dimanche 22 octobre 2017

L'arme équipée d'un silencieux sera-t-elle la nouvelle arme du « Diable » ?


Le 1 octobre 2017, Stephen Paddock qui occupe une chambre au 32° étage du Mandalay Bay de Las Vegas (Nevada) tire à l'arme automatique depuis sa chambre après en avoir brisé deux vitres, sur la foule distante de 360 mètres venue assister à un concert de country. La fusillade va durer une dizaine de minutes et le tireur tuer 59 personnes et en blesser 515 avant de se suicider, mettant ainsi un terme à son carnage. Hillary Clinton a déclaré : « Imaginez le nombre de morts si le tireur avait eu un silencieux comme la National Rifle Association veut en faciliter l'obtention»

Les utilisateurs de silencieux se trouvent repartis dans plusieurs catégories : les tireurs sportifs qui ne veulent pas troubler le voisinage, ceux qui ne veulent pas finir sourds, les snipers et tireurs d’élites des groupes d'interventions qui ont parfois pour mission de neutraliser une personne sans que ses complices puissent deviner d’où le coup est parti, catégories auxquelles viennent s’ajouter les personnes aux motivations peu avouables : braconniers, criminels et psychopathes.

Bien que le terme silencieux ne fasse pas l’unanimité chez les puristes, ces derniers préférant le terme de modérateur de son car le son n’est pas totalement supprimé mais seulement réduit, nous l’emploierons l’un pour l’autre en sacrifiant à l’usage. Le silencieux permet non seulement de réduire le bruit qui sera d’autant plus masqué que le bruit ambiant sera plus élevé (si l'arme du tueur avait été pourvue d'un « silencieux », le bruit du concert aurait couvert le bruit résiduel, mais certainement pas pour l'occupant d'une chambre voisine) - il altère le son en le rendant moins significatif - rend la localisation plus difficile - fausse l’appréciation de la distance d’où le coup est parti. D'autre part, le silencieux se comportant comme une cavité résonnante, va modifier la fréquence initiale de l’explosion (voisine de 700 Hz pour un fusil et du double pour un pistolet). Cette modification plus ou moins prononcée contribue à la non-reconnaissance d‘un tir lorsque la distance est supérieure à une cinquantaine de mètres, phénomène en cause lors de l'attentat du président J.F.K. A noter que le silencieux tient lieu de cache-flamme de bouche, flamme qui pourrait trahir l’emplacement du tireur. Contrairement à une idée répandue, un tireur formé correctement ne se placera jamais dans l'embrasure d'une ouverture...

Le véritable développement d'une arme à feu silencieuse apparaît lors de la Seconde Guerre mondiale. Les commandos ont alors besoin d'une arme capable de tuer une sentinelle à distance (fusil de Lisle). Si les commandos avaient besoin d'une arme d'épaule, les agents opérant en territoire occupé avaient eux besoin d'une arme de poing, cela donnera le pistolet silencieux Welrod. Le silencieux est constitué du canon ajouré de l'arme, suivi d'une chambre « élastique » composée de rondelles de caoutchouc percées en leur centre, le tout entouré d'un manchon métallique. Il s'agit d'une arme à répétition manuelle disponible en trois calibres : .32, 9 mm et .45. Le principe à répétition manuel a été retenu pour sa fiabilité de fonctionnement, car l'adjonction d'un silencieux réduit la pression des gaz qui peut devenir insuffisante pour faire reculer la culasse et être à l'origine d'un incident de tir (il faut réduire la force du ressort récupérateur).

L'adjonction d'un silencieux n'est pas sans avoir une incidence sur la puissance de la munition utilisée. La balle en calibre .45 voit sa vitesse réduite à 200 m/sec, son énergie tomber à 14 kgm (environ 140 joules) et son niveau sonore à 120 dB. L'énergie disponible restante est inférieure à celle d'une .22 LR subsonique ! La guerre terminée, la Central Intelligence Agency va doter ses tueurs et ses pilotes d'un pistolet silencieux semi-automatique High Standard en calibre .22, arme qui équipe aussi nombre de snipers pour assurer leur sécurité personnelle. Contrairement à ce que nous montre le cinéma, l‘utilisation conjointe revolver-silencieux est quasi inutile, les gaz refoulés vers l’arrière s’échappent par la feuillure du canon et du barillet.

