LES
ESPIONS DE POUTINE EN FRANCE
Prononcer
le vocable "espionnage russe", c'est presque déjà porter
un jugement de valeur péjoratif qui désigne un domaine emprunt de
clichés datant de l'URSS. Quand les sources existent, elles sont sujettes à caution,
voire aux doutes. La principale difficulté d'interprétation
consiste à découvrir un ordonnancement d'éléments de valeurs
différentes : militaire - politique - économique - social -
géopolitique, etc., en oubliant presque le poids des
caractéristiques nationales des plus aptes à mobiliser des
convictions identitaires décuplées par un sentiment d'appartenance,
à l'origine des raisons plus que celles des causes. On ne peut
"maîtriser" ce que l'on ne comprend pas ou mal, ce qui
revient à peu près au même. Les différents n'ont jamais une seule
cause et tous les acteurs ne poursuivent pas le même but, l'un peut
faire reposer son raisonnement sur un postulat et celui d'en face sur
un autre...
Après
l'implosion de l'Union-soviétique, l'OTAN passa
du rôle de "victime" à celui de sauveteur, nous avons su juguler la guerre froide, éviter un
conflit Est-Ouest en Europe ainsi que l'apocalypse nucléaire, l'alliance en vint presque à considérer la
Russie comme un acteur international de second rang, allant jusqu'à
en négliger les menaces traditionnelles : militaire, économique, etc., pour se concentrer sur les nouveaux
persécuteurs responsables des menaces liées au
terrorisme et à la grande criminalité avant de constater que les anciennes menaces n'avaient aucunement
disparues. Les espions sont toujours à l'œuvre et la Russie ne ressemble pas à Disneyland.
Le
Nouvel Observateur du 24 juillet 2014 titrait : " Révélations
sur les espions russes en France " et le rédacteur nous narrait
l'histoire d'un attaché de l'Air, membre du GRU, le SR de l'armée ;
cette histoire me rappelle le cas similaire d'un " client "
qui fréquentait et passait commande d'ouvrages militaires dans une
librairie parisienne, à l'époque la DSRI n'avait pas encore été
crée. Dans la réalité, les espions n'ont jamais quitté leurs
terrains de chasse. Les mouvements transfrontaliers des individus
sans discernement d'appartenance a plus que contribué à faire
entrer la meute ; comptons sur les bons apôtres pour
les aider à s'y installer et à prospérer.
A
Nice, par exemple, deuxième ville la plus visitée par les touristes
après Paris, troisième ville où il fait bon étudier et 5° ville
de France dans laquelle fut assassiné le colonel Bernard Nut, le
représentant de l'antenne locale de la DGSE (quelques semaines après
cet homicide, 47 diplomates soviétiques étaient "invités"
à quitter la France), concentre près de 10 000 Russes, chiffre
auquel il convient d'y ajouter les russophones des ex-républiques et
les réfugiés politiques, Tchétchènes, Géorgiens, etc. Un véritable paradis pour
y implanter des espions. Toutes les institutions des anciennes
Républiques ayant rejoint l'OTAN : Tchéquie - Hongrie - Pologne (1999) -
Bulgarie - Pays-Baltes - Roumanie - Slovaquie - Slovénie (2004) - Albanie
et Croatie (2009), sont truffées d'agents russes. Combien de Georges Pâques
siègent à l'OTAN ?
Une
question me taraude, nos hommes politiques qui nous ont rendu
stupides avec notre accord tacite et total, le sont-ils devenus eux-mêmes ?
L'idéologie agit comme une lentille déformante biréfringente, si
l'adhésion est volontaire, elle représente un liant très solide,
sinon gare au réveil ! Notre ethocentrisme agit comme un filtre
puissant, les Occidentaux sont des adeptes de la stratégie des
dominos, j'en ébranle un les autres suivent, les Russes du jeu
d'échec, le cavalier saute de deux cases et il se pose sur la
Crimée... Quel autre mouvement à venir ?
Les Russes ont quitté l'ère soviétique et un homme comme Vladimir Poutine n'a plus grand chose à voir avec ses prédécesseurs et encore moins avec le marxisme-léninisme d'antan. La méthodologie de l'espionnage est liée à un modèle générationnel : mentalités (idéologie, patriotisme, indépendance nationale) - transmissions - code et chiffre - infiltration, etc. L'espion russe actuel a intégré le XXI° siècle de plein pied, rien à voir avec le film Good Bye Lenin.
L'espionnage
n'est pas qu'une réalité virtuelle, il restera pour longtemps une
activité utile à condition que ses retombées soient sources de
richesses et que ces dernières servent la population, en cela,
l'espion s'inscrit dans la pensée marxiste, s'il reste un agent
économique qui œuvre selon la loi des marchés, de l'offre et de la
demande, il n'a rien oublié de l'Histoire, de l'honneur et du
serment de fidélité. Pòka tovaritch !
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