Le
premier saut militaire français fut accompli par Constant Duclos le
17 novembre 1915 à partir d'un ballon et d'une altitude 1.000 mètres
avec un parachute Bonnet (85 m2). Ce fusilier-marin allait effectuer
23 sauts afin de démontrer aux aérostiers et aux observateurs
aériens la fiabilité du parachute. Au mois de septembre 1918, le
commandant Evrard « arrache » à l'État-major la création d'une
équipe de 8 parachutistes pour faire sauter une ligne de chemin de
fer et des centrales électriques dans la vallée de la Meuse. La fin
du conflit va rendre cette mission caduque. La Première Guerre
mondiale terminée, le parachute a sauvé la vie à plus d'une
centaine d'aérostiers ! Si le premier saut en parachute à partir
d'un aéroplane en vol a eu lieu le 1 mars 1913 à Saint-Louis
(Missouri) d'une altitude de 500 m, capitaine Albert Berry, les
pilotes de la Grande Guerre n'en furent jamais équipés !
Le
10 juin 1929, un sous-officier appartenant au 33° Régiment
d'aviation saute lors d'une fête aérienne à Mayence en présence
des troupes alliées. L'année suivante, un stick d'une dizaine de
parachutistes est largué derrière le dispositif ennemi au cours des
grandes manœuvres, mais l'État-major français ne croît guère aux
possibilités de cette nouvelle technique aéroportée. En 1935, la
France n'excluant pas la possibilité d'un nouveau conflit avec
l'Allemagne, l'État-major expédie trois officiers en URSS dans le
cadre d'un rapprochement Franco-Soviétique avec pour mission
d’étudier le parachutisme militaire soviétique appliqué au
sauvetage individuel des aviateurs en difficultés. Pour en être
breveté, il faut accomplir 12 sauts, le premier en ouverture
automatique (OA), les huit suivants en ouverture commandée (OC) et
les trois derniers en ouverture retardée (OR) de 3", 5" et
8 secondes.
Le
capitaine Geille est chargé le 12 septembre 1935 de créer le Centre
d'Instruction de Parachutisme. Selon la directive du ministre de
l'Air : « il
s'agit de former les futurs cadres qui seront ensuite chargés de
l'instruction du personnel naviguant
». Fin 1935, une centaine de stagiaires provenant pour partie de
l'armée de l'Air et de l'Aéronavale est rassemblée à
Avignon-Pugaut. Le Centre dispose de deux appareils, un Lioré &
Olivier 20 et un Potez 25, les « pépins » sont des Irvin
type X (à
voile d'abord de 58 m2,
vitesse de descente 7 m/s)
qui ont subi une série d'essais au Service technique de
l'aéronautique à Garches. Le 20 mars 1936 douze élèves sont
brevetés moniteurs.
En
octobre 1936, le ministre Pierre Cot signe le décret officialisant
la formation d'unités parachutistes, les Groupes d'Infanterie de
l'Air. Les GIA sont : « destinés
à transporter par avion et à débarquer par parachute en territoire
ennemi des détachements d'infanterie
». Le premier
stage, d'une durée de trois mois, regroupe une trentaine d'hommes
qui va former l'ossature de l'instruction. Le brevet N°1 fut remis
début février 1937. Pour être breveté parachutiste, il faut
accomplir douze sauts d'une altitude de 600 mètres. Au mois d'avril,
la promotion suivante saute d'un Potez 650, un aéronef capable
d'emporter 16 «
paras ».
Lors de la fête de l'air à Villacoublay, les visiteurs sont
stupéfiés, quarante parachutistes semblent «
flotter »
dans le ciel !
Au
cours des grandes manœuvres de l'été 1937, deux cents
parachutistes s'emparent du pont Mirabeau et quelques semaines plus
tard d'un poste de commandement divisionnaire et à en capturer le
général et son état-major. La France dispose alors du 601° GIA
créé le 1 avril 1937 à Reins et du 602° en Algérie. L'URSS
dispose elle de 36.000 parachutistes regroupés en unités de 500
hommes, les instructeurs sont formés à Touchino, les
Allemands disposent eux du 1er régiment de fallschimjager
qui sera bientôt suivi d'une division de chasseurs parachutistes. En
1938, un Français, le sergent-chef Fritz, enchaîne 12 sauts en 1h35
et le commandant Geille accompli un saut d'une altitude de 35 mètres
avec un parachute à voile d'abord (suspentes d'abord = avion
rapide).
