bolchevique se préparait.

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lundi 18 septembre 2017

MAËLYS, le binôme maître & chien lors d'une disparition


Dimanche 27 août vers 3 heures du matin, les parents de Maelys inquiets de ne pas voir leur fille se lancent à sa recherche aidés des convives. Une dizaine de minutes plus tard, la police judiciaire annonçait la disparition de la fillette âgée de 9 ans. Le chien policier va remonter la piste jusqu'au parking, laissant suggérer que la fillette aurait pu monter à bord d'un véhicule. Les soupçons des enquêteurs vont se porter sur un jeune homme âgé de 34 ans, ancien Maître-chien au 132e bataillon cynophile de l’armée de terre de Suippes, jusqu’à ce qu’il soit réformé en 2007. Les policiers vont découvrir qu'il a passé 1h30 à nettoyer son Audi A3 à une station de lavage, à bord duquel l'ADN de Maelys sera découvert sur le tableau de bord ! Un autre détail semble avoir attiré l'attention des enquêteurs, il aurait utilisé pour le nettoyage de la malle arrière, un produit pour faire briller les jantes et qui agit comme une répulsif sur l'odorat des chiens !

Tout au long de son histoire, l'homme a toujours été accompagné par les chiens. La relation entre l'homme et le chien remonte à l'apparition du tomartus (chien loup), l'ancêtre de tous les canidés. Lutilisation du chien pour des tâches de sécurités est un concept qui remonte aussi loin que le règne de Pyrrhus, Roi dEpirus en 295 avant notre ère. Lassistance du chien dans un concept moderne date de la fin du 19e siècle, et le premier programme de chien « policier » est apparu à Ghenten en Belgique.

L'odorat humain permet de détecter la présence de certaines molécules. Lorsqu'un corps volatil pénètre dans les fosses nasales et atteint la muqueuse épithéliale, il entre en contact avec les 6 à 8 millions de cellules olfactives reliées au cerveau par des fibres nerveuses. Le cerveau humain mémorise l'odeur bien après que la molécule ait quitté le nez. Au bout d'un certain temps, le nez cesse de réagir à une odeur constante. On a identifié sept récepteurs dédiés chacun à une odeur fondamentale : camphrée, mentholée, éthérée, florale, musquée, âcre et putride ; il semblerait que la forme des molécules ait une répercussion sur la détection de l'odeur. L'interaction d'une molécule odorante avec ces récepteurs déclenche une combinaison d'odeurs non-décomposables en odeurs fondamentales (une odeur de mousse par exemple, renferme 200 composants dont 80 participent à son odeur particulière), exceptées pour certaines d'entre elles par des créateurs de parfums.

Les excellentes qualités olfactives du chien associées à sa domestication en font lanimal idéal pour accomplir les tâches où lodorat joue un rôle prépondérant. Elles lui permettent de différencier des odeurs inodores pour lhomme qui possède. Si on mettait les 100-150 millions de cellules olfactives du chien côte à côte, elles occuperaient une surface de 7m2 (0,5 pour l'homme). Le chien est capable de détecter dans latmosphère une concentration aussi faible quun trillionième (1.10-18) . Il peut : distinguer des jumeaux, lodeur dun pied à travers une botte de caoutchouc, lodeur dégagée par la crainte ou la colère.

Le chien piste les odeurs laissées sur le sol par le passage de lindividu.
  1. Le port de chaussures à semelle de cuir laisse une piste plus favorable que des semelles de caoutchouc.
  2. Si lhomme est lourd, la piste sera plus facile à suivre que celle dune personne légère.
  3. Si deux pistes apparaissent, le chien aura tendance à prendre la plus facile !
  4. Il peut pister sur lodeur d'herbe écrasée et de la terre retournée qui libère des gaz.
  5. Il piste également sur les effluves (odeurs en suspension dans lair) : haleine, transpiration, odeur corporelle, caractéristique dune alimentation ou des vêtements.
  6. Si lodeur est faible, le chien piste sur les effluves et légèrement sur lodeur. Si cest le contraire, il inverse lordre. Si l'individu a coupé à travers un cours deau, le chien qui utilise les effluves reprendra plus facilement la piste de lautre coté

Un chien est capable de suivre une piste sur environ une dizaine de kilomètres et il peut dans des conditions favorables détecter lhomme à plus de 100 mètres et pister sur une trace qui remonte à une trentaine dheure ! Plus la piste est fraîche, meilleures seront les chances de la remonter.

