samedi 13 septembre 2014

LES ESPIONS DE POUTINE EN FRANCE

Prononcer le vocable "espionnage russe", c'est presque déjà porter un jugement de valeur péjoratif qui désigne un domaine emprunt de clichés datant de l'URSS. Quand les sources existent, elles sont sujettes à caution, voire aux doutes. La principale difficulté d'interprétation consiste à découvrir un ordonnancement d'éléments de valeurs différentes : militaire - politique - économique - social - géopolitique, etc., en oubliant presque le poids des caractéristiques nationales des plus aptes à mobiliser des convictions identitaires décuplées par un sentiment d'appartenance, à l'origine des raisons plus que celles des causes. On ne peut "maîtriser" ce que l'on ne comprend pas ou mal, ce qui revient à peu près au même. Les différents n'ont jamais une seule cause et tous les acteurs ne poursuivent pas le même but, l'un peut faire reposer son raisonnement sur un postulat et celui d'en face sur un autre...

Après l'implosion de l'Union-soviétique, l'OTAN passa du rôle de "victime" à celui de sauveteur, nous avons su juguler la guerre froide, éviter un conflit Est-Ouest en Europe ainsi que l'apocalypse nucléaire, l'alliance en vint presque à considérer la Russie comme un acteur international de second rang, allant jusqu'à en négliger les menaces traditionnelles : militaire, économique, etc., pour se concentrer sur les nouveaux persécuteurs responsables des menaces liées au terrorisme et à la grande criminalité avant de constater que les anciennes menaces n'avaient aucunement disparues. Les espions sont toujours à l'œuvre et la Russie ne ressemble pas à Disneyland.

Le Nouvel Observateur du 24 juillet 2014 titrait : " Révélations sur les espions russes en France " et le rédacteur nous narrait l'histoire d'un attaché de l'Air, membre du GRU, le SR de l'armée ; cette histoire me rappelle le cas similaire d'un " client " qui fréquentait et passait commande d'ouvrages militaires dans une librairie parisienne, à l'époque la DSRI n'avait pas encore été crée. Dans la réalité, les espions n'ont jamais quitté leurs terrains de chasse. Les mouvements transfrontaliers des individus sans discernement d'appartenance a plus que contribué à faire entrer la meute ; comptons sur les bons apôtres pour les aider à s'y installer et à prospérer.

A Nice, par exemple, deuxième ville la plus visitée par les touristes après Paris, troisième ville où il fait bon étudier et 5° ville de France dans laquelle fut assassiné le colonel Bernard Nut, le représentant de l'antenne locale de la DGSE (quelques semaines après cet homicide, 47 diplomates soviétiques étaient "invités" à quitter la France), concentre près de 10 000 Russes, chiffre auquel il convient d'y ajouter les russophones des ex-républiques et les réfugiés politiques, Tchétchènes, Géorgiens, etc. Un véritable paradis pour y implanter des espions. Toutes les institutions des anciennes Républiques ayant rejoint l'OTAN : Tchéquie - Hongrie - Pologne (1999) - Bulgarie - Pays-Baltes - Roumanie - Slovaquie - Slovénie (2004) - Albanie et Croatie (2009), sont truffées d'agents russes. Combien de Georges Pâques siègent à l'OTAN ?

Une question me taraude, nos hommes politiques qui nous ont rendu stupides avec notre accord tacite et total, le sont-ils devenus eux-mêmes ? L'idéologie agit comme une lentille déformante biréfringente, si l'adhésion est volontaire, elle représente un liant très solide, sinon gare au réveil ! Notre ethocentrisme agit comme un filtre puissant, les Occidentaux sont des adeptes de la stratégie des dominos, j'en ébranle un les autres suivent, les Russes du jeu d'échec, le cavalier saute de deux cases et il se pose sur la Crimée... Quel autre mouvement à venir ? 

Les Russes ont quitté l'ère soviétique et un homme comme Vladimir Poutine n'a plus grand chose à voir avec ses prédécesseurs et encore moins avec le marxisme-léninisme d'antan. La méthodologie de l'espionnage est liée à un modèle générationnel : mentalités (idéologie, patriotisme, indépendance nationale) - transmissions - code et chiffre - infiltration, etc. L'espion russe actuel a intégré le XXI° siècle de plein pied, rien à voir avec le film Good Bye Lenin.

L'espionnage n'est pas qu'une réalité virtuelle, il restera pour longtemps une activité utile à condition que ses retombées soient sources de richesses et que ces dernières servent la population, en cela, l'espion s'inscrit dans la pensée marxiste, s'il reste un agent économique qui œuvre selon la loi des marchés, de l'offre et de la demande, il n'a rien oublié de l'Histoire, de l'honneur et du serment de fidélité. Pòka tovaritch !