À
MORT LES TOUBABS ! (6 )
Mars
2005, des jeunes lycéens qui manifestaient pour un problème
concernant leurs études avaient été sauvagement agressés et
détroussés par des jeunes noirs, au cri de "A mort les
toubabs". Quelques semaines plus tard, les hommes politiques
tous bords confondus, se retrouvaient face à une dérive identitaire
communautariste afro-antillaise dont les revendications reposaient
sur la reconnaissance et la réparation liées à l'esclavage, et en
pointillés, celle de la colonisation. L'élue de Guyane Christiane
Taubira ( à l'origine de la loi du 21 mai 2001, qui reconnaît la
traite des blanches et l'esclavage comme crime contre l'humanité) a
déclaré à la revue Technikart de février 2006 " La crise des
banlieues n'est pas finie. Et encore, je trouve que les gens sont
raisonnables compte tenu de ce qu'on leur fait subir depuis deux
générations."
La
France semblait découvrir le ressenti d'une partie de la population
noire qui compte environ 5 millions de personnes et la radicalisation
d'une minorité de jeunes nés pour la plupart de parents originaires
d'Afrique noire ou blanche. Chaque partie dénonçant la violence que
l'autre lui fait subir, violence (économique, sociale, etc.) subie
qui à son tour "justifie" en retour le recours à la
violence. C'est par exemple le credo d'une franche des "Indigènes
de la République" (certains se désignent eux-mêmes comme des
Afro-européens) qui assimilent peu ou prou les conditions de vie des
banlieues à l'exploitation coloniale. Toute diminution d'agressivité
verbale serait interprétée comme un signe de soumission. Cette
pensée fortement ancrée dans certains esprits est responsable en
partie de la chute du tourisme dans les Caraïbes. Certains employés
dans le secteur de l'hôtellerie refusent
de servir le touriste sous le prétexte qu'il s'agit d'un rapport de
maître à esclave. De nombreuses associations regroupant des
Antillais, des Guyanais et des réunionnais, n'hésitent pas à propos
de certains mouvements identitaires, à parler de racisme anti-blanc,
et certains penseurs et philosophes, de francophobie.
Depuis
quelques années, les propos discriminatoires à l'égard des blancs
fleurissent : face de craie, fromage blanc, sale blanc, etc., et
certains rappeurs n'hésitent plus à appeler à la violence. J.
Gerardin avait déjà écrit " Rien n'empêche le blanc d'être
un sale blanc". Tous les militaires connaissent l'importance du
diminutif pour désigner un
adversaire et ainsi le reléguer au rang infra humain. Face à cette
"psychose", la marque Banania décidait début 2006, de
supprimer sur ses boites de cacao, le visage épuré et modernisé du
tirailleur sénégalais qui avait rappelé à toute une génération
ce que la France doit à ces hommes. Comme si la colonisation et
l'instruction étaient la cause de tous les maux. N'y a-t-il pas
plusieurs vérités? Sur une photo de l'équipe de France de
football, je peux y compter 7 noirs sur 11 joueurs, dois-je y voir
une discrimination du sélectionneur à l'encontre des blancs ou une
supériorité footballistique noire? La différence entre la
discrimination, le racisme (la supériorité d'une race), le
racialisme (la différence entre races), la xénophobie, reposent
avant tout sur une lecture subjective des paradigmes et des
stéréotypes.
En
ce qui concerne les français des DOM - TOM, il ne peut s'agir d'une
question de nationalité, ils sont Français, mais d'une question de
couleur doublée d'une question d'appartenance communautaire à
propos de laquelle BHL a dit " Il y a cette idée bizarre
aujourd'hui selon laquelle il faudrait revendiquer je ne sais quelle
supériorité dans la souffrance". Max Gallo, las des
perpétuelles repentances, écrit dans son essai, Fier d'être
Français : "Honteux de notre passé, nous sommes condamnés non
seulement à la repentance, mais à nous désagréger, à nous
diviser, à capituler, à mourir dans l'aigreur, l'amertume, la
haine." Il discerne dans la notion de Patrie : "le seul
moyen d'empêcher que notre société n'éclate en tendances
hostiles, au risque d'une violence que nul n'imagine."
Ces
mouvements identitaires semblent oublier la responsabilité black -
blanc - beur dans ce triste épisode de l'histoire. Qu'est-ce qu'un
Français dont les grands-parents étaient, a fortiori, originaires
d'un autre pays, a à voir avec la traite africaine (Africains qui
vendaient d'autres Africains), la traite orientale (négriers
musulmans) ou la traite atlantique organisée par des Américains,
Anglais, Français, Hollandais? Seul dénominateur commun, les
victimes en ont été les Africains.
La
société française n'est plus seulement confrontée à des
"sauvageons" sifflant la Marseillaise dans un stade. Les
renseignements généraux recensaient au début des années 2000,
mille quartiers difficiles et 435 meneurs de bande. L'augmentation
des actes de délinquance imputables aux jeunes est bien réelle. On
est passé de 66.540 mineurs mis en cause en 1972, à 175.000 en
2000. Si on prend les enquêtes de victimisation établies à partir
d'un échantillon de 30.000 personnes, les chiffres seraient à
multiplier par quatre! Les récidives sont estimées, selon la
tranche d'âge, à 65% et 75%, et les chiffres
des réitérants(délinquants
qui n'ont pas été arrêtés ou condamnés) ne sont pas connus...
