Armement : les armes légères
La
catégorie des armes légères englobe toute arme individuelle ou
collective qui peut être transportée et utilisée par un homme seul
ou par un petit groupe. «les armes légères, bon marchés,
faciles à utiliser, à dissimuler, à transporter, alimentent de
nombreux conflits régionaux armés et favorisent le crime organisé
ainsi que le terrorisme. (...) Plus de 80 millions d'armes
légères en circulation dans le monde sont responsables de 90 % des
victimes des conflits armés ».
L'arme
à tir courbe (la
bombarde utilisée pour la première fois en 1454 lors du siège de
Constantinople)
permet d'atteindre un objectif entouré par des obstacles le
protégeant d’un tir direct. La plus connue est sans conteste le
mortier,
une pièce d’artillerie dont la caractéristique est de
pouvoir tirer un projectile sous un angle de plus de 45° dont
l’angle de chute approche la verticale. Le fait pour le projectile
de pouvoir passer par dessus les obstacles environnants séparant le
poste de tir de sa cible, nécessite une certaine hauteur qui est
fonction de la distance des obstacles. Cette
trajectoire de sécurité correspond à
environ 100 mètres de hauteur pour une distance de 100 mètres et à
300 mètres de hauteur pour une distance de 400 mètres.
Les
mortiers sont classés en trois catégories selon leur diamètre :
mortier léger (40 à 60 mm), moyen (70 à 90 mm) et lourd (120 mm) ;
la longueur du tube varie de 10 à 20 fois le diamètre. Un mortier
de 60, une douzaine de kilos, peut expédier un obus de 1,5 kg à
1600 mètres, un mortier de 81 mm tire jusqu'à 4.700 mètres, quant
à celui de 100 il tire un obus de 7 kilogrammes à 10 kilomètres.
Le mortier se compose de 3
parties : le tube à âme lisse qui reçoit
le système de pointage est supporté par un bipied et une
lourde plaque de base pour prévenir l’enfoncement de la pièce
dans le sol. L'arme chargée manuellement par la bouche tire un
projectile subsonique stabilisé par un empennage, cadence de tir ?
une quinzaine de tirs minute. Le mortier commando (50 mm) d'un poids
d'une dizaine de kilos utilisable par un seul homme tire un
projectile à 1000 m (charge 2). A mentionner le mortier à main
israélien de 2 pouces d'un poids de 8 kg, portée 130 - 420 m, conçu
pour l'appui rapproché.
Le
projectile agit par l'effet de souffle dû à la déflagration de
la charge et par éclats suite à la rupture de l’enveloppe.
L’effet de souffle a une efficacité relativement faible sur le
personnel, par contre l’effet dû aux éclats a une grande
efficacité contre les personnes. Lorsque l’obus éclate au sol,
son efficacité et sa zone meurtrière dépendent de l’angle
d’impact et de la nature du sol puisqu’une grande partie de
l’effet de souffle passe trop haut ou trop bas. Un projectile
arrivant avec une trajectoire verticale permet une meilleure
répartition de la fragmentation. Pour un obus de 81, la zone
dangereuse couverte est d’environ 40 mètres. Pris
sous un tir de mortier il ne faut surtout pas chercher à courir mais
immédiatement se plaquer au sol. Les éclats d’un obus se
repartissent en trois gerbes : la gerbe d’ogive peu dense projetée
vers l’avant - la gerbe de culot qui projette de gros éclats peu
nombreux sur arrière - la gerbe latérale, la plus importante,
constitue une nappe perpendiculaire à la trajectoire.
Le
nombre restreint de pièces composant un mortier et sa simplicité en
font une arme facile à transporter et à mettre en batterie. Une
équipe peut lancer une dizaine d’obus, démonter l’arme et
quitter les lieux avant même que le dernier obus atteigne sa cible.
Il est également peu coûteux et facile à construire. Cet aspect
d’arme rudimentaire avait séduit des membres de l’IRA qui
fabriquèrent un mortier multitubes monté sur un véhicule et leur
permit de commettre l’attentat de Newry (28-2-85). Les projectiles
étaient des bouteilles d'oxygène bourrées de 20 kilos d’explosif
!
Durant
la première Guerre Mondiale, la grenade était dévolue aux
actions de : défense et combats dans les tranchées ou boyaux -
nettoyage pour éliminer toute résistance - exécution de coup de
mains - piégeage pour retarder ou désorienter l’ennemi. Une
grenade ne peut être lancée à la main qu’à une distance
modeste, même si l’on gagne en distance avec une grenade à
manche, la distance de jet peut se révéler trop courte pour
certains usages. La zone vulnérante des éclats est d’une
vingtaine de mètres tandis que les éclats sont dangereux jusqu'à
une centaine de mètres. Comme le lanceur moyen lance sa grenade à
30 mètres, il se doit d'être à couvert (on
peut la lancer plus loin en la fixant au bout d'une cordelette que
l'on fait tourner à la manière d'une fronde avant de tout lâcher).
Si l’on désire un jet de plusieurs centaines de mètres on utilise
un lance-grenade.
