samedi 20 juin 2020

Tir : pourquoi autant de positions ?


Selon les circonstances, la position de tir du : policier - gendarme - garde du corps - convoyeur de fonds - transporteur de valeurs - militaire - compétiteur - tueur à gage, etc., sapparente à différentes méthodes de tir. Le policier amené à riposter pour sauver sa vie va instinctivement se ramasser pour réduire sa surface exposée aux tirs et se devra à réagir vite, très vite. Dans certains cas (distance, surprise, angle de tir), l'agressé pourra se jeter au sol pour éviter d'être atteint ou pour améliorer sa précision de tir grâce aux appuis, dans dautres circonstances, il devra se déplacer, éclairer les lieux, voire monter à l'assaut pour déloger un Tango.

Pour l'officier de sécurité qui doit faire bouclier de son corps et retenir fermement son client ou le canaliser à l’aide de son bras faible, la seule position de tir acceptable reste une positon haute bien campée sur les jambes et à une seule main. Le tir à une seule main peut aussi s'imposer au transporteur de fonds ou au convoyeur de valeur qui tient à la main une mallette, à l'officier de sécurité porteur du triptyque (bouclier kevlar dépliable) et au tireur blessé à un bras ou une main. Par contre, en un autre emplacement dans le dispositif de sécurité, il devra peut-être appliquer les positions du tir dit de police, dans dautres il devra appuyer lévacuation de l'autorité et se replier avec le groupe évacuateur, c’est-à-dire continuer à se déplacer en tirant, ce qui est rarement le cas dun policier mais plutôt celui dun groupe dintervention.

La position de base du tir à une main sapparente à la position Fairbairn. Loriginalité de cette position pour l’époque (1920), était de nutiliser que la main forte, bras tendu à hauteur de l'œil, laissant le bras faible disponible. Charles Askins allait la développer durant la deuxième guerre, et à partir de 1942, le colonel Rex Applegate (qui deviendra plus tard le garde du corps du président Roosevelt) formera les hommes de lOSS (Official Strategic Services, l'ancêtre de la CIA) à cette position. En cas d’une menace surgissant dans le dos de l'autorité, l’officier de sécurité qui se tient légèrement sur le côté et l’arrière droit (épaulette) de celle-ci, le saisit au col de la main gauche, effectue un pivot vers l’extérieur de manière à venir se retrouver dos à dos avec l'autorité, la main droite tenant l’arme. Si la menace est très proche, l’arme est tenue au niveau de la hanche.

Cette position de tir se doit être maîtrisée par tout officier de sécurité. À noter qu'elle permet un engagement dans un secteur de 180°, environ, et qu'elle se transforme en position de tir à bras franc lorsque les épaules sont alignées avec le bassin. Elle pourra être aussi utilisée dans sa forme originale par un policier qui désire " figer " un individu. Pour ce faire, il le désigne de son bras faible pour quil ny ait pas de doute sur la personne concernée, et la " marque ". Cette position peut se combiner avec la positon que Massad Ayoob appelle  punch ”, légèrement modifiée. Le tireur est toujours bien campé sur ses jambes, mais la position est dérivée du karaté. Larme est puissamment projetée vers lavant pendant que le poing de la main faible vient contre la poitrine, comme dans un  tsuki  (shotokan). Cette position sera plus naturelle à un karatéka qu'à un pratiquant du noble art. Vous percevez tout l'intérêt dadapter une position à sa morphologie et tempérament.

POSITION WEAVER : cette position mise au point en Californie à Lancaster par le shérif Weaver en 1958, fut popularisée par le colonel Jeff Cooper des US marine corps qui l'enseigna dans son ranch de Gun site en Arizona. Cette position nest pas sans rappeler la position du tireur au fusil debout. Le corps au maximum à 35° par rapport à la cible, le bras faible légèrement plié, tandis que le bras fort est tendu (sans exagération). La tête légèrement penchée vers le bras fort peut prendre la visée. À linverse de la position Ayoob, cest la jambe forte qui est en arrière. Cette position à deux mains permet en absorbant le recul, de tirer avec un calibre puissant et à des distances appréciables de plusieurs dizaines de mètres. Cette position est avant tout dinitiative.