L'utilisation conjointe d'un silencieux sur une arme automatique n'est possible qu'avec une arme ayant reçu des modifications lors de sa fabrication (troisième génération ou plus). Pour l’utiliser un silencieux sur une arme disposant d'une grande cadence de tir utilisant des munitions à grandes vitesses, il convient de réduire la pression des gaz en les laissant s’échapper via une série d’orifices pratiqué proche de la chambre de la culasse ou le long du canon. Une arme utilisée avec un silencieux et dépourvue de ces aménagements refoule une partie des gaz vers le visage du tireur ! La mise au point en reste délicate, car l’emplacement, le nombre, le diamètre, et l’inclinaison des orifices sont critiques.

Les bruits générés par une arme à feu sont liés à trois phénomènes distincts : les parties mécaniques de l’arme - la détonation - le déplacement de la balle dans l’air. Les cycles mécaniques d’une arme peuvent générer des bruits d’un niveau de 60 décibels, soit celui d’une conversation normale. La détonation est liée l'évacuation soudaine de l’air contenu dans le canon, phénomène acoustique en partie lié à la tolérance canon / balle, et celle du silencieux (tolérance inférieure à 1 /10 mm). L’onde de bouche est provoquée par l’explosion rapide des gaz qui se mélangent rapidement avec l’air atmosphérique et qui s’enflamment. C’est la principale source de bruit, elle peut atteindre plus de 170 dB (par comparaison, un avion au décollage fait un bruit d'environ 140 dB).

Le déplacement de la balle dans l’air est générateur de plusieurs bruits : l’onde d’irruption qui dépend de la balle (masse forme, CX, dimensions). Une balle subsonique produit durant sa trajectoire un sifflement assez fort (95 dB) qui peut être identifié à distance, si la balle est imparfaitement stabilisée, elle va générer un ronflement dont l’intensité est parfois bien supérieure au sifflement, et l’onde balistique reste liée au cône de gaz qui accompagne la balle qui se heurte aux couches d’air immobiles rencontrées sur sa trajectoire (mur du son).

Étant souvent fait référence à la notion de décibels, précisons que ceux-ci sont utilisés lorsqu’il s’agit de comparer des niveaux sonores. Les décibels ne sont pas une unité. Il s'agit d'un nombre sans dimension qui désigne un rapport de puissance basé sur une échelle logarithmique permettant de traduire les énormes différences d’intensité sonore sous une représentation linéaire. Ainsi et par référence, le seuil d’audition est de 0 dB pour un facteur d’intensité sonore égale à un. Chaque augmentation de 10 dB traduit une augmentation d’un rapport de 10. Un exemple permettra de mieux comprendre : le niveau sonore d’une feuille tombant d’un arbre correspond à 10 dB, le facteur d’intensité sonore est donc multiplié par dix. Une musique douce est de 40 dB, cela signifie que l’intensité a été multipliée par 10.000 fois. Un son de 100 dB correspond a une augmentation de 10.000.000.000, soit 1010 ! Un fusil d‘assaut produit une intensité sonore de 170 dB, 1017 ! Un exemple tactique, lors de l’intervention de groupes antiterroristes, s'il est nécessaire par de neutraliser plusieurs individus, les tirs seront simultanés. Les sources sonores étant de même intensité, l’augmentation résultante ne sera que de trois dB pour deux tireurs ou de six dB pour quatre (accroissement de trois décibels à chaque fois que l’on double le nombre de tireurs).

Un excellent silencieux peut apporter une réduction de 40 dB, mais ce chiffre se situe en général aux environs de 30 dB, ce qui correspond peu ou prou à l'atténuation offerte par une porte fermée, pour un fusil d'assaut cela représente déjà une intensité restante de 140 dB ! Par contre, la durée étant très brève, le cerveau perçoit ce pic sonore différemment d’un son continu. Les muscles des tympans destinés à réduire la transmission des sons lorsque ceux-ci sont trop élevés, agissent automatiquement pour protéger l’oreille. Il convient dans l’intensité sonore perçue, de prendre en compte la distance de la source sonore. L'affaiblissement du son en fonction de la distance correspond à 20 fois le logarithme de la distance exprimé en mètres. Si nous avons 110 dB à un mètre de la bouche du canon, nous aurons à 300 mètres (log 2,477) une atténuation de 49 dB, soit une intensité sonore restante de 61 dB ce qui correspond au niveau sonore d'une conversation, niveau largement couvert par l'orchestre (rapport S/B).