Un chien de pistage doit, non seulement être capable de suivre et de remonter une piste vieille de plusieurs heures, mais aussi de localiser les objets perdus, jetés ou abandonnés ayant appartenu à la personne recherchée. Les conditions qui influent sur les odeurs ou effluves disséminées sont nombreuses :
  1. Une atmosphère fortement humide, un ciel couvert, favorise la rétention d'odeurs qui ne peuvent s'évaporer.
  2. A 1 heure du lever ou coucher du soleil, l'évaporation est plus lente.
  3. Plus le temps est sec et chaud, plus il favorise lévaporation de l'odeur.
  4. Si le sol est plus chaud que l'air, il y a apparition d'effluves.
  5. Une nébulosité avec un plafond bas limite l'évaporation.
  6. La végétation épaisse limite la dissémination des odeurs.
  7. Le vent peut disperser lodeur et les effluves.
  8. La pluie peut laver l'odeur.
  9. Un terrain sablonneux, silicieux ou sec, s'oppose à la piste.
  10. Une température trop basse réduit lodeur caractéristique.
  11. Une odeur forte (transpiration, parfum, crasse, nourriture, vêtement, blessure qui saigne, alcool, médicament, etc., améliore la piste.
  12. Un sol dur retient mal les odeurs.
  13. En milieu rural, lodeur danimaux, de fumier peut masquer la piste et distraire le chien.
  14. Le franchissement dun cours deau dissipera rapidement lodeur. Les très fortes pluies auront le même effet en lavant la piste.
  15. Les traces laissées dans la neige seront conservées grâce à lhumidité du sol.
  16. La couche de neige sopposera à la trace en la recouvrant.
  17. La nuit, lhumidité ambiante, la réduction du vent favorisera la trace.
  18. En ville, le trafic, le bruit, les odeurs ne sont plus aussi caractéristiques et la pollution soppose à la trace.
  19. La topographie (colline, vallée, couvert, bois ) peut affecter la vitesse et la direction du vent et fausser la piste.
  20. Sous les lignes THT, le crépitement et lionisation de lair peuvent déranger le chien.
  21. les champs cultivés avec limprégnation dengrais diminuent la trace. La substance qui sen dégage stimule le nerf olfactif et une exposition prolongée entraîne la sécrétion de mucus obturant les cellules olfactives.

Si lodorat du chien est exceptionnel, sa vue est médiocre, il ne distingue pas les couleurs (il voit tout en bleu-vert). L'emplacement de ses yeux lui permet d'avoir un champ de vision supérieur de 70 % à celui de l'homme, mais il décèle plus le mouvement que la forme. Par contre, ses facultés auditives sont très performantes. Il décèle un huitième de note, ce qui lui permet, où l'homme n'entend qu'un seul son, d'avoir une nuance incomparable. Ne vous étonnez s'il reconnaît votre voiture. Il en a mémorisé la « signature » sonore.

Lorientation du pavillon de ses oreilles lui permet de localiser la direction dun son. Il perçoit les sons de 15 hertz à 60 kilohertz ! Cette possibilité peut-être mise à profit en utilisant un sifflet à ultra-sons pour lui adresser des ordres qui resteront inaudibles pour lhomme. Cette particularité permet de dresser un chien à déceler les signaux dalarme utilisant les ultra-sons. Cest d'ailleurs sur ce principe que repose lappareil qui tient les chiens éloignés des mollets des facteurs. La source ultra-sonore très puissante (environ 110 décibels) provoque la même aversion quune sirène hurlant à proximité de notre oreille.

Si un chien peut explorer un véhicule en deux minutes, il peut cependant être distrait et faire de faux marquages (véhicule très chaud, ventilation, lair conditionné, odeur ancienne de drogue, etc.). Les appels ou courants dair peuvent : déplacer lodeur, porter celle dun animal domestique et venir perturber le marquage ou les réactions du chien. Si le chien refuse dapprocher, peut être a-t-il les papilles irritées par une substance chimique (les vapeurs danhydride dacétone, par exemple, forment dans sa truffe une solution dacide acétique).