Lorsque
la Seconde Guerre mondiale éclate, l'arme parachutiste n'est pas
opérationnelle. Les parachutistes vont constituer quatre Groupes
Francs et se battre dans les Vosges aux côtés des Chasseurs Alpins.
Les deux GIA sont dissous par Vichy. Le 25 juin, le capitaine Bergé
qui a réussi à s'évader et à rejoindre Londres, demande audience
au général de Gaulle. Il est convaincu de la nécessité de la
création d'une unité parachutiste de la France Libre. Reçu par
Passy au mois de juillet, celui-ci lui demande de rédiger une note
de synthèse. Il s’agit de créer une compagnie parachutiste
rattachée à l'armée de l'Air et orientée vers deux types
d'activités, les missions individuelles destinées à la recherche
du renseignement et les missions collectives avec des coups de main
sur les arrières de l'adversaire en territoire occupé. Après
lecture du mémorandum, le général de Gaulle donne son accord. Le
15 septembre 40, la 1° compagnie d'Infanterie de l'Air de la France
Libre est portée sur les fonds baptismaux, elle est composée de
deux officiers, quatre sous-officiers et de vingt hommes du rang.
Le
premier agent français est largué dans les environs de
Fontainebleau au clair de lune dans la nuit du 20 au 21 octobre 1940
afin d'évaluer la possibilité de l'implantation d'un réseau. Le
mois suivant, la compagnie rejoint le centre parachutiste de Rinway
pour y suivre un stage d’une durée de deux semaines. Pour en
recevoir le brevet, il faut accomplir six sauts en ouverture
automatique, le premier s'effectuant par la trappe d'un bombardier
Whitley.
Autre particularité, le parachutiste n'emporte pas de ventral
(parachute de secours) ! Les premiers volontaires français reçoivent
leur brevet britannique à Noël.
Dans
la nuit du 16 mars 1941, cinq parachutistes de la France Libre
sautent au-dessus de la Bretagne occupée. La mission « Savanna »
consiste à attaquer, par surprise, un car circulant sur la route de
Vanne en direction de l'aéroport de Meuçon avec à son bord des
observateurs de l'armée allemande. Ces observateurs sont tous des
spécialistes de la navigation aérienne de nuit, ils sont chargés
de tracer la route aux bombardiers qui ensuite déchargeaient leurs
cargaisons de bombes incendiaires sur Londres ! Suite à une erreur
de largage, l'équipe se retrouve à une dizaine de kilomètres de la
Dropping
Zone
(zone de saut) prévue ! Après 72 heures de surveillance, les hommes
qui transportent chacun 10 kilos d'explosif doivent se rendre à
l'évidence, l'autocar n'emprunte pas ce tronçon d'itinéraire. Ils
ignoraient alors que le renseignement de l'Intelligence
Service
datait du mois de janvier et il était pé-ri-mé !
L'agent
largué en territoire occupé est vêtu d’une combinaison de saut
et emporte : des faux papiers d'identité - une dague commando - des
rations - une lampe torche - une trousse de premiers secours - une
carte d'évasion - ainsi qu'une minuscule boussole. Parvenu à
proximité de la DZ, l'agent s'assoit au bord du puits de largage,
les jambes dans le vide, et au signal lumineux se laissait glisser
hors de l'appareil d'une
hauteur d'environ 500 pieds (environ 150 mètres). Pas question en
opération pour le largueur de «
balancer »
un mannequin dériveur qui permet d'estimer le point de largage ou
point théorique d'ouverture. Le Siki
ou Sikki
et sur lequel beaucoup de passionnés s'interrogent..., est apparu
dans les années vingt au Service Technique d'Aéronautique lors des
tests du parachute de la société Blanquier. Pour s'affranchir du
Sikki,
on calcule la longueur de la DZ avec la formule D = R.T : D
correspond à la distance en mètres - R à un rapport liée à la
vitesse de l'avion (V. 0.51) - T la durée. Supposons que la mission
consiste à larguer un stick de 12 parachutistes à partir d'un
appareil volant à 110 nœuds (185 km/h). Sachant qu'il faut 6
secondes pour que les 12 parachutistes quittent l'avion, la DZ devra
avoir une distance de 336 mètres (110 nœuds x 0.51 x 6) à laquelle
on ajoute par mesure de sécurité, 100 mètres à chaque extrémité
de la DZ.
