Selon
les circonstances, la position de tir du : policier - gendarme -
garde du corps - convoyeur de fonds - transporteur de valeurs -
militaire - compétiteur - tueur à gage, etc., s’apparente
à différentes méthodes de tir. Le policier amené à riposter pour
sauver sa vie va instinctivement se ramasser pour réduire sa surface
exposée aux tirs et se devra à réagir vite, très vite. Dans
certains cas (distance, surprise, angle de tir), l'agressé pourra se
jeter au sol pour éviter d'être atteint ou pour améliorer sa
précision de tir grâce aux appuis, dans d’autres
circonstances, il devra se déplacer, éclairer les lieux, voire
monter à l'assaut pour déloger un Tango.
Pour
l'officier de sécurité qui doit faire bouclier de son corps et
retenir fermement son client ou le canaliser à l’aide de son bras
faible, la seule position de tir acceptable reste une positon haute
bien campée sur les jambes et à une seule main. Le tir à une seule
main peut aussi s'imposer au transporteur de fonds ou au convoyeur de
valeur qui tient à la main une mallette, à l'officier de sécurité
porteur du triptyque (bouclier kevlar dépliable) et au tireur blessé
à un bras ou une main. Par contre, en un autre emplacement dans le
dispositif de sécurité, il devra peut-être appliquer les positions
du tir dit de police, dans d’autres il
devra appuyer l’évacuation de l'autorité
et se replier avec le groupe évacuateur, c’est-à-dire continuer à
se déplacer en tirant, ce qui est rarement le cas d’un
policier mais plutôt celui d’un groupe
d’intervention.
La
position de base du tir à une main s’apparente
à la position Fairbairn. L’originalité
de cette position pour l’époque (1920), était de n’utiliser
que la main forte, bras tendu à hauteur de l'œil, laissant le bras
faible disponible. Charles Askins allait la développer durant
la deuxième guerre, et à partir de 1942, le colonel Rex Applegate
(qui deviendra plus tard le garde du corps du président Roosevelt)
formera les hommes de l’OSS (Official
Strategic Services, l'ancêtre
de la CIA) à cette position. En cas d’une menace surgissant
dans le dos de l'autorité, l’officier de sécurité qui se tient
légèrement sur le côté et l’arrière droit (épaulette) de
celle-ci, le saisit au col de la main gauche, effectue un pivot vers
l’extérieur de manière à venir se retrouver dos à dos avec
l'autorité, la main droite tenant l’arme. Si la menace est très
proche, l’arme est tenue au niveau de la hanche.
Cette
position de tir se doit être maîtrisée par tout officier de
sécurité. À noter qu'elle permet un engagement dans un secteur de
180°, environ, et qu'elle se transforme en position de tir à bras
franc lorsque les épaules sont alignées avec le bassin. Elle pourra
être aussi utilisée dans sa forme originale par un policier qui
désire " figer " un individu. Pour ce faire, il le désigne
de son bras faible pour qu’il n’y
ait pas de doute sur la personne concernée, et la " marque ".
Cette position peut se combiner avec la positon que Massad Ayoob
appelle “ punch ”,
légèrement modifiée. Le tireur est toujours bien campé sur
ses jambes, mais la position est dérivée du karaté. L’arme
est puissamment projetée vers l’avant
pendant que le poing de la main faible vient contre la poitrine,
comme dans un “ tsuki ”
(shotokan). Cette position sera plus naturelle à un karatéka qu'à
un pratiquant du noble art. Vous percevez tout l'intérêt d’adapter
une position à sa morphologie et tempérament.
POSITION
WEAVER : cette position
mise au point en Californie à Lancaster par le shérif Weaver en
1958, fut popularisée par le colonel Jeff Cooper des US marine
corps qui l'enseigna dans son ranch de Gun site en
Arizona. Cette position n’est pas sans
rappeler la position du tireur au fusil debout. Le corps au maximum à
35° par rapport à la cible, le bras faible légèrement plié,
tandis que le bras fort est tendu (sans exagération). La tête
légèrement penchée vers le bras fort peut prendre la visée. À
l’inverse de la position Ayoob,
c’est la jambe forte qui est en arrière.
Cette position à deux mains permet en absorbant le recul, de tirer
avec un calibre puissant et à des distances appréciables de
plusieurs dizaines de mètres. Cette position est avant tout
d’initiative.