La présence d’un silencieux accroît la dispersion des munitions, réduit leur portée, ce d’autant plus qu’il est fait usage de balles subsoniques. Il offre par contre l'énorme avantage d'introduire une difficulté supplémentaire pour la localisation de l'emplacement du poste de tir. Il existe une zone latérale de confusion, il sera impossible pour des témoins placés dans la zone arrière de localiser l’origine du tir. Seuls ceux situés dans un angle avant d'environ quatre-vingts degrés pourront avoir une idée assez exacte de l'emplacement du tireur. La température et l'altitude affectent également le niveau sonore, mais la correction reste négligeable. Pour une altitude de 2000 mètres et une température de 0 degré centigrade, la minoration sera d’environ 1 dB. Pour la perception du coup de feu il faut tenir compte : des facteurs topographiques, de la direction du vent, du bruit de fond, et de la présence d’éventuels phénomènes de réverbération sonore.

La réverbération trouve son origine dans la rencontre de l’onde sonore avec une paroi sur laquelle le son vient se réfléchir. Lors du bruit de la détonation, si l’on perçoit entre un indice visuel du tir et que l’on entende le son avec un retard d'une seconde, l’on peut déduire une distance de tir voisine de 330 m. Par contre, le son qui va se réfléchir sur des obstacles va accomplir un parcours sonore plus long, d’où la perception d’un ou de plusieurs autres sons auxiliaires. Sachant cela, il est possible qu’un tireur averti cherche à se placer de façon à bénéficier du phénomène de réverbération pour induire un doute quant à son emplacement. L'officier de sécurité ne devra jamais perdre de vue que le premier son perçu est le seul à être révélateur de l’emplacement d'un tireur embusqué, les autres n'étant guère significatifs.

Tout silencieux s’appuie sur les lois physiques régissant les gaz. Une loi universelle nous enseigne que la pression varie directement et proportionnellement avec la température. Si on diminue la température, la pression se trouve elle aussi diminuée, et vice-et-versa. Ce principe théorique a servi de postulat à un Autrichien pour déposer un brevet en 1900, mais c’est sans conteste Maxim qui a le plus participé à l’évolution des silencieux en déposant en 1907 un brevet pour un silencieux à chambres multiples. Le principe repose sur plusieurs chambres isolées dans un corps cylindrique permettant aux gaz de se détendre et de créer une série de chocs entre eux, de façon à venir se contrer mutuellement, contribuant de ce fait à en retarder la sortie. Il perfectionna son système en l’équipant de déflecteurs ayant la forme de champignons empilés les uns à la suite des autres, contribuant à réduire l’onde sonore initiale.

La carabine et le pistolet silencieux utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale reposaient sur l'effet vortex généré par une rampe hélicoïdale destinée à refroidir les gaz en créant un tourbillon creux formant une spirale. Ce principe simple de construction (il s'agit de rondelles fendues dans leur partie supérieure et écartée pour former une spirale), favorise l'apparition de fortes turbulences et allonge selon le pas de l’hélice, le trajet parcouru par les gaz en contribuant à en retarder la sortie. L’annulation de l’onde de choc se propageant dans le silencieux est accrue par deux rampes montées tête-bêche.

Pour limiter l’importance de l’onde initiale dans le phénomène acoustique, il convient d’usiner les pièces avec une tolérance mécanique la plus faible possible (tolérance H7). Si les orifices sont sur-dimensionnés, une partie des gaz va s'échapper avant la balle. Pour supprimer ce problème, l’on fait appel à des diaphragmes élastiques ou souples (Néoprène, feutre, éponge) pourvus en leur centre d'une fente en «Y» ou en «X». Après le passage de l’ogive, l'ouverture se rétracte immédiatement et ne laisse filtrer que les gaz. L’onde de bouche due à l'expansion soudaine des gaz et de l’effet détonnant responsables du pic sonore sont à l'origine de l'inflammation des résidus de combustion (cache-flamme).

Réglementer la vente des silencieux ne servirait pas à grand chose. Partant du principe qu’un silencieux fonctionne comme un pot d’échappement, certains ont modifié un pot de tondeuse à gazon en perçant un trou de part en part et en bourrant l’espace entre les chicanes avec de la laine métallique ! C’est ce principe à base de baffles que l’on retrouve sur le pistolet-mitrailleur dissimulé dans un attache case.


