La monnaie est une échelle
d'appréciation de la valeur d'un « bien ». Au début de
l'humanité, l'on procédait au troc, c'est-à-dire à l'échange
d'un bien contre un autre. Le temps passant, on accorda plus de
valeur à une chose qu'à une autre, et il devint nécessaire de
quantifier cette échelle de valeur.
La métallurgie va apporter une
solution, et les pièces apparaissent vers 2 000 ans avant notre ère.
Autre avantage, la monnaie constitue également une réserve de
valeur qui permet de conserver la richesse (thésaurisation) pendant
une certaine période de temps. Vers le VI e siècle avant JC, la
monnaie métallique (or, argent bronze) a une valeur identique à
celle de son poids de métal. Deux-cents ans plus tard, les Athéniens
mêlent du plomb dans leurs pièces d'argent. La contrefaçon sape la
confiance du public. En l'an 308, l'Empereur Constantin le Grand crée
l'Aureus imperial stable, ou Solidus. Cette monnaie va rester intacte
jusqu'au XIe siècle. Un certain Alexis Ie Comnene entreprend de
substituer une partie d'or à une masse égale de cuivre, au fil du
temps le Solidus devient une vulgaire pièce en alliage de cuivre.
La monnaie présente un défaut de
taille qui encourage la contrefaçon. Sa valeur marchande est
supérieure à son coût de fabrication. La naissance en 1360 du
Franc-Or qui, pèse environ 4 grammes, et qui a une valeur faciale
proche du prix d'une livre d'or (490 grs), sera une véritable
aubaine pour les contrefacteurs !
Le papier-monnaie apparaît en Chine,
vers le X e siècle, mais il sera longtemps réservé à usage
interne, l'or et l'argent restant le seul paiement admis pour les
achats internationaux. L'utilisation du papier pour régler des
échanges commerciaux ou se procurer des liquidités à crédit, fera
son apparition en Europe vers le XVII siècle, avec les lettres de
crédit, lettres de change, qui inaugurent déjà la monnaie
scripturale (monnaie transmise par voie d'écriture, dont la banque
assure la convertibilité en pièces ou en billets). Cette pratique
va déboucher sur l'impression de billets (banques privées) qui,
serviront au prêteur à avancer une certaine somme d'argent, contre
la promesse écrite de rembourser la somme avec intérêts. Le trésor
public voyant là, de l'argent lui échapper, émet ses propres
billets avec lesquels il paie ses fournisseurs et ses fonctionnaires
qui sont contraints d'accepter ce papier-monnaie. La Banque de France
créée en 1800, obtient quarante-huit ans plus tard, le monopole de
l'émission des billets pour tout le pays. Battre monnaie reste un
privilège réservé aux États. En 1924, un escroc d'envergure
internationale fit imprimer à Londres pour une, soit disant colonie
Portugaise, 200 000 billets de 500 escudos. Les « vrais-faux »
billets, faillirent bien ruiner le petit Etat Portugais.
Le papier-monnaie ne pouvant guère
être considéré comme une monnaie marchandise. Un billet de X
euros, dollars, ou autre, ne vaut que les quelques centimes de sa
fabrication. Le papier-monnaie est une monnaie fiduciaire,
c'est-à-dire basé sur la confiance. Au début, le papier-monnaie
était entièrement gagé. Sa valeur était garantie par les réserves
en or des États. Dans notre système actuel, le papier-monnaie n'est
plus garanti. En fait, les dépôts à vue sont représentés par une
ligne d'écriture comptable dans les registres des banques.
Le
Golden exchange standard de 1922 marque le recul de l'or par rapport
aux devises. Le krak de 1929 entraine une augmentation du cour de
l'or. Le Président Roosvelt fixe, en 1934, la parité pour le dollar
à 35 $ l'once. La seconde guerre mondiale réduit la production du
métal précieux, lézardant l'équilibre monétaire international.
La signature de l'accord de Bretton-Woods par une quarantaine de pays
en juillet 1944, instaurent le dollar comme la seule monnaie
convertible en or dans les échanges internationaux. Au sortir de la
guerre, les Américains possèdent 80 % des réserves d'or mondiales.
Au début des années soixante-dix, la situation est moins
florissante à cause du haut niveau d'endettement. Les taux de change
deviennent flottants. Le 15 août 1971, Nixon suspend la
convertibilité du dollar. Les résultats sont immédiats. L'once
passe de 35 à 850 dollars dans la décennie. La balance du commerce
extérieur est largement négative pour les USA, sans que cela ne
pose véritable problème. Les dollars payé pour leurs importations
restent dans les coffres de ses banques, permettant de financer le
crédit, avec, un taux d'endettement faramineux.