BODYGUARD STANCE : cette position ne sapplique que si le défenseur armé est au contact de lagresseur. Larme est tenue contre la hanche forte pour en éviter sa saisie, le corps légèrement de profil et jambe forte en arrière. La paume de la main gauche (pour un droitier) est violemment projetée dans le visage de l'agresseur. Si le tir s’impose, le tir est délivré lors de la frappe, et le tireur fait un « step back » afin de se tenir à distance, se mettre hors de saisie, et si nécessaire doubler le tir. Une variante de cette position peut être utilisée pour dégager un importun qui s'interpose entre le tireur et l'adversaire. Là encore, selon la position de départ, il peut y avoir des variantes. Si le fonctionnaire a les deux pieds au même niveau (hauteur ou profondeur), il va se cambrer pour porter l’"atémi" et tenir larme éloignée de lassaillant, position speed rock.

POSITION DE CÔTÉ : dans un lieu très encombré, dans un espace très réduit, le défenseur dispose d'insuffisamment de place ou d'espace pour délivrer un tir latéral, ou pour surprendre la victime. Le tireur adopte la position des « enfants sages », bras croisés. Le poignet droit venant se placer au creux du coude gauche, lavant bras droit soutenant le bras armé, la main gauche en cuillère placée sous le coude droit. Larme (position one, chargée et armée) est dirigée sur le côté gauche (pour un droitier). Par la simple rotation du corps, on peut engager une cible dans une zone d’environ 70°. La partie supérieure du bras gauche reste dans le prolongement du corps pour protéger le flanc, certains gilets pare-balles n'offrent quasiment aucune protection costale ! Une variante (Charrière) place le bras armé sous l'avant bras : dégainé, armement de la culasse, glissement de l'arme sous l'avant bras faible.

LE CROUCH : position de riposte popularisée par le lieutenant Mac Gee en 1974 qui a été adoptée par de nombreux policiers. Lorsquun coup de feu retentit, toute personne a tendance à se tasser sur elle-même pour réduire sa surface exposée. Le tireur se tasse à la verticale en écartant une jambe, ce qui lui permet de se retrouver dans la position dun cavalier qui sans monture. Il faut impérativement garder les genoux à lintérieur (important en cas de chute). Cela faisant, on abaisse son centre de gravité, augmente sa stabilité et réduit sa silhouette. En tir de riposte à courte distance, le tireur naligne pas larme à hauteur des yeux. Pour une distance moyenne, le tireur peut prendre sa ligne de vissée pendant quil pousse et monte son arme. Si le tireur maîtrise le tir à genoux, rien ne soppose à passer dune position à lautre pour engager sur les côtés (raison des genoux en dedans). À noter que le tireur peut couvrir un secteur de tir de 180°, l'arme tenue à deux mains, et 90° supplémentaires, l'arme tenue à une seule main.

POSITIONS A GENOUX : cette position réduit encore plus la surface exposée, permet un tir plus précis, et de couvrir l'autorité dans un coin. Le tireur se doit de privilégier la position à genoux isocèle. Le genou fort est au sol à la hauteur du talon de lautre pied (sans s'asseoir dessus), le corps de face (Ne pas être assis facilite les déplacements à genoux comme dans l’aïkido). Le tireur peut enchaîner, un « crouch » et se remettre à genoux de lautre côté pour engager sur 180°. Cette position est moins verrouillée que la Weaver à genoux (assis sur la cheville, corps de biais, coude gauche appuyé sur le genou droit) qui offre une surface plus exposée. Se soyons pas dogmatique, rien ne soppose à un enchaînement de positions. Il suffit en partant de la position à genoux isocèle de s'asseoir sur le talon (ce qui nécessitera plus de temps pour se relever). Pour mettre un genou " en terre ", il y a plusieurs méthodes. Reculer et plier progressivement la jambe droite pendant le fléchissement de la gauche. Aucune main ne vient se poser sur le sol. Une fois suffisamment accroupi, se laisser choir sur son fessier droit.

