lundi 23 février 2015

THANATOS, L'INSTINCT DE MORT (3) 


Un article paru dans le New-York Times du 16 janvier a braqué le projecteur sur une petite commune de l'Hérault, Lunel, un ancien bastion protestant qui compte 26 000 habitants. Depuis novembre 2013, une vingtaine de Lunellois ont rejoint la Syrie. À Lunel, comme à Cannes, Nice, Strasbourg, ou Toulouse, la police ne cesse de découvrir des cellules d'islamistes radicalisés, des filières d'acheminement, des caches d'armes, et des escroqueries destinées à financer l'acheminement des volontaires au djihad. Cette dynamique horizontale est susceptible de toucher toutes les villes et dans les mêmes proportions de 1 pour 10 000. Les membres de la Cellule de Lunel se sont, pour la plupart, connus au collège et ont renoué en fréquentant la mosquée El Baraka, proche du courant Tablighi Jamaat (Association pour la prédication), un mouvement rigoriste apparu en Inde en 1927 pour protéger l'identité musulmane indienne contre les assauts de l'hindouisme. Le mouvement s'est propagé ensuite à travers l'Empire britannique notamment au Pakistan voisin avant d'atteindre à la fin des années soixante le Royaume-Uni, où près de la moitié des mosquées est dirigée par les tablighis. Ce mouvement représenté en France par l'Association Foi et Pratique, contrôle une centaine de lieux de cultes fréquentés par des fidèles qui se refusent à porter une vêture occidentale. Le mouvement tabligh au contraire des Frères musulmans, ne vise pas un public instruit, mais une population déshéritée. Les Tabligh encouragent l'«islamisation par le bas" ou la "ré-islamisation" prônant une pratique individuelle proche de la vie menée par le Prophète. Ce courant invite les fidèles à constituer un « groupe de prière », au sein duquel les fidèles se retrouvent le soir, à créer ou à rejoindre une association caritative musulmane.

Le parcours d'Omar " Omsen" Diaby, un Sénégalais de 37 ans, est édifiant. Incarcéré en 2003 pour le braquage d'une bijouterie monégasque, il ressort de la maison d'arrêt de Nice quatre années plus tard, radicalisé. À peine la liberté recouvrée, il rejoint l'association Forzane Alizza (les cavaliers de la fierté) et crée un site Internet sur lequel il prêche l'hijra (le retour en terre d'Islam), organise des choura (réunions) dans un coin de la cité Bon-Voyage à l'est de Nice. Avant de pouvoir assister aux réunions, les fidèles se doivent de délaisser leur téléphone cellulaire à 300 mètres, dans une cache. Au mois de mars 2012, il attend une trentaine de frères pour l'ultime choura avant leur départ pour l'Afghanistan, via la Tunisie et la Libye, devant la gare de Nice lorsqu'il est interpellé. Les titulaires au bénéfice d'une double nationalité devaient utiliser leur passeport algérien, marocain, tunisien, pour qu'à leur retour, les autorités restent ignorantes de leur déplacement.

Les services de renseignement français soulignent que si "le développement de l'islam radical est régulièrement décrit dans les cités sensibles des grandes agglomérations", plusieurs départements ont observé l'installation en zone rurale de groupes de fidèles, souvent des convertis, adeptes d'un islam rigoriste. L'interprétation radicale de l'islam interdit la vie en pays "mécréants" et préconise la "Hijra" vers des terres musulmanes. À défaut de pouvoir ou vouloir quitter le territoire national, l'installation de communautés de vie peut constituer un palliatif. À Châteauneuf-sur-Cher (1.500 habitants), par exemple, l'imam d'obédience "tabligh" proche du salafisme, a demandé à ce qu'il y ait une entrée et une sortie réservées à l'école communale pour que les femmes musulmanes ne soient pas en contact avec les autres parents. À Saint-Uze (2000 habitants) dans la Drôme, les parents d'une famille de six enfants, nouvellement installée, refusent de scolariser leurs filles au collège. Ces filles portent le voile et vivent sous la surveillance permanente du père. Ces exemples ne sont pas isolés. Les services de renseignement s'inquiètent de cette déscolarisation, car ces rigoristes, loin des yeux et des regards, vivent dans une quasi-autarcie. Les musulmans locaux modérés parlent d'un mouvement sectaire.