Lhistoire de la chienne en chaleur qui perturbe le mâle semble infondée, le chien bien éduqué fera son travail. Les trafiquants toujours à l'affût de méthodes pour dissimuler leur trafic et dérouter les chiens, utilisent toutes sortes de produits. Un agent masquant est une substance qui a une odeur forte et persistante qui recouvre et masque lodeur à dissimuler, ou des produits distractifs qui présentent une odeur similaire, substances qui vont entraîner de faux marquages et mobiliser le chien. Une autre possibilité, avoir recours à une substance qui gonfle artificiellement la taille de la molécule odoriférante qui ne peut de ce fait pénétrer dans la muqueuse et encore moins solliciter les cellules olfactives. Ces produits capables de perturber lodeur caractéristique recherchée déclenchent de faux marquages, contribuent à saturer le travail du chien et à détruire la confiance du maître en son chien.

Sans la présence dun maître chien, le meilleur des chiens ne vaut guère mieux quun chien de compagnie. A linverse, un maître chien associé à un « mauvais chien » ne peut remplir pleinement sa mission. Quelle que soit la mission confiée à un chien, elle est toujours le résultat de la compréhension maître et chien. Le maître doit apprendre à connaître son chien, de même que lanimal apprend à connaître son maître. Il est très important que le maître sache parfaitement interpréter les attitudes de son chien afin de toujours rester capable de déterminer si ses réactions sont en rapport avec la mission. Un maître chien qui laisserait échapper les indices dun tel comportement, pourrait penser que le chien travaille réellement alors qu'il n'en serait rien. Le maître doit rester attentif au comportement de son compagnon et toujours lui rappeler ce quil en attend.

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mercredi 13 septembre 2017

LES EXPLOSIFS DE FORTUNE OU ARTISANAUX

Jeudi 24 août 2017, la police judiciaire a ouvert une enquête après la disparition d'un colis contenant 6 kilogrammes de nitrate de potassium livré le 2 août au laboratoire de la faculté de médecine de Nantes (Loire-Atlantique) ! Une disparition jugée très inquiétante, car les nitrates se retrouvent souvent à la base des éléments constitutifs des explosifs. Les chimistes recensent des centaines de substances explosives dont certaines sont inattendues et en vente libre (engrais, produits capillaires, désinfectants, désherbants, détergents, médicaments) pouvant être utilisées pour confectionner des explosifs de fortune (infortune ne serait-il pas plus adapté). Le JO du 31 août 2017 a publié le décret relatif à la commercialisation et à l'utilisation des précurseurs d'explosifs. Tout individu désireux d'acheter des substances pouvant entrer dans la composition d'explosifs devra donner son identité et préciser l'usage qu'il veut en faire.

Si la poudre est apparue pour la première fois en chine vers le VI° siècle, elle fut découverte en Europe fortuitement par les alchimistes qui cherchaient le secret de l'immortalité. Il faudra attendre cependant le XIII° siècle pour que le franciscain Bacon la découvre en 1250 avec un mélange de salpêtre, de soufre et de charbon de bois. En 1775, Berthollet a l'idée de remplacer le salpêtre par du chlorate. Les résultats sont très violents et nombre d'expérimentateurs vont y perdre la vie. Vers 1830, les chimistes tentent la nitration de tous les corps organiques connus, cela va donner le coton-poudre ou nitrocellulose, et en 1847 à la nitroglycérine. En 1863, Alfred Nobel a l'idée d'y adjoindre une terre silicieuse qui donnera la dynamite, un explosif plus stable qui nécessite l'usage d'un explosif primaire pour entraîner l'explosion, le détonateur au fulminate de mercure découvert en 1850. Les explosifs chloratés ou cheddites vont apparaître vers la fin du XIX° siècle (ils ont disparu du marché en 1961) en même temps que la gélatinisation de la nitrocellulose et de la nitroglycérine qui vont donner la Cordite. Les produits dérivés des produits pétroliers, nitra-fuel, l'explosif S (mélange de chlorate, de paraffine et de vaseline) ne sont apparus qu'au XX° siècle.