POSITION ASSISE : position qui permet en cas dabri restreint, de protéger un tiers. La maîtrise consiste à s'asseoir rapidement sur les fesses, les deux jambes ramenées vers l'entre jambe protègent une partie du thorax, les deux coudes ou avant-bras reposant sur les genoux, larme alignée avec les yeux de façon à former un triangle stabilisateur. La position permet un tir ajusté jusqu’à une cinquantaine de mètres. Là encore, certains tireurs mettent une main au sol pour prendre cette position. Espérons pour eux quil ny a pas dexcréments dans le coin. Il faut fléchir au maximum sur les genoux, le corps restant bien droit afin de conserver sa stabilité sans rompre le centre de gravité, et venir poser les fesses au sol. Si vous restez accroupi, vous avez adopté sans le savoir la position « Afghane » ou « chier dans les bois ».

LA GRENOUILLE CREVÉE : position dérivée de la précédente. Elle sera prise par le défenseur surpris par une attaque soudaine, par exemple une porte qui souvre sur un homme armé (un APR abattu n’est plus d’aucune utilité dans le dispositif, et si celui-ci a pourtant intégré l’éventualité d’être touché, cela n'en fait pas pour autant un kamikaze). Pour ladopter, il faut faire le cobra, technique de penchak silat (Maître Charles Joussot). Vous croisez les deux jambes rapidement au niveau des chevilles, et vous descendez (toujours à la verticale) pour venir poser vos fesses au sol. Vous vous allongez ensuite sur le dos (les omoplates doivent bloquer le mouvement vers larrière) en ouvrant les cuisses sans décroiser les chevilles. Ainsi allongé sur le dos, les deux bras tendus tenant larme au niveau de lentrejambe, vous pouvez riposter. Les chevilles doivent protéger le sacrum et non être au-dessus, ce qui vous obligerait à creuser votre dos, diminuant ainsi votre stabilité et qui risquerait de vous faire courir le risque dune blessure grave, voire mortelle.

Cette technique peut se révéler utile après une chute sur le dos ou pour l'enchaîner derrière un « crouch ». Vous devez être capable de vous relever de la même façon, c’est-à-dire sans décroiser les jambes. L'autre avantage de cette position, sa rapidité pour engager un tir sur l'arrière à 180° ! De la position verticale, vous faites un pivot vers l'arrière sans déplacer les pieds, ce qui a pour résultat de croiser vos jambes naturellement. Il ne vous reste plus qu'à descendre en accomplissant un mouvement en tire-bouchon pour vous retrouver dans la position de la « grenouille crevée » vers larrière !

TIR COUCHÉ : technique utile pour votre défense personnelle ou pour couvrir un tiers lors dun placage au sol ou dune " tortue " (plusieurs APR s'allongent sur l'autorité). Optez de préférence pour un repli de terrain (un simple caniveau fera laffaire). Cette position permet un tir ajusté à une cinquantaine de mètres et réduit considérablement la surface exposée aux tirs adverses. La position allongée sur le ventre, cou redressé, est très inconfortable pour les vertèbres et la respiration. Lui préférer la position de Ray Chapman (champion IPSC) qui ressemble un peu à la position du tireur couché au fusil. Le corps repose de profil sur le côté fort, les deux bras tendus vers lavant, larme ne touchant pas le sol. La jambe gauche est pliée et le cou de pieds vient se placer dans le creux poplité du genou droit (pour les gauchers, il faut inverser les mouvements décrits). Là aussi, nallez pas mettre une main au sol pour vous y aplatir ! Je sais, ils sont nombreux à le faire, mais vous devez par la maîtrise des chutes apprendre à vaincre cette appréhension du contact avec le sol. Pliez les genoux, tassez-vous et portez lépaule droite au sol. Rien de plus simple, et ce qui ne gâche rien, plus rapide. Cette position peut aussi venir s’imposer par la prise de la position de la « grenouille crevée » quune chute sur lavant vient compromettre. En combat, vous pouvez déverrouiller votre jambe et rouler sur un côté ou sur lautre pour vous déplacer. Lorsque vous replacerez votre cou de pieds au niveau du genou, la rotation s'arrêtera et la stabilité sera acquise.