Les jeunes Français musulmans issus de la quatrième génération succombent aux sirènes de l'islamisme radical. L'anthropologue Dounia Bouzar a rapporté comment une jeune fille avait vu son cousin issu d'une famille catholique non-pratiquante âgé de 18 ans, dont la mère était chef d'entreprise et le père cadre supérieur, basculer dans l'Islam : " Il n'écoute plus de musique, ne fait plus de sport, s'est coupé de ses copains. Il a arrêté de fumer, ne boit plus d'alcool. (...) Évidemment, il porte la barbe (...) cet été, il a fait le ramadan." Dounia Bouzar de poursuivre en citant les propos d'une mère à l'égard de sa fille de 17 ans : "Je l'ai vue changer en deux mois. À Noël dernier, elle a commencé à me dire qu'elle ne voulait pas de cadeaux (...) Elle qui était si coquette, a arrêté de se maquiller, d'enfiler des jeans étroits. Elle ne s'épile plus, n'utilise ni déodorant, ni parfum " à cause de l'alcool". Elle met un foulard qui lui cache le cou et les oreilles et porte des vêtements amples. Elle refuse de serrer la main à des hommes et ne voit plus de garçons de son âge."

Un dicton ne dit-il pas "il n'y a pire sourd que celui qui ne veut pas entendre" ? Il y a longtemps que le "feu" est passé à la couleur orange. Le Monde du 10 février 2007 écrivait dans un article " L'enseignement de l'arabe en France dans le public : 40 000 élèves du primaire bénéficient d'un enseignement de leur langue et culture d'origine. L'arabe est enseigné dans 238 collèges-lycées : 7 305 élèves, 222 professeurs. 6 550 élèves l'ont présenté au bac en 2005. (...) Les cours d'arabe de la Mairie de Paris "font le plein" chaque année. (...) Les cours à la mosquée sont saturés. (...) Diverses associations plus ou moins liées aux mosquées - intégristes ou modérées - proposent des cours de langues. (...) Palliant les carences de l'enseignement public, des collèges-lycées musulmans se créent pour enseigner l'arabe et sa culture. (...) L'encadrement social ou le soutien scolaire constituent le biais principal par lequel se développent les réseaux intégristes. (...) En 2003,quelques 65 000 enfants suivaient des cours non contrôlés par l'école publique. "Fermez le banc". Il est évident qu'il s'agit là d'enfants désireux de renouer avec leur histoire.

La France n'est pas le seul pays concerné par la radicalisation de certains individus. En novembre 2006, la directrice du MI5 annonçait que plus de 1600 personnes appartenant à quelques 200 groupes ou réseaux étaient surveillés par ses services. L'année suivante, une enquête de la BBC révélait que ce chiffre avait déjà augmenté de 25 % ! Un ancien enseignant d'une école londonienne fondée et gérée par le gouvernement Saoudien, a affirmé au Times, en février 2007, qu'un établissement enseignait à ses élèves que les chrétiens sont des " porcs" et les Juifs des "singes".

En Suisse, un dénommé Mohamed Achraf s'apprêtait à commettre des cambriolages pour financer l'achat de 500 kilos de dynamite en Espagne, lorsqu'il a été interpellé en novembre 2004 par la police Zurichoise. Le type d'explosif recherché était du même type que celui ayant été utilisé pour l'attentat de Madrid ! L'individu dirigeait un groupe d'une vingtaine de membres divisé en quatre cellules : explosifs - soutien - falsification - idéologie. Ce réseau était géré depuis l'Andalousie par un chef qui gérait chacune de ces cellules.

La facilité avec laquelle un semi-clandestin peut vivre et rester longtemps indétecté des services de sécurité dépend de la typologie du quartier, de ses occupations, de ses revenus, et de la niche ethnique. La société occidentale est sans conteste la plus perméable. On estime la vague migratoire à 200 000 individus par an, chiffres aux  quels viennent s'ajouter les clandestins et les nombreux mouvements transfrontaliers au titre de la libre circulation...

A SUIVRE : CES CHIFFRES QUE L'ON NOUS CACHE.