La matière n'est pas immuable, une substance mise en contact avec une autre et soumise à une action : lumière, choc, friction, rayonnement extérieur, pression, etc., peut se transformer et se présenter sous une nouvelle forme avec des propriétés spécifiques. Il a suffi de quelques dizaines de kilos d'un mélange de nitrate d'ammonium et d'essence pour tuer 190 personnes lors de l'attentat de Bali (octobre 2002). Les corps simples peuvent se combiner entre eux pour former de nouvelles substances. L'INRS a répertorié plus de 4000 réactions chimiques dangereuses, l'explosion survenue dans l'usine AZF est venue nous rappeler cette tragique réalité.

On appelle explosifs de fortune les mélanges artisanaux réalisés à partir d'ingrédients faciles à se procurer et afin de les différencier des explosifs civils, militaires ou agricoles qui offrent une sûreté d'utilisation bien plus grande. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les résistants privés d'explosifs fabriquaient de la nitroline, un explosif obtenu à partir du sucre, d'un acide fort, de nitrate, et de cellulose.

Vue de l'extérieur, une explosion se caractérise par l'apparition d'une boule de feu accompagnée d'un violent souffle de gaz chaud. Si un gramme d'essence dégage en brûlant entièrement 10 600 calories, il requiert pour sa combustion complète, quatre fois son poids d'oxygène, ce sont donc 5 grammes du mélange qui libèrent 10 600 calories. Toute la différence entre le mélange d'essence et de la dynamite par exemple (1 700 cal/g), réside dans sa vitesse de décomposition. La combustion d'un kilo d'essence fournit une quantité de chaleur équivalente à plus de 7 kilos de nitroglycérine, mais la vitesse de libération de l'énergie de cette dernière se fait en un dix-millième de seconde ! Si l'explosion a lieu dans un volume partiellement clos, les gaz résultant de l'explosion qui ne peuvent se détendre, vont entraîner une surpression intérieure jusqu'à l'instant où ils ne pourront s'échapper par diverses ouvertures, permettant ainsi à l'équilibre de se rétablir. Si la charge est contenue dans un autocuiseur, on voit le volume de gaz se comprimer de plus en plus jusqu'à atteindre la pression de rupture de l'enveloppe, principe de la grenade.

Il faut se défier des formules traînant sur le Web, ces explosifs sont extrêmement dangereux pour ceux qui les fabriquent et surtout pour leurs voisins ! Printemps 2007, un postier poursuivi pour le non-paiement d'amendes décide de s'en prendre aux radars routiers de l'Ouest parisien, il va en détruire onze en une année. Pour mener cette campagne de sabotage réactionnel, il a commencé par parcourir Internet à la recherche de formules dont il achète ensuite les ingrédients dans un hypermarché. Le 28 mai 2008, alors qu'il prépare la mixture dans sa cuisine, celle-ci explose. L'homme grièvement blessé va passer plusieurs jours dans le coma entre la vie et la mort. Quand il recouvre sa lucidité, il a perdu sa main gauche, trois doigts de sa dextre, et a subi plusieurs greffes de peau. Aux policiers venus l'interroger, il déclara : « Je ne suis pas un terroriste, je ne m'en suis pas pris à la population. »

Des connaissances en chimie ne sauraient suffire à s'improviser chimiste-artificier, il ne suffit pas de savoir équilibrer une formule (moles). Le comportement énergétique des molécules explosives dépend de trois paramètres : leur composition chimique - leur chaleur de formation - leur densité. Les molécules contenant de l'azote (nitrates, chlorates, peroxydes) sont intéressantes parce que cet élément se transforme presque intégralement en azote gazeux sans consommer d'oxygène. Nous sommes en présence de groupes explosophores très instables, et les formules livrées ne précisent pas le mode fabrication. Il ne suffit pas de mélanger les substances en proportions (volume, masse) correctes, encore faut-il être en mesure d'en contrôler les réactions lors de leur préparation...