Je me suis limité à la douzaine de positions les plus utiles pour le tir de défense ou de combat pouvant être enchaînées. Quelle que soit la position, haute, médium, basse, l'arme doit pouvoir être toujours pointée en direction de la menace, d'en suivre le déplacement latéral sur 360 degrés et en hauteur (limite des articulations et du champ visuel). Cela requière d'être capable d'enchaîner ces différentes positions ; c’est le corps et non seulement les bras qui font office de « plate-forme » de tir. Travaillez toutes les positions sans jamais rester statique. Déplacez-vous : avant, arrière, latérale, enchaînez les positions.


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vendredi 8 mai 2020

Armement : les armes légères



La catégorie des armes légères englobe toute arme individuelle ou collective qui peut être transportée et utilisée par un homme seul ou par un petit groupe. «les armes légères, bon marchés, faciles à utiliser, à dissimuler, à transporter, alimentent de nombreux conflits régionaux armés et favorisent le crime organisé ainsi que le terrorisme. (...) Plus de 80 millions d'armes légères en circulation dans le monde sont responsables de 90 % des victimes des conflits armés ».

L'arme à tir courbe (la bombarde utilisée pour la première fois en 1454 lors du siège de Constantinople) permet d'atteindre un objectif entouré par des obstacles le protégeant d’un tir direct. La plus connue est sans conteste le mortier, une pièce d’artillerie dont la caractéristique est de pouvoir tirer un projectile sous un angle de plus de 45° dont l’angle de chute approche la verticale. Le fait pour le projectile de pouvoir passer par dessus les obstacles environnants séparant le poste de tir de sa cible, nécessite une certaine hauteur qui est fonction de la distance des obstacles. Cette trajectoire de sécurité correspond à environ 100 mètres de hauteur pour une distance de 100 mètres et à 300 mètres de hauteur pour une distance de 400 mètres.

Les mortiers sont classés en trois catégories selon leur diamètre : mortier léger (40 à 60 mm), moyen (70 à 90 mm) et lourd (120 mm) ; la longueur du tube varie de 10 à 20 fois le diamètre. Un mortier de 60, une douzaine de kilos, peut expédier un obus de 1,5 kg à 1600 mètres, un mortier de 81 mm tire jusqu'à 4.700 mètres, quant à celui de 100 il tire un obus de 7 kilogrammes à 10 kilomètres. Le mortier se compose de 3 parties : le tube à âme lisse qui reçoit le système de pointage est supporté par un bipied et une lourde plaque de base pour prévenir l’enfoncement de la pièce dans le sol. L'arme chargée manuellement par la bouche tire un projectile subsonique stabilisé par un empennage, cadence de tir ? une quinzaine de tirs minute. Le mortier commando (50 mm) d'un poids d'une dizaine de kilos utilisable par un seul homme tire un projectile à 1000 m (charge 2). A mentionner le mortier à main israélien de 2 pouces d'un poids de 8 kg, portée 130 - 420 m, conçu pour l'appui rapproché.