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vendredi 13 février 2015


LE RADICALISME ISLAMIQUE FONDAMENTALISTE (2)



Au lendemain de l'assassinat de masse perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo, un enfant âgé de 8 ans, surnommé « le petit terroriste » (sic), a dit devant ses petits camarades de CE2 : « Il faut tuer les Français. (...) Je suis du côté des terroristes car je suis contre les caricaturistes du prophète. (...) Les journalistes ont mérité leur sort », et de refuser de s'associer à la minute de silence. Le directeur de l'école de Nice jugeant le comportement assertif et les propos tenus inquiétants, transmettait un signalement circonstancié à la Cellule de protection de l'enfance. Une source de préciser à BFMTV que le père était « très défavorablement connu de l’école pour son comportement véhément depuis plusieurs mois.»

En septembre 2005, l'institut national de la Santé et de la recherche médicale, rendait publique une étude " Le trouble des conduites chez l'enfant et l'adolescent". Ce rapport recommandait la détection précoce des enfants atteints de troubles du comportement. En 2008, un responsable de la police scientifique britannique, Gary Pugh, avait émis l'idée que l'on pouvait prédire les futurs comportements criminels dès l'âge de 5 ans ; « Nous devons trouver ceux qui seront le plus gros danger pour la société le plus tôt possible. »

Si un enfant de 8 ans n'a pas le pouvoir de discernement ni la maturité pour apprécier la portée de ses paroles, cela pose la question de l'éducation reçue à la maison, car l'enfant est une éponge qui reprend bien souvent les propos et les comportements d'une image parentale et à laquelle il s'identifie. Un père de famille soupçonné de battre ses enfants et de leur diffuser des images violentes faisant l'apologie du djihad a été écroué le 30 janvier 2015 et mis en examen pour " provocation à des actes de terrorisme, violences sur mineurs de 15 ans par ascendant, soustraction par parents à ses obligations légales". L'affaire avait débuté en novembre 2014 après le signalement de l'école d'un des trois enfants, âgés entre 6 et 10 ans, qui se plaignait de violences et d'avoir été contraint de regarder des images "d'une extrême violence faisant l'apologie du terrorisme" lorsqu'il passait le week-end chez son père à Valence.

Défions-nous des théories qui reposent sur les relations culturelles et sociales. Tous les acteurs d'une même culture ne la vivent pas d'une façon identique, et l'Islam et ses divers courants de pensée en est un bon exemple. Il ne saurait suffire de rechercher les problèmes : d'intégration - des violences intrafamiliales - la polygamie - le caïdat des grands frères - l'oppression faite aux femmes - de radicalisation, etc., à travers : l'école, la famille, les médias, l'emploi, le logement, l'urbanisation, la religion, la culture, la classe sociale, la lignée, la santé mentale, la persistance des traditions, la libre circulation, etc... Aucun n'a de signification en lui-même, tous les éléments interagissent les uns sur les autres. Françoise Gianaddo, la cheffe du Service des étrangers en Suisse, a déclaré dans un entretien accordé au quotidien Le Matin en 2007 : "Il ne suffit pas de vivre les uns à côté des autres, chacun à sa manière, et de faire de temps en temps un méchoui collectif. Cela reviendrait à admettre que, chez les voisins, on va exciser la petite fille demain ou qu'on force la fille à se marier. Ça ne peut pas être un objectif de société. "

L'intégration est vécue par paliers et par l'élévation du niveau de vie qui entraîne l'individu dans un monde de valeurs matérielles dans lequel le jeune ne se reconnait pas. Trois éléments centraux semblent pouvoir servir de dénominateurs communs au désir de partir combattre en Syrie ou ailleurs : le besoin de rupture en rapport avec la monotonie du quotidien ou crise existentielle - le désir de révolte pouvant se traduire par des incivilités ou des délits annonciateurs - la fuite vers un monde différent et voir une confusion s'établir entre le monde réel et imaginé. Ces éléments peuvent se succéder ou s'imbriquer, se manifester tour à tour ou simultanément, la dominante étant vécue comme une forme d'épanouissement d'un style de vie personnel capable de favoriser une conduite inadaptée ou déviante de l'ordre établi. On a tous le potentiel de faire quelque chose d'illégal, mais tout le monde ne passe pas à l'acte. On assiste à une évolution consciente ou non qui a pour effet d'anesthésier la réflexion et ainsi parvenir à lui substituer une autre vision de la réalité. Les dévots et sectateurs d'abord subjugués finissent par penser qu'ils vont devenir des héros ou des martyrs au regard de leur communauté.