Les spécialistes évoquent la théorie des 5%. Cela signifie que 5%
des jeunes d'une même ville ou cité sont responsables de 50 à 80%
(valeur interpolée qui semble être inspirée de la loi de Paretto)
des infractions commises. Cette minorité délinquante est
responsable, dans une grande mesure, de la mauvaise réputation des
banlieues et des jeunes qui y vivent. Tous les jeunes issus ou non de
l'immigration ne sont pas tous des délinquants, loin s'en faut. Ils
en sont les premières victimes.
En
janvier 2006, une quarantaine de jeunes répartis en petits groupes
de 5 ou 6 ont semé la terreur à bord d'un train assurant la liaison
Lyon-Nice. Certains seront incarcérés pour agression sexuelle,
violence, menaces de mort. Cette série d'événements n'est pas une
bagatelle et il est toujours dangereux, même par souci d'apaisement,
de minimiser des faits criminels en les qualifiant d'incivilités.
Certains parlent même d'une stratégie sociale laxiste qui
reposerait sur la non-application de la loi, de l'absence d'exécution
ou de l'aménagement des peines. Une telle attitude ne contribue
guère à la responsabilisation, au respect d'autrui, à la
restauration de l'autorité, pas plus qu'elle protège d'un
glissement des violences sociales vers les violences individuelles.
Rejeter
la société des blancs est une façon de dire "je ne veux rien
recevoir de vous et de votre culture" (installation d'une
contre-culture) et se libérer d'une dette. Ensuite, rien de plus
simple que de minimiser les avantages perçus : études (Chaque
collégien coûte environ 12 000 euros/an), santé, allocations
familiales, chômage, et de profiter de la liberté d'expression en
disant, c'est vous qui me devez quelque chose en réparation à ma
présence ici.
Leur leitmotiv,
c'est de "niquer le système" et le refus de se conformer
aux règles sociales. Ils veulent bénéficier des avantages de la
citoyenneté sans son acceptation civique. Il n'est dès lors pas
étonnant de voir des jeunes n'éprouver aucun scrupule à commettre
des actes réprouvés par la morale, tout simplement parce qu'ils
éprouvent et ne ressentent que du mépris pour la société et ses
valeurs. Je veux quelque chose, je m'en empare au besoin par la
force. Un adolescent qui refusait de donner, sous la menace, son
baladeur a été poignardé. Le jeune délinquant vise à
l'instantanéité. Nous sommes loin du crime gratuit commis par le
héros de Dostoïevski ( les possédés) ou de Gide (les caves du
Vatican). Lors de son arrestation, Fofana récitait des versets du
Coran, dévoyant la religion à la projection de ses propres désirs
et support à une bouffée délirante de toute-puissance.
Certains
"humanistes" vont jusqu'à voir en ces jeunes des victimes
de la société, leur trouver des excuses absolutoires, leurs
violences légitimes, et leur accorder plus d'attention qu'à leurs
victimes. "S'ils pouvaient dialoguer avec le diable, ils lui
diraient qu'il a tort, mais que son point de vue est intéressant."
Pourquoi diluer la responsabilité personnelle dans le collectivisme?
À quoi peut bien conduire la culpabilisation qui vise à faire
supporter aux autres le poids de la faute individuelle? Et tant que
l'on y est, pourquoi ne pas assimiler les comportements déviants à
des joutes rituelles tribales du ressort des ethnologues?
Vouloir
à tout prix assimiler l'homme à la société ne peut que conduire à
la destruction de la dite société. Un homme qui commet un délit à
l'encontre d'un autre individu, est condamné au nom de la société,
sanction qu'il va de facto assimiler à la société. S'il veut
ensuite se venger, il va se retourner contre la société et non
contre les magistrats responsables de sa peine. Tout le contraire de
la charia. Si l'individualisation était privilégiée, le rejet
délibéré des valeurs de la société conduirait ce genre
d'individus à l'aliénation, la clochardisation, ou au suicide.
Des
jeunes issus de parents d'origine étrangère connaissent eux aussi
des injustices et n'en constituent pas moins d'honnêtes citoyens.
Ils ont choisi de répondre par l'occultation de situations et propos
négatifs en les retournant en une solution réaliste et positive,
position certainement plus prometteuse d'avenir, à moins que
quelques inconscients "nihilistes" ne viennent ruiner leurs
espérances. Après la guerre froide de nature politique, la société
risque-t-elle de glisser vers une guerre froide de nature civile?
Les
politiques, le Ministère de l'Intérieur et celui de la Défense
vont devoir de plus en plus intégrer dans leurs réflexions sur la
sécurité des personnes, des biens et de la nation, différentes
formes de violence qui ont de plus en plus tendance à
s'interpénétrer: terrorisme, criminalité, "guérilla"
urbaine, affrontements ethniques, religieux, hooliganisme,
vandalisme, etc., et prendre en compte l'augmentation de population,
l'insatisfaction sociale et le malaise civilisationnel engendrés.
A
SUIVRE : L’HÉRITAGE COLONIAL
Le
contenu de ces articles propose d'essayer de comprendre et de rendre
intelligibles la situation que connait la France confrontée à une
présence hostile depuis déjà plusieurs décennies. Cette grille de
lecture ne prétend pas pour autant que les faits avancés puissent
en exclure d'autres. Les propos servant de fil conducteur, aussi
effrayants que manichéens, ne sauraient m'être attribués pour
induire la réflexion du lecteur. Ils relèvent de l'histoire et de
l'actualité.
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