Lors
de sa descente, le parachute subit la force du vent, d'où une dérive
latérale. La vitesse du vent ne doit par ailleurs pas dépasser
certaines limites, en temps de paix et selon qu'il s'agit d'un saut
sur terre, sur mer, ou d'une charge, la vitesse maximum au sol varie
de 13 à 17 nœuds (30 en altitude). Il faut donc prendre en compte
l'influence du vent : D = K.A.V, ou K correspond au coefficient de
finesse de la voile (parachute), il vaut environ 4 pour un parachute
standard (il peut atteindre 10 pour les voiles à caissons) - A est
l'altitude en pieds - V la vitesse du vent en nœuds (1.852 m).
Prenons les valeurs suivantes : vitesse du vent 10 nœuds et altitude
de 800 pieds (D est égal à 328 mètres 4 x 8 x 10), si le vent
souffle du sud-est, un premier point est tracé dans cet axe et à
une distance de 328 m.
«
Le
stage qui dure 2 ou 3 semaines en 1940-41 pour effectuer 6 sauts,
sera réduit à une semaine et à quatre sauts dont un à partir de
ballon et un saut de nuit
» (Franck Lambert). Au mois de juillet 41, la compagnie est divisée
en deux pelotons, vingt-cinq parachutistes partent pour Exbury
y suivre un stage d'agent de renseignement avant leur affectation au
BCRAM dirigé par le colonel Passy. Le second peloton qui a reçu une
instruction commando va donner naissance à la 1° compagnie de
chasseurs parachutistes de la France Libre et rejoindre le Special
Air Service
en Égypte en fin d'année. Le
French SAS
va détruire 38 avions en Cyrenaïque et participer à un raid contre
l'aéroport d'El-Alamein en juillet 42. Dans la poche d'André
Zirnheld, un parachutistes de la France Libre tué au combat en
Lybie, un texte, celui-ci va devenir «
la Prière du parachutiste ».
La
capacité à ravitailler une armée combattante en vivres, munitions
et équipement reste un élément essentiel logistique, une division
par exemple, a besoin de plusieurs milliers de tonnes/jour ! Lors du
premier trimestre 1942, les forces allemandes sont bloquées par
l'Armée rouge près de Kholm par une température de - 30°C !
Pendant près de trois mois, des Junkers vont leur aérolarguer des
vivres, des munitions et des médicaments indispensables à la
poursuite des combats. Les premiers ravitaillements parachutés
franco-anglais eurent lieu sur la Somme et la Marne au cœur de l'été
1918.
Lors
du débarquement en Normandie, les parachutistes de la 1° Armée
aéroportée alliée, la plus grande formation de l'histoire,
s'emparent des points névralgiques (les Allemands furent les
premiers à utiliser les troupes aéroportées massivement au mois de
mai 1940 lors de l'invasion des Pays Bas. Celui en Crête fut un
échec, Hitler déclara : « l'ère des troupes aéroportées est
terminée »). La guerre terminée, les parachutistes sont
rattachés à l'armée de Terre, l'École des Troupes Aéroportée
(ETAP) ouvre ses portes en 1946 dans la région de Pau. Le Brevet
Militaire Parachutiste (une qualification Interarmées) est créé le
1 juin. Le général De Lattre impose en 1947 le béret amarante
«couché» à gauche, la légion reste fidèle au béret vert ainsi
que les commandos marines, mais «couché» à droite (à la
britannique) pour ces derniers. Une base de données contenant
600.000 dossiers d'agents de la FL, de résistants et internés est
disponible à l'adresse :
https://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/fr/arkotheque/client/mdh/base_resistants/index.php.
NdA
: certaines précisions varient selon les auteurs, les sources et les
époques... J’ai pris cependant le parti, comme d'habitude, de les
maintenir non pour faire œuvre d’historien, ce que je suis pas,
mais uniquement servir de jalons ou de repères.
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