Les mentalités et les modes de vie survivent dans les structures nouvelles et la tradition reste un facteur de résistance au changement pendant plusieurs générations. Ce constat peut être la cause d'une inadaptation, d'une adaptation insuffisante ou d'un refus. Les fêtes, par exemple, sont l'occasion d'affirmer la vitalité ethnique d'un groupe. La présence d'étrangers de culture et de mœurs différentes apparaît comme un élément bouleversant pour la société et sa culture. Le décalage entre les discours tenus par les hommes politiques et les faits ont érodé le socle social ce qui a pour conséquence de renforcer l'affrontement civilisationnel et culturel, avec d'un côté, la modernité, de l'autre les traditions.

Animé d'une volonté d'auto-dénigrement permanente ethnocentrée, on veut incriminer à tout prix le modèle républicain et non la présence d'éléments hostiles qui exècrent la société occidentale. Avant de parler de mixité sociale, de vivre ensemble, ne conviendrait-il pas de demander aux citoyens des communautés concernées leur avis et de se pencher sur la sociologie et l'éthologie ? La plupart des êtres vivants sont animés de l'instinct grégaire, les hommes, depuis l'aube de l'humanité, aiment à se retrouver entre soi : à Paris, la communauté chinoise de la Porte-d'Italie, les Israélites dans le quartier Saint-Paul, les Maghrébins à la Goutte-d'Or, les Africain vers Saint-Martin, etc. Les professions aussi se regroupent par corporations : les orfèvres place Vendôme, les ébénistes dans le faubourg Saint-Antoine, les maisons d'édition à Saint-Germain-des-Prés, etc. L'exclusion, le bannissement, l'ostracisme, sont la pire des choses pour n'importe quel membre appartenant à une communauté.

Tous les hommes politiques ont prononcé des paroles très dures à l'encontre des immigrés, ces hommes : "qui ne sont pas d'ici ni tout à fait d'ailleurs " et à propos desquels Napoléon aurait dit " ils n'ont rien oublié de leur passé et rien appris du présent ".Le  5 mars 1959, le Général De Gaulle disait : « C’est très bien qu’il y ait des Français jaunes, des Français noirs, des Français bruns. Ils montrent que la France est ouverte à toutes les races et qu’elle a une vocation universelle mais à condition qu’ils restent une petite minorité. Sinon, la France ne serait plus la France. Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne. (...) Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri, même s’ils sont très savants. Essayez d’intégrer de l’huile et du vinaigre. Agitez la bouteille. Au bout d’un moment, ils se sépareront de nouveau. (...) Vous croyez que le Corps français peut absorber dix millions de musulmans, qui demain seront vingt millions et après-demain quarante ? Si nous faisions l’intégration, si tous les Arabes et les Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherez-vous de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-les-Deux-Églises mais Colombey-les-Deux-Mosquées. » Propos rapportés par Alain Peyrefitte.

Lors des événements du 8/9 janvier 2015, les détenus musulmans, aux dires du personnel de la pénitentiaire, exultaient devant la télévision (réseau câblé) qui commentait en direct le déroulement de la situation, allant jusqu'à délivrer des informations qui auraient permis à Coulibaly de synchroniser son action... Les médias : presse, cinéma, télévision, radio, Internet semblent tenir un rôle qui va bien au delà de celui d'information. Ils constituent autant de supports de propagande, d'endoctrinement, qu'une nouvelle forme d'apprentissage. Si regarder un film est une activité passive, la consultation sur Internet est une activité active. Sur YouTube, on peut trouver des tutoriels sur n'importe quels domaines de connaissances. Si les contenus multimédias favorisent la formation mutuelle, ils n'agissent pas directement sur les masses. La consultation d'Internet est une activité individuelle. Ils agissent surtout sur des meneurs-animateurs qui en transmettent ensuite le contenu en l'adaptant à des individus. En modifiant les attitudes de la cible et en instaurant un climat propice à la radicalisation, leur action est peut être plus importante que le contenu visionné. Cette influence va être à l'origine de la cessation d'activités antérieures (sociale, familiale, professionnelle) ou à leur modification, avec une remise en cause par paliers, mais dans un continuum d'idées ou de stéréotypes vers la recherche d'un nouveau but en rapport avec leur nouveau devoir moral qui leur impose de nouvelles valeurs. Le djihad a quelque chose de prométhéen, comme s'il était auréolé d'une mutation humaniste. Les jeunes gens qui partent en Syrie ne parlent pas l'arabe pour la plupart et 80 % de ceux-ci ne sont pas allés en prison. Quant aux médias, ils tendent à servir de caisse de résonance et de public-relations à une radicalisation mimétique.