BODYGUARD
STANCE : cette position
ne s’applique que si le défenseur armé
est au contact de l’agresseur. L’arme
est tenue contre la hanche forte pour en éviter sa saisie, le corps
légèrement de profil et jambe forte en arrière. La paume de la
main gauche (pour un droitier) est violemment projetée dans le
visage de l'agresseur. Si le tir s’impose, le tir est délivré
lors de la frappe, et le tireur fait un « step back »
afin de se tenir à distance, se mettre hors de saisie, et si
nécessaire doubler le tir. Une variante de cette position peut être
utilisée pour dégager un importun qui s'interpose entre le tireur
et l'adversaire. Là encore, selon la position de départ, il peut y
avoir des variantes. Si le fonctionnaire a les deux pieds au même
niveau (hauteur ou profondeur), il va se cambrer pour porter
l’"atémi" et tenir l’arme
éloignée de l’assaillant, position
speed rock.
POSITION
DE CÔTÉ : dans
un lieu très encombré, dans un espace très réduit, le défenseur
dispose d'insuffisamment de place ou d'espace pour délivrer un tir
latéral, ou pour surprendre la victime. Le tireur adopte la position
des « enfants sages », bras croisés. Le poignet droit venant se
placer au creux du coude gauche, l’avant
bras droit soutenant le bras armé, la main gauche en cuillère
placée sous le coude droit. L’arme
(position one, chargée et armée) est dirigée sur le côté
gauche (pour un droitier). Par la simple rotation du corps, on peut
engager une cible dans une zone d’environ 70°. La partie
supérieure du bras gauche reste dans le prolongement du corps pour
protéger le flanc, certains gilets pare-balles n'offrent
quasiment aucune protection costale ! Une variante (Charrière) place
le bras armé sous l'avant bras : dégainé, armement de la culasse,
glissement de l'arme sous l'avant bras faible.
LE
CROUCH : position de
riposte popularisée par le lieutenant Mac Gee en 1974 qui a été
adoptée par de nombreux policiers. Lorsqu’un
coup de feu retentit, toute personne a tendance à se tasser sur
elle-même pour réduire sa surface exposée. Le tireur se tasse à
la verticale en écartant une jambe, ce qui lui permet de se
retrouver dans la position d’un cavalier
qui sans monture. Il faut impérativement garder les genoux à
l’intérieur (important en cas de chute).
Cela faisant, on abaisse son centre de gravité, augmente sa
stabilité et réduit sa silhouette. En tir de riposte à courte
distance, le tireur n’aligne pas l’arme
à hauteur des yeux. Pour une distance moyenne, le tireur peut
prendre sa ligne de vissée pendant qu’il
pousse et monte son arme. Si le tireur maîtrise le tir à genoux,
rien ne s’oppose à passer d’une
position à l’autre pour engager sur les
côtés (raison des genoux en dedans). À noter que le tireur peut
couvrir un secteur de tir de 180°, l'arme tenue à deux mains, et
90° supplémentaires, l'arme tenue à une seule main.
POSITIONS
A GENOUX : cette
position réduit encore plus la surface exposée, permet un tir plus
précis, et de couvrir l'autorité dans un coin. Le tireur se doit de
privilégier la position à genoux isocèle. Le genou fort est
au sol à la hauteur du talon de l’autre
pied (sans s'asseoir dessus), le corps de face (Ne pas être assis
facilite les déplacements à genoux comme dans l’aïkido). Le
tireur peut enchaîner, un « crouch » et se
remettre à genoux de l’autre côté pour
engager sur 180°. Cette position est moins verrouillée que la
Weaver à genoux (assis sur la cheville, corps de
biais, coude gauche appuyé sur le genou droit) qui offre une surface
plus exposée. Se soyons pas dogmatique, rien ne s’oppose
à un enchaînement de positions. Il suffit en partant de la position
à genoux isocèle de s'asseoir sur le talon (ce qui nécessitera
plus de temps pour se relever). Pour mettre un genou " en terre
", il y a plusieurs méthodes. Reculer et plier progressivement
la jambe droite pendant le fléchissement de la gauche. Aucune main
ne vient se poser sur le sol. Une fois suffisamment accroupi, se
laisser choir sur son fessier droit.
POSITION
ASSISE : position qui permet en cas d’abri
restreint, de protéger un tiers. La maîtrise consiste à s'asseoir
rapidement sur les fesses, les deux jambes ramenées vers l'entre
jambe protègent une partie du thorax, les deux coudes ou avant-bras
reposant sur les genoux, l’arme alignée
avec les yeux de façon à former un triangle stabilisateur. La
position permet un tir ajusté jusqu’à une cinquantaine de mètres.