La profession bancaire est définie
par la loi du 12 juin 1941 " Sont considérés comme banques,
les établissements ou entreprises qui font profession habituelle de
recevoir du public des fonds qu'ils emploient pour leur propre compte
en opération d'escompte, en opérations de crédit, en opérations
financières". Les banques se livrent donc au commerce des
capitaux. Elles proposent une rémunération aux détenteurs de fonds
disponibles, et de crédits aux emprunteurs. La banque travaille
principalement avec l'argent confié par ses clients (entreprises et
public), et dans une moindre proportion, avec leurs fonds propres.
La banque de dépôt qui reçoit
principalement des dépôts à vue et qui consent des crédits à
court terme.
La Banque de France joue un rôle
de superviseur des banques, et peut effectuer des opérations comme
une banque ordinaire. C'est-elle qui tient le fichier national de
tous les comptes ouverts.
Les banques sont soumises à un double
contrôle, celui de la Banque de France et de la Commission de
contrôle des opérations bancaires (COB). Ce contrôle porte sur :
Le système bancaire moderne est fondé
sur les banques à couvertures fractionnaires. Les banques
maintiennent des réserves qui ne représentent qu'une partie des
fonds qui leur sont confiés en dépôts. Cela présente trois
caractéristiques essentielles :
De nos jours, les dépôts à vue ne
sont ne sont garantis que par l'engagement de la banque à les
convertir sur demande en espèces. La banque se doit donc de
maintenir une réserve suffisante. Une gestion saine repose sur un
juste équilibre entre le profit et la sécurité. Grâce à
l'assurance-dépôt limitée à 100 000 euros, les déposants sont
assurés de ne pas perdre leurs dépôts en cas de faillite de la
banque, en principe.
Les banques sont tenues par la loi, de
maintenir une réserve-encaisse minimale. Supposons que vous déposiez
10 000 euros sur votre compte, cela entraine un accroissement de la
masse monétaire. Votre banquier va mettre en réserve, mettons, 20 %
de cette somme. Il va prêter les 8 000 euros restant à un autre
client, qui va, à son tour, les déposer sur un compte. La banque
recevant ces 8 000 francs, va à son tour, en placer 20 % (1 600
euros), et émettre un prêt pour la somme restant, soit 6 400 euros.
Le processus peut continuer, et prendre de l'ampleur (chaque écriture
représente 80 % de la précédente. Bien évidement, la masse
monétaire n'aura, elle, augmenter que du dépôt initial de 10 000
euros.
Le processus peut être inversé. Vous
allez à la banque et vous retirez 10 000 euros en espèces que vous
conservez dans un coffre. Cela entraine une baisse de 2 000 euros de
la réserve obligatoire, mais également une diminution de sa réserve
réelle de 10 000 euros, ce qui l'amène à 8 000 euros en dessous du
montant que la banque doit détenir en réserve. La banque va alors
refuser d'accorder de nouveaux prêts jusqu'à ce que sa réserve
atteigne de nouveau 8 000 euros. Si les particuliers se décident à
retirer la totalité de leurs dépôts à vue et à en conserver chez
eux le montant pendant quelques semaines, le système financier
serait très fortement ébranlé. En période de doutes, les banques
préfèrent conserver une réserve excédentaire, et l'argent devient
"rare".
En cas de crise ou d'inflation, le
consommateur peut décider de sacrifier la commodité de la monnaie
et opter pour un autre type de valeur de réserve (or, terre,
habitation, voire une monnaie virtuelle). Le gouvernement doit garder
le contrôle de la masse monétaire indispensable à la stabilité
économique. La Banque de France est une banque particulière. Elle
offre des services comme ceux qu'offrent les banques à leurs
clients, mais son profit n'est pas son principal motif. C'est
l'intérêt national qui prévaut. Elle peut influer sur les réserves
des banques à charte, en vendant ou en achetant des titres et des
obligations. Il s'agit d'opérations sur le marché libre.
L'actif de la Banque de France est
constitué en grande partie d'obligations, de devises, en réserve
or. Une grande part de la réserve des banques à charte (licence)
est détenue par la BdF sous forme de dépôts à vue, ce qui a pour
effet de faciliter les opérations de compensation. L'opération de
compensation donne lieu à deux écritures, une pour le dépôt
(actif), et une pour le débit (passif).
Le crédit peut concerner des
marchandises livrées par le fournisseur qui consent un délai de
paiement à son client, ou être un crédit monnaie qui est du
ressort d'une banque ou d'une grande enseigne (crédit revolving). La
base du crédit repose sur la confiance d'où l'origine du nom, qui
vient de credere, qui signifie "croire".
en fonction des garanties :
suretés (hypothèque immobilière, gage sur des marchandises,
nantissement (gage sans dépossession), cautionnement, aval en
matière d'effet de commerce;
d'après sa destination économique
: à la consommation, investissements, financement d'un fond de
roulement.