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lundi 2 octobre 2017

AGORAVOX, carrefour d'expression

Le média participatif Agoravox apparu il y a une dizaine d'années est un moyen d'expression dont le contributeur actuel ne saurait être apparenté à un journaliste. Le contributeur informe rarement, sa contribution consistant souvent à diffuser une opinion, un avis personnel, une humeur appartenant au domaine de la doxa ; il n'est pas rémunéré, il ne relève pas d'un code de déontologie et n'est pas titulaire de la « brême » (carte professionnelle). La participation à AV repose-t-elle sur un fond d'altruisme humaniste de partage, d'influence de l'opinion, ou la recherche d'une gratification psychologique ?

Nous sommes en présence d'un champ de pouvoir conflictuel. On devine déjà comment peuvent être les visions de chacune des personnes impliquées : le contributeur - le lectorat - les annonceurs - les donateurs - le propriétaire du média ; certains portent d'ailleurs plusieurs « casquettes ». Le contenu d'AV n'est pas seulement l'affaire des personnes mentionnées, il dépend aussi des modérateurs et des lecteurs qui s'expriment en évaluant les articles, en les commentant, et des lecteurs « silencieux » qui ont cliqué pour lire le contenu ou seulement le parcourir.

Le contributeur, proche du chroniqueur, accomplit un travail individuel, aucune rédaction derrière lui, il propose aux lecteurs de partager un thème, libre aux modérateurs de l'accepter, au site de le mettre en ligne et au lecteur de le lire ou ne pas le lire. Le « courrier des lecteurs » en instantané peut contribuer à une fertilisation croisée et venir enrichir la réflexion ou dénaturer l'inter-relation établie. Les grilles de lecture sont souvent divergentes, chacun sait que le mot arbre n'évoque pas la même chose à tout le monde, le mécanicien, le poète, le bucheron ou le botaniste en ont tous un sens connoté. Certains aigris, frustrés, envieux, semblent ne tremper leur plume que dans le fiel, pourquoi sont ceux qui ne proposent jamais un « article » ? Sommes-nous en présence de critiques émises pour ne pas avoir à reconnaitre leur mal être existentiel et que nous avons tous besoin de « juger », de satisfaire notre curiosité, voire de nous évader d'un quotidien morne et insipide ?

Gratuité ne veut pas dire désintéressement, le fonctionnement d'un site qui nécessite ne fusse qu'un seul employé, a besoin de rentrées financières, nous sommes dans une logique économique. AV fait appel à la publicité et aux donateurs pour subvenir à ses frais de fonctionnement, puis il compte sur les contributeurs bénévoles pour la fourniture des articles. Avez-vous d'autres idées à proposer à part les petites annonces et sauf à vouloir détourner AV de sa fonction première en l'accaparant ? Cette gratuité n'est pas de la philanthropie, on pourrait paraphraser maître renard, tout lecteur lit aux dépens de celui qui écrit et qui publie.

La valeur d'un article, d'un livre ou d'un magazine n'est pas le reflet de son prix, elle repose sur le contenu, sa pertinence et l'intérêt que l'on y porte. En France, on a tendance dans une certaine partie de population, à déprécier ce qui est gratuit, il nous suffit de prendre l'exemple de l'école publique... Le client qui paie pour acheter son quotidien ou magazine habituel sans mot dire (ou le maudire), a la presse qu'il mérite puisqu'il l'entretient par sa contribution sonnante et trébuchante, et qu'il ne veut pas se déjuger. Dans le cas d'AV, le contenu est offert au lecteur gracieusement, si le contenu lui déplaît, libre à lui de passer son chemin pour se rendre au bar du coin afin de deviser avec un client lambda et cracher sa vindicte. Cet aspect qui reste incontournable pour l'instant, oriente tout le contenu et « camisole » le média. Si on n'y prend garde, AV risque d'avoir atteint sa limite d'audience(plafond de verre pour être dans l'air du temps). La diversité rédactionnelle est très restreinte, toujours les mêmes et sempiternels sujets. La publication le même jour de deux articles portant sur les mêmes sujet ad nauseam et par les mêmes personnes (prennent-elle le temps de dormir ?) donne à penser que les contributeurs manquent, que la modération fait défaut ou est submergée. Il suffirait parfois de vérifier qui est le contributeur et sur quels autres sites il publie pour en dresser un portrait chinois (qui n'en a que le nom) révélateur.