Là encore, certains tireurs mettent une main au sol pour prendre
cette position. Espérons pour eux qu’il
n’y a pas d’excréments
dans le coin. Il faut fléchir au maximum sur les genoux, le corps
restant bien droit afin de conserver sa stabilité sans rompre le
centre de gravité, et venir poser les fesses au sol. Si vous restez
accroupi, vous avez adopté sans le savoir la position
« Afghane » ou « chier dans les bois ».
LA
GRENOUILLE CREVÉE : position
dérivée de la précédente. Elle sera prise par le défenseur
surpris par une attaque soudaine, par exemple une porte qui s’ouvre
sur un homme armé (un APR abattu n’est plus d’aucune utilité
dans le dispositif, et si celui-ci a pourtant intégré l’éventualité
d’être touché, cela n'en fait pas pour autant un kamikaze). Pour
l’adopter, il faut faire le cobra,
technique de penchak silat (Maître Charles Joussot). Vous croisez
les deux jambes rapidement au niveau des chevilles, et vous descendez
(toujours à la verticale) pour venir poser vos fesses au sol. Vous
vous allongez ensuite sur le dos (les omoplates doivent bloquer le
mouvement vers l’arrière) en ouvrant les
cuisses sans décroiser les chevilles. Ainsi allongé sur le dos, les
deux bras tendus tenant l’arme au niveau
de l’entrejambe, vous pouvez riposter.
Les chevilles doivent protéger le sacrum et non être au-dessus, ce
qui vous obligerait à creuser votre dos, diminuant ainsi votre
stabilité et qui risquerait de vous faire courir le risque d’une
blessure grave, voire mortelle.
Cette
technique peut se révéler utile après une chute sur le dos ou pour
l'enchaîner derrière un « crouch ». Vous devez être
capable de vous relever de la même façon, c’est-à-dire sans
décroiser les jambes. L'autre avantage de cette position, sa
rapidité pour engager un tir sur l'arrière à 180° ! De la
position verticale, vous faites un pivot vers l'arrière sans
déplacer les pieds, ce qui a pour résultat de croiser vos jambes
naturellement. Il ne vous reste plus qu'à descendre en accomplissant
un mouvement en tire-bouchon pour vous retrouver dans la position de
la « grenouille crevée » vers l’arrière
!
TIR
COUCHÉ : technique utile pour votre défense personnelle ou pour
couvrir un tiers lors d’un placage au sol
ou d’une " tortue " (plusieurs
APR s'allongent sur l'autorité). Optez de préférence pour un repli
de terrain (un simple caniveau fera l’affaire).
Cette position permet un tir ajusté à une cinquantaine de mètres
et réduit considérablement la surface exposée aux tirs adverses.
La position allongée sur le ventre, cou redressé, est très
inconfortable pour les vertèbres et la respiration. Lui préférer
la position de Ray Chapman (champion IPSC) qui ressemble un
peu à la position du tireur couché au fusil. Le corps repose de
profil sur le côté fort, les deux bras tendus vers l’avant,
l’arme ne touchant pas le sol. La jambe
gauche est pliée et le cou de pieds vient se placer dans le creux
poplité du genou droit (pour les gauchers, il faut inverser les
mouvements décrits). Là aussi, n’allez
pas mettre une main au sol pour vous y aplatir ! Je sais, ils sont
nombreux à le faire, mais vous devez par la maîtrise des chutes
apprendre à vaincre cette appréhension du contact avec le sol.
Pliez les genoux, tassez-vous et portez l’épaule
droite au sol. Rien de plus simple, et ce qui ne gâche rien, plus
rapide. Cette position peut aussi venir s’imposer par la prise de
la position de la « grenouille crevée » qu’une
chute sur l’avant vient compromettre. En
combat, vous pouvez déverrouiller votre jambe et rouler sur un côté
ou sur l’autre pour vous déplacer.
Lorsque vous replacerez votre cou de pieds au niveau du genou, la
rotation s'arrêtera et la stabilité sera acquise.
Je
me suis limité à la douzaine de positions les plus utiles pour le
tir de défense ou de combat pouvant être enchaînées. Quelle que
soit la position, haute, médium, basse, l'arme doit pouvoir être
toujours pointée en direction de la menace, d'en suivre le
déplacement latéral sur 360 degrés et en hauteur (limite des
articulations et du champ visuel). Cela requière d'être capable
d'enchaîner ces différentes positions ; c’est le corps et non
seulement les bras qui font office de « plate-forme » de
tir. Travaillez toutes les positions sans jamais rester statique.
Déplacez-vous : avant, arrière, latérale, enchaînez les
positions.
°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°