L'apprenti chimiste connait sans doute le triangle du feu, mais connait-il l'hexagone d'explosion, est-il familiarisé avec le bon usage d'une « pierre » à ébullition, au fait de l'importance de la granulométrie dans le dosage ou de la concentration de la substance ? Prenons l'exemple du TATP (triperoxyde de triacétone) ou peroxyde d'hydrogène dont les djihadistes sont friands pour la confection de leurs ceintures explosives. Cet explosif primaire aussi sensible que le fulminate de mercure et facile de fabrication et difficile à détecter, se présente sous forme d'une poudre blanche. Trois substances (acétone, eau oxygénée et un acide fort) suffisent à sa fabrication, encore faut-il qu'elles soient en concentrations adéquates, ce qui est rarement le cas. La quantité d'une substance est égale au quotient de la masse de l'échantillon en grammes sur sa masse molaire. Un kilo d'eau par exemple, contient 1.000 gr/18,01 g/mol, soit 55,5 mol H2O. Si le « chimiste » se procure de l'acide concentré à 65 %, de combien de mol/l disposera-t-il dans un litre sachant que d vaut 1,4 ?

La réaction fortement exothermique peut provoquer de graves brûlures et briser le récipient utilisé. Si la température reste incontrôlée, le mélange produit une fumée blanche et détone ! Cette étape franchie, encore faut-il procéder à son lavage et à la mesure du Ph. Son stockage n'est pas sans présenter de risques. Il doit être conservé dans une substance particulière ou un mélange stabilisant. Cet explosif de densité 1,2 capable de détoner à 5.300 m-s-1 avec une efficacité de 80 % du TNT, peut être utilisé comme explosif brisant ou soufflant...

Lorsqu'on désire enflammer une bûche dans la cheminée, on utilise une allumette pour enflammer un amas de papier qui va à son tour enflammer du petit bois, puis enfin enflammer la bûche. Avec les explosifs c'est exactement le même principe : il faut un moyen de mise à feu, un moyen d'amorçage et une charge. On parle de chaîne pyrotechnique (charge primaire, secondaire et principale). Le TATP n'a pas besoin d'un détonateur ni même d'un inflammateur pour détoner, un simple arc électrique, une source de chaleur, une friction ou un choc suffit ! On comprend à la lueur de ces précisions, la directive faite à certaines unités d'ouvrir le feu en évitant de viser le torse chez une personne portant une « ceinture » explosive, à moins qu'elle soit seule dans un endroit isolé !

Ce n'est pas un hasard si dans certains pays, les attentats à l'explosif représentent près de 60 à 80 % des attentats commis. L'explosif est : bon marché - facile à se procurer - aisé à mettre en place (véhicule, kamikaze, dans une poubelle, etc.) - explosion activée à distance - explosion déclenchée par un comportement (piège) - mise à feu à influence (barométrique, interférence magnétiques, accélération, température, etc.) - impact psychologique sur la population - il peut se présenter sous différentes formes (liquide, solide, gazeuse, vapeurs, malléable) - « destruction » des preuves (le chlorate mélangé à d'autres substances en font un explosif incendiaire).

Pour l'utilisation optimum d'un explosif, encore faut-il savoir quel type il convient d'utiliser : primaire, secondaire, soufflant, brisant - sa nature (solide, liquide, pulvérulente, gazeuse) - en calculer la charge (masse) - en déterminer la forme (linéaire, en couple, concentrée, charge creuse, effet dirigé, à fragmentation, etc.) - l'emplacement de son amorçage - la densité de chargement - son emplacement qui doit prendre en compte les interférences du front de l'onde explosive (domaine de la détonique). Ces quelques éléments de réflexion expliquent pourquoi les terroristes sont souvent de bien piètres artificiers qui compensent leur manque de technicité par la masse de la charge et la présence de shrapnels (éclats).

Article 322-11-1 du code pénal : « La détention ou le transport de substances ou produits incendiaires ou explosifs ainsi que d'éléments ou substances destinées à entrer dans la composition de produits ou engins incendiaires ou explosifs en vue de la préparation, caractérisée par un ou plusieurs faits matériels, des infractions définies à l'article 322-6 ou d'atteintes aux personnes est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende. Les peines sont portées à dix ans d'emprisonnement et à 500 000 euros d'amende lorsque ces faits sont commis en bande organisée. »


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