Le projectile agit par l'effet de souffle dû à la déflagration de la charge et par éclats suite à la rupture de l’enveloppe. L’effet de souffle a une efficacité relativement faible sur le personnel, par contre l’effet dû aux éclats a une grande efficacité contre les personnes. Lorsque l’obus éclate au sol, son efficacité et sa zone meurtrière dépendent de l’angle d’impact et de la nature du sol puisqu’une grande partie de l’effet de souffle passe trop haut ou trop bas. Un projectile arrivant avec une trajectoire verticale permet une meilleure répartition de la fragmentation. Pour un obus de 81, la zone dangereuse couverte est d’environ 40 mètres. Pris sous un tir de mortier il ne faut surtout pas chercher à courir mais immédiatement se plaquer au sol. Les éclats d’un obus se repartissent en trois gerbes : la gerbe d’ogive peu dense projetée vers l’avant - la gerbe de culot qui projette de gros éclats peu nombreux sur arrière - la gerbe latérale, la plus importante, constitue une nappe perpendiculaire à la trajectoire.

Le nombre restreint de pièces composant un mortier et sa simplicité en font une arme facile à transporter et à mettre en batterie. Une équipe peut lancer une dizaine d’obus, démonter l’arme et quitter les lieux avant même que le dernier obus atteigne sa cible. Il est également peu coûteux et facile à construire. Cet aspect d’arme rudimentaire avait séduit des membres de l’IRA qui fabriquèrent un mortier multitubes monté sur un véhicule et leur permit de commettre l’attentat de Newry (28-2-85). Les projectiles étaient des bouteilles d'oxygène bourrées de 20 kilos d’explosif !

Durant la première Guerre Mondiale, la grenade était dévolue aux actions de : défense et combats dans les tranchées ou boyaux - nettoyage pour éliminer toute résistance - exécution de coup de mains - piégeage pour retarder ou désorienter l’ennemi. Une grenade ne peut être lancée à la main qu’à une distance modeste, même si l’on gagne en distance avec une grenade à manche, la distance de jet peut se révéler trop courte pour certains usages. La zone vulnérante des éclats est d’une vingtaine de mètres tandis que les éclats sont dangereux jusqu'à une centaine de mètres. Comme le lanceur moyen lance sa grenade à 30 mètres, il se doit d'être à couvert (on peut la lancer plus loin en la fixant au bout d'une cordelette que l'on fait tourner à la manière d'une fronde avant de tout lâcher). Si l’on désire un jet de plusieurs centaines de mètres on utilise un lance-grenade.

L'intérêt majeur des : « grenades à fusil ou encartouchées est de pouvoir disperser instantanément un nombre important de projectiles dispersés sur une zone d'environ une dizaine de mètres de rayon (nda : AP/AV 40), zone qui nécessiterait plus d'un chargeur de FA pour être traitée », ou de percer le blindage (100 mm ou 360 mm de béton) d'un VAB distant de 100 m. Si la munition tirée crible de projectiles une large zone même avec une précision amoindrie, elle peut aussi permettre de retourner la situation. Des terroristes se sont révélés très ingénieux en utilisant un lanceur pour ball-trap, une arbalète, un fusil harpon, un lance-fusée ou un lance-amarre, certains ont fabriqué des propulseurs avec un fusil de chasse et une cartouche débarrassée de ses plombs...

Au mois de février 1915, les Allemands furent les premiers à utiliser un lance-flammes contre les positions françaises à Mélancourt ! L'arme destinée à accompagner l'assaut de l'infanterie comportait deux réservoirs cylindriques, l'un rempli d'un mélange inflammable, l'autre de l'azote sous pression (gaz propulseur), un allumeur enflammait le jet liquide à la sortie de la buse. Cette arme individuelle d'un poids d'une vingtaine de kilogrammes capable de brûler vif les hommes, de consommer l'oxygène d'un local, de détruire les matériels et de bouter l'incendie à des structures a une portée d'une vingtaine de mètres (le vent affecte les conditions d'utilisation), distance qui passe à soixante mètres avec l'ajout d'un gel épaississant au fuel. Une capacité de 17 litres permet trois ou quatre tirs ou 7 secondes environ et en continu. Le combustible épais (napalm), difficile à éteindre, peut s'infiltrer par les petites ouvertures et « colle » sur sa cible. Cette arme facile de fabrication interdite par la Convention de Genève est encore parfois rencontrée...