L'intérêt
majeur des : «
grenades à fusil ou encartouchées est de pouvoir disperser
instantanément un nombre important de projectiles dispersés sur une
zone d'environ une dizaine de mètres de rayon (nda : AP/AV 40),
zone qui nécessiterait plus d'un chargeur de FA pour être
traitée »,
ou de percer le blindage (100 mm ou 360 mm de béton) d'un VAB
distant de 100 m. Si la munition tirée crible de projectiles une
large zone même avec une précision amoindrie, elle peut aussi
permettre de retourner la situation. Des
terroristes se sont révélés très ingénieux en utilisant un
lanceur pour ball-trap, une arbalète, un fusil harpon, un
lance-fusée ou un lance-amarre, certains ont fabriqué des
propulseurs avec un fusil de chasse et une cartouche débarrassée de
ses plombs...
Au
mois de février 1915, les Allemands furent les premiers à utiliser
un lance-flammes contre les positions françaises à
Mélancourt ! L'arme destinée à accompagner l'assaut de
l'infanterie comportait deux réservoirs cylindriques, l'un rempli
d'un mélange inflammable, l'autre de l'azote sous pression (gaz
propulseur), un allumeur enflammait le jet liquide à la sortie de la
buse. Cette arme individuelle d'un poids d'une vingtaine de
kilogrammes capable de brûler vif les hommes, de consommer
l'oxygène d'un local, de détruire les matériels et de bouter
l'incendie à des structures a une portée d'une vingtaine de mètres
(le vent affecte les conditions d'utilisation), distance qui passe à
soixante mètres avec l'ajout d'un gel épaississant au fuel. Une
capacité de 17 litres permet trois ou quatre tirs ou 7 secondes
environ et en continu. Le combustible épais (napalm), difficile à
éteindre, peut s'infiltrer par les petites ouvertures et «
colle »
sur sa cible. Cette arme facile de
fabrication interdite par la Convention de Genève est encore parfois
rencontrée...
Le
Lance Roquette Antichar (bazooka, RPG, LAW, Carl-Gustav, etc.)
tire une roquette à charge creuse guidée par un tube.
Le LRAC se compose : d’une enveloppe - d’un dispositif
d'amorçage - d’un dispositif de propulsion. Le dispositif
d'amorçage est constitué par une fusée qui peut être à
fonctionnement : instantané (percutante) - à temps - de proximité
- à double effet : percutante et fusante. Cette arme épaulable est
dérivée du canon sans recul, le principal obstacle à vaincre pour
l'adapter au Combat Rapproché Anti-Char fut de parvenir à compenser
le recul de l’arme, plus le projectile est lourd, plus la vitesse
initiale doit être élevée, ce qui entraîne un recul (loi de
Newton sur l’action et la réaction).
La première idée qui vint à l'allemand Krupp en 1930 fut de
compenser ce recul par un second projectile s'échappant sur
l'arrière, idée abandonnée le jour où l’on découvrit qu’une
masse de gaz à grande vitesse s'échappant sur l'arrière du canon
(effet Venturi) pouvait venir remplacer le second projectile,
principe appliqué sur les Panzerfaust.
Le
RPG 7 qui pèse 7 kilogrammes pour une longueur inférieure à un
mètre est capable de tirer 5 coups par minute ; porté 500 mètres
(le
14-9-81 des membres de la RAF ont tiré une roquette contre la
voiture du général Frederick Kroesen, le commandant des forces
Américaines en Allemagne). Le LAW qui est télescopique
pour réduire son encombrement est à usage unique (le
combattant peut en transporter plusieurs). Le mode de mise à
feu électrique rend facile la construction d’un tube lanceur ou
d’une rampe de guidage ; les activistes utilisèrent durant la
guerre d'Algérie, une gouttière calée avec un tabouret pointée en
direction du bureau du général Salan, la ligne électrique pour la
mise à feu passait dans la cage d’escalier.
Quel
qu'en soit le type, des impératifs de tir sont à respecter :
· un tir en relevant la
bouche de l’arme peut présenter des risques pour le servant,
flamme arrière déviée par le sol ;
· le tireur se doit à
disposer de quelques mètres libres dans son dos afin de permettre
l'échappement des gaz ;
· l’obstacle arrière
risque d'entraîner le rebondissement de la capsule et du couvercle
de fermeture éjectés lors du tir ;
· la hauteur sous
plafond doit être supérieure à deux mètres ;
· si le volume du poste
de tir est inférieur à une vingtaine de mètres cubes, il ne faut
pas effectuer plus de trois tirs à intervalles très brefs (risque
d’intoxication).
L'autre
reproche à l'égard du LRAC tient au fait qu'après le lancement, la
roquette n’est plus guidée, c’est la différence avec un missile
dont l'évolution est corrigée à distance (filoguidé) ou qui se
dirige sur une source de chaleur de façon à atteindre plus sûrement
l’objectif. Un lance missile épaulable : SA-7, Stinger,
etc., représente une sérieuse menace contre les blindés et les
aéronefs volant à base altitude. Autres armes pouvant être mises
en œuvre par une personne seule, les pièges, les mines et les
engins téléguidés. Le «
leichter
Ladungsträger
»
(véhicule léger de démolition) filoguidé propulsé par un moteur
électrique et construit à près de 2.000 exemplaires à partir de
1942 connu sous le nom «
Goliath
»
ou
«
Gerät
67
»,
transportait une charge de 80 kg d'explosif et pouvait parcourir une
distance de 1.500 mètres à la vitesse de 100 km/h. Ironie de
l'histoire, cette arme fut dérivée directement d'un prototype
réalisé par le Français Kégresse, prototype récupéré par
l'occupant dans la Seine au mois de juillet 1940 !
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