Que penser de ces « auteurs » qui proposent des articles rédactionnels (pub déguisée), de la publicité pour une banque..., ou un article plagié et qui s'étonnent de ne pas être publiés ? La modération est un garde-fou rendu nécessaire, mais le contributeur évincé a besoin de comprendre pourquoi on censure son travail. Tout n'est pas encore perdu pour l'auteur de l'article refusé ou qui traîne en « modé », il peut le proposer ailleurs (ce ne sont pas les sites qui manquent s'il n'est pas trop regardant...), le poster sur son blog, ou de les compiler avant de partir à la recherche d'une maison d'édition.

On fidélise un lectorat en n'écrivant pas pour soi ni pour la masse (propagande), sauf à être soumis à son égo ou à une idéologie, mais à son adresse afin de satisfaire un « désir » en partageant avec lui des informations différentes de celles que l'on peut lire ailleurs, n'est-ce pas là une marque de respect ? Les Agoravoxien(ne)s sont une représentation d'une réalité, si on veut sortir du moule actuel et de la morosité ambiante, il faut proposer une information digne de cette appellation et pourquoi pas divertissante (l'expression need to know et le nice to know résume assez justement mon approche, j'entends déjà certains éructer), sans oublier de la hiérarchiser, ce qui n'est pas une sinécure.

Le média doit s'efforcer de « coller » aux désidérata du plus grand nombre de lecteurs, ce qui doit être possible en faisant mouliner l'ordinateur sur les thèmes, les scores de lecture et le nombre de commentateurs (pas le nombre de réactions). Les articles de vulgarisation portant sur les sciences techniques ou humaines sont tout aussi rares que les femmes qui y sont sous représentées et trop souvent vilipendées. La « tambouille » actuelle me fait penser à un pot-au-feu auquel le chef aurait oublié d'y ajouter une pincée de sel. Des alliances et des rivalités de circonstance se nouent en coulisse en absence de toute éthique. Leur credo je t'attire afin de mieux te phagocyter.

La véritable question qui se pose, comment participer à un organe démocratique non dominé par un groupe quelconque afin de ne pas étouffer la libre expression ? On ne peut demander aux seuls contributeurs de vaincre les freins à l'extension du lectorat et assurer la modération (encore faut-il disposer de suffisamment de temps, idem pour répondre aux commentaires, et à condition que le contributeur est coché la case pour être averti de chaque nouveau post...), c'est la tâche de la communauté agoravoxienne, à la fois maître et esclave du média (relire La dialectique du maître et de l'esclave, Hegel, si vous en avez le loisir). La lecture comme l'écriture est une drogue dangereuse, et pour certains d'entre-nous un remède à la « bobologie » sociétale. Quelques uns semblent venir sur AV pour soigner leurs bleus à l'âme, cela n'en signifie pas pour autant qu'il leur faille espérer des miracles, sauf à être déçus. C'est la dose qui fait le poison.

Aucun média n'inspire autant de réactions et de procès d'intention que les médias gratuits. Souvenez-vous de l'arrivée des journaux gratuits et des manifestations qui en a résulté. Les autoroutes de l'information ont créé une demande, Agoravox a créé une « niche », mais aussi et surtout une culture qui donne sens à cette aventure qui rassemble des positions divergentes parfois scabreuses, car on n'a pas appris aux intervenants venant d'horizons différents à s'écouter et à se parler les uns les autres. Petit espoir..., les médias finissent toujours par échapper à leurs créateurs et par adapter leur fonctionnement aux réalités qui surgissent, on pourrait parler d'émancipation. Avec Internet et la possibilité d'accéder à distance de n'importe quel coin du monde à un média a de quoi inquiéter, surtout s'il est gratuit, sans abonnement et qu'il permet l'anonymat (des participants ont proposé que le code indispensable pour accéder à l'espace modération ne soit plus communiqué par courriel, mais par lettre à l'adresse postale de l'impétrant et valable pour un durée déterminée afin d'assurer un renouvellement continu de la modération).

Le multimédia permet à chaque média de se surpasser et de se démarquer, ne voilà-t-il pas un beau défi a relever et une invitation au libre partage ? Aucun d'entre-nous n'est indispensable, le contributeur propose, la modération dispose, et le directeur de publication décide, mais c'est souvent courir des risques biens plus grands que de ne pas savoir en prendre.


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