En accordant un crédit, le banquier
court les risques de l'insolvabilité du bénéficiaire du crédit,
de l'immobilisation des fonds prêtés, d'une crise économique. Pour
se prémunir le banquier s'entoure de précautions :
La bourse des valeurs centralise les
offres et les demandes de capitaux sous forme de valeurs mobilières.
Cela concerne principalement les actions et les obligations
nominatives ou au porteur. Les actions sont des parts de propriété
dans une société anonyme ou commandite par actions, et dont le
total forme le capital de la société. Les actions sont émises à
la création de la société, mais d'autres actions peuvent être
émises au cours de son existence pour concourir à une augmentation
du capital.
Les actionnaires bénéficient de
droits de participation à la gestion de la société (droit de vote
aux assemblées, approbation des comptes, etc.), mais aussi de droits
pécuniaires :
Les
obligations sont des titres émis à l'occasion d'un emprunt, aussi
constituent-elles des titres de créance se caractérisant par
certains critères :
Il existe bien d'autres types
d'obligations : indexées selon un indice, avec participation au
résultat de l'entreprise, convertibles en actions. Un état peut
émettre des emprunts donnant lieu à l'émission de rentes, bons ou
certificats d'investissement.
Les SICAV (société d'investissement
à capital variable) proviennent d'établissements ayant pour objet
la gestion de portefeuilles de valeurs mobilières ou financières. À
coté de ce marché, existe les bourses des valeurs dont les
transactions se déroulent hors de la présence physique des
capitaux. Les bourses de valeurs sont une institution du marché
financier, par opposition au marché monétaire, qui concerne le
court terme. Fonctionnent aussi les bourses de marchandises qui
centralisent les transactions en gros portant sur certains produits
agricoles, ressources naturelles, industrielles. On trouve des
bourses de valeurs à : Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Lille,
Nancy (ne pas confondre avec la bourse de Paris qui domine le marché
financier). Les séances se tiennent quotidiennement du lundi au
vendredi, et les cours sont cotés en continu pour chaque valeur.
Certaines valeurs non inscrites à la cote officielle, appartiennent
au marché hors-cote traité par les banquiers.
L'agent de change est un intermédiaire
agrée qui a le statut d'officier ministériel (comme l'huissier)
tout en faisant commerce. Ils disposent d'un monopole des
négociations sur les valeurs mobilières. Les détendeurs de valeurs
mobilières ont la certitude de réaliser leur vente, et ainsi la
capacité à se reporter sur d'autres valeurs, contribuant à une
"irrigation" de l'activité économique.
Certains s'interrogent sur l'utilité
des bourses. Par la centralisation des offres et des demandes, elles
servent à rapprocher les acheteurs et les vendeurs. La loi du marché
prévaut, condition indispensable à l'établissement d'une
concurrence parfaite (sauf en cas de délit d'initié). La bourse de
valeurs joue aussi un rôle autorégulateur qui tend à limiter toute
hausse. Une hausse prolongée décourage les investisseurs, ce qui
peut infléchir cette tendance à la hausse. Pour soutenir le cours,
une baisse devient nécessaire.
La spéculation, dont il est souvent
question, n'est pas sans danger, puisqu'elle peut orienter un cours
dans un sens voulu. Rappelons que la COB peut décider de l'admission
ou de la radiation d'une valeur après consultation de la chambre
syndicale des agents de change.
Les opérations peuvent se faire au
comptant ou à terme, et être exécutées par l'intermédiaire d'une
banque ou d'un agent de change (le particulier n'ayant pas accès
direct). Dans le règlement au comptant, l'acheteur paie les valeurs
acquises et reçoit les valeurs. Dans une opération à terme,
l'opération est immédiatement fixée, mais l'exécution est
reportée à une date convenue. Ce marché est fortement réglementé,
et il n'est ouvert qu'à certaines valeurs. Les opérations ne
peuvent porter que sur des quantités supérieures à un certain
seuil fixé pour chaque titre.
Dans le marché à terme ferme,
l'opération est irrévocable. Elle se liquide au terme convenu par
la livraison et le paiement. On assiste souvent à la revente au
comptant des titres achetés fermes, en espérant que le cours va
"grimper". L'acheteur est "haussier". À
l'inverse, le vendeur peut se procurer les titres qu'il doit livrer
au terme convenu, espérant pouvoir bénéficier d'une baisse des
cours. Il est baissier. Les opérations portant sur marché à terme
à prime sont révocables. L'acheteur a le droit de résilier son
contrat en abandonnant une prime. Cela permet de limiter le risque au
montant de la prime. Les initiés s'intéressent particulièrement
aux PUT et au CALL. Le call of more est le jumelage d'un achat ferme
et d'un achat conditionnel (à la hausse ou à la baisse) ; le put of
more est le jumelage d'une vente ferme et d'une vente conditionnelle.