Le Lance Roquette Antichar (bazooka, RPG, LAW, Carl-Gustav, etc.) tire une roquette à charge creuse guidée par un tube. Le LRAC se compose : d’une enveloppe - d’un dispositif d'amorçage - d’un dispositif de propulsion. Le dispositif d'amorçage est constitué par une fusée qui peut être à fonctionnement : instantané (percutante) - à temps - de proximité - à double effet : percutante et fusante. Cette arme épaulable est dérivée du canon sans recul, le principal obstacle à vaincre pour l'adapter au Combat Rapproché Anti-Char fut de parvenir à compenser le recul de l’arme, plus le projectile est lourd, plus la vitesse initiale doit être élevée, ce qui entraîne un recul (loi de Newton sur l’action et la réaction). La première idée qui vint à l'allemand Krupp en 1930 fut de compenser ce recul par un second projectile s'échappant sur l'arrière, idée abandonnée le jour où l’on découvrit qu’une masse de gaz à grande vitesse s'échappant sur l'arrière du canon (effet Venturi) pouvait venir remplacer le second projectile, principe appliqué sur les Panzerfaust.

Le RPG 7 qui pèse 7 kilogrammes pour une longueur inférieure à un mètre est capable de tirer 5 coups par minute ; porté 500 mètres (le 14-9-81 des membres de la RAF ont tiré une roquette contre la voiture du général Frederick Kroesen, le commandant des forces Américaines en Allemagne). Le LAW qui est télescopique pour réduire son encombrement est à usage unique (le combattant peut en transporter plusieurs). Le mode de mise à feu électrique rend facile la construction d’un tube lanceur ou d’une rampe de guidage ; les activistes utilisèrent durant la guerre d'Algérie, une gouttière calée avec un tabouret pointée en direction du bureau du général Salan, la ligne électrique pour la mise à feu passait dans la cage d’escalier.

Quel qu'en soit le type, des impératifs de tir sont à respecter :
· un tir en relevant la bouche de l’arme peut présenter des risques pour le servant, flamme arrière déviée par le sol ;
· le tireur se doit à disposer de quelques mètres libres dans son dos afin de permettre l'échappement des gaz ;
· l’obstacle arrière risque d'entraîner le rebondissement de la capsule et du couvercle de fermeture éjectés lors du tir ;
· la hauteur sous plafond doit être supérieure à deux mètres ;
· si le volume du poste de tir est inférieur à une vingtaine de mètres cubes, il ne faut pas effectuer plus de trois tirs à intervalles très brefs (risque d’intoxication).

L'autre reproche à l'égard du LRAC tient au fait qu'après le lancement, la roquette n’est plus guidée, c’est la différence avec un missile dont l'évolution est corrigée à distance (filoguidé) ou qui se dirige sur une source de chaleur de façon à atteindre plus sûrement l’objectif. Un lance missile épaulable : SA-7, Stinger, etc., représente une sérieuse menace contre les blindés et les aéronefs volant à base altitude. Autres armes pouvant être mises en œuvre par une personne seule, les pièges, les mines et les engins téléguidés. Le « leichter Ladungsträger » (véhicule léger de démolition) filoguidé propulsé par un moteur électrique et construit à près de 2.000 exemplaires à partir de 1942 connu sous le nom « Goliath » ou « Gerät 67 », transportait une charge de 80 kg d'explosif et pouvait parcourir une distance de 1.500 mètres à la vitesse de 100 km/h. Ironie de l'histoire, cette arme fut dérivée directement d'un prototype réalisé par le Français Kégresse, prototype récupéré par l'occupant dans la Seine au mois de juillet 1940 !


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