Un nouveau moyen de paiement a été
crée avec la monnaie électronique, bien vite détourné. Selon un
rapport du Tracfin de 2011 "La combinaison des différents
nouveaux moyens de paiement peut permettre la mise en place d'un
circuit parallèle de flux financiers fonctionnant en dehors du
secteur financier traditionnel". Les cartes prépayées
(rechargeables), les moyens de paiements électroniques, et la
monnaie virtuelle, sont autant de moyens susceptibles à être
utilisés pour le blanchiment de capitaux où leur transfert en toute
discrétion.
Que de chemin parcouru depuis
l'apparition de la première carte de paiement en 1964 pour réduire
l'utilisation des chèques gratuits qui coutaient cher aux banques.
N'importe quel quidam venu peut acheter une carte prépayée sans que
son identité ne soit exigée. Quand bien même, il faudrait décliner
une identité, "le moyen de paiement étant attaché au porteur,
rien ne garantit que l'acheteur de la carte prépayée soit son
utilisateur final", Tracfin de citer l'exemple de marchands d'or
qui avaient mis en place un système pour contourner l'interdiction
des opérations d'achat/vente d'or en espèces, et ce, via l'achat de
cartes prépayées en paiement de l'or.
La monnaie électronique présente
d'autres risques liés aux paiements, comme la difficulté de
contrôler et de tracer les flux transfrontaliers de capitaux. Voici
un exemple édifiant extrait d'un séminaire réservé aux cadres
d'une banque helvétique. Il a suffi de 600 000 dollars éparpillés
sur 20 comptes et sur une durée de sept mois, pour commettre
l'attentat du XI septembre ! Compte tenu des montants peu élevés,
du faible étalement dans durée, et grâce à l'anonymat de la
monnaie électronique, ce genre d'opérations est extrêmement
difficile à détecter.
La monnaie virtuelle, principalement
utilisée sur Internet et sur des systèmes de paiements alternatifs,
et en l'absence complète de régulation, contribue largement à
l'opacité de ce marché. Chaque minute, 204 millions d'e-mails sont
mis en ligne, et plus d'un demi terra-octets de données est échangé.
"Cette rapidité des flux complique considérablement le
contrôle et peut empêcher la saisie et le gel des fonds
délictuels". Tracfin pointe aussi le micro-crédit comme un
risque concernant les opérations de financement.
Le bitcoin (de « bit », un chiffre
binaire, et « coin » pièce de monnaie ) créé en 2009, constitue
à la fois une monnaie électronique qui n'est gérée par aucun Etat
ou banque centrale, dont la valeur est entièrement flottante, repose
sur un protocole d'échange libre. Cette monnaie virtuelle
sensée à terme, remplacer les Master Card et autres cartes de
crédit, permet de faire transiter des sommes d'argent dans
différentes devises via Internet et anonymement. L'émission de
cette monnaie de substitution échappe à tout contrôle des banques
centrales. Onze millions de bitcoins sont en circulation sur un total
limité à 21 millions. Lors de la crise financière chypriote,
la devise numérique a connu une envolée de son cours. Des
épargnants ont converti leurs avoirs en bitcoins. En l'espace de
quelques semaines, la valeur du bitcoin a bondi de 40 dollars,
début février 2013, à près de 140 dollars (109 euros) au
mois d'avril. La valeur totale de l'ensemble des bitcoins en
circulation, atteindrait 1.5 milliard de dollars. L'achat de
bitcoins est réservé aux vérificateurs du réseau, responsable de
la validation des transactions dans la devise, qui peuvent ensuite
revendre sur Internet, via une vingtaine de places de marché de gré
à gré. En France, Bitcoin-Central rassemble déjà 25
000 utilisateurs.
Le 20 mars 2013, le FinCen,
c'est-à-dire l'équivalent américain de Tracfin en France,
préconisait d'appliquer "aux places de marché de bitcoins les
mêmes règles de fonctionnement que celles qui s'imposent à des
acteurs comme Western Union". Concomitamment, la flambée de son
cours a suscité la convoitise des hackers. Le 3 avril, la
place de marché MtGox, au Japon, a dû affronter une vague de
cyber-attaques. En France, Bitcoin-Central a dû été fermé
plusieurs jours.
Ce système de paiement anonyme
reposant sur un protocole de paiement crypté décentralisé (peer to
peer) à travers deux adresses Internet créées pour chaque
transaction, ce quasiment sans frais, et sa devise virtuelle,
risquent à terme de se retrouver dans le système financier
classique. La start-up Paymium qui gère le site Bitcoin-Central,
s'est associée à l'établissement Aqoba, agréé par la Banque de
France, pour financer leurs transactions en bitcoins.
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