Des associations régies par la loi de 1901 ont proliféré au point de constituer des ferments socio-culturels dominés par des meneurs, des intellectuels et des représentants de la classe moyenne désireux de se créer un emploi, de percevoir des subsides, ou de satisfaire leur ego. Il est permis de s'interroger sur leur véritable influence, certaines associations constituant un milieu fermé aux courants extérieurs dans lequel les divisions sociales subsistent. Certaines vont jusqu'à proposer de pseudo programmes de dé-radicalisation... Après les kremlinologies, le temps est aux islamologues et autres experts autoproclamés et à la pensée magique. 


Des transformations parfois ambiguës s'élaborent dans toutes les classes et les catégories sociales génératrices d'un nouveau genre de vie jusqu'à constituer une réalité secondaire aux effets imprévisibles. Le 4 février, le Canard Enchaîné révélait que les enquêteurs avaient identifié un proche d'Amedy Coulibaly qui avait une liaison avec une femme adjudante de la gendarmerie. L'individu qui faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen aurait pénétré, "grâce à sa relation amoureuse", mi-janvier dans le Fort de Rosny-sous-Bois sans aucun contrôle ! Ce site abrite : le Service central des réseaux et technologies avancées - le Service technique de recherches judiciaires et de documentation - le Système des opérations et du renseignement. La gendarmette convertie à l'islam aurait été aperçue sortant du Fort et troquant son képi réglementaire contre un voile. Cette femme présumée avoir acheminé des lettres à son ami écroué depuis la fin janvier pour des affaires de trafics d'armes et de stupéfiants, a été suspendue de ses fonctions.


« Lorsqu'une fois le fanatisme a gangrené un cerveau, la maladie est presque incurable. » Voltaire.

À SUIVRE : THANATOS, L'INSTINCT DE MORT


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mercredi 4 février 2015

LE « SALAFISME », UNE BOMBE À SOUS-MUNITIONS (1).

Les hommes, toutes religions confondues, revisitent Dieu à l’aune de leurs propres désirs et s’expriment ensuite en son nom. En ce qui concerne l’Islam intégriste, rigoriste ou fondamentaliste, il se veut à la fois une religion, une communauté, une civilisation, et une culture. Cette stratégie le conduit à combattre simultanément l’occident chrétien, la démocratie, la laïcité, le capitalisme et le progrès. Pour les fondamentalistes, tout homme sans distinction de race, ni d’origine, est appelé à adopter la Charia, c’est à dire les règles qui jalonnent la vie du bon musulman. De fait, le fondamentaliste qui seul détient la vérité absolue, acquière le statut du “croyant-militant” dont le combat vise à l’universalité. Pour tout intégriste, il n’y a d’autre issue que la conversion. Jules Renard aurait pu dire à propos de l'affaire de Charlie Hebdo “ L’humoriste, c’est un homme de bonne mauvaise humeur”. L'assassinat de masse perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo et de l'épicerie cacher a au moins le mérite de poser enfin clairement la question de l’Islam rigoriste en Europe. Pour Denis Jeambar, éditorialiste à l’express, “ Le combat ainsi engagé n’a d’autre but que la déstabilisation de l’Europe, considérée comme le ventre mou de la résistance à l’islamisation.”

Cette affaire avait été précédée d’un autre incident venu démontrer une fois de plus, l’intransigeance des Islamistes. En décembre 2005, des incidents avaient éclaté lors de la représentation de la pièce “Le fanatisme ou Mahomet le prophète”. Dans cette pièce mal comprise par les islamistes, Voltaire, pour échapper à la censure, avait utilisé Mahomet pour condamner le fanatisme chrétien. Où s’arrêtera l’obscurantisme ? En 1996, un uléma, vice-président de l’université islamique de Médine avait déclaré “ Tout homme qui continue à affirmer que la terre tourne autour du soleil doit être mis en demeure de se repentir, de dénoncer son erreur. Sinon, il sera considéré comme apostat et infidèle. Il devra être mis à mort. Tous ses biens devront être confisqués au bénéfice de la communauté musulmane.” (cité par J. Alexander, in les énigmes de la survivance).

La liberté d’opinion est le fondement des démocraties, tandis que pour l’islamiste, la liberté d’opinion est de propager sa foi. Si cette liberté n’est ni reconnue ni acceptée, la faute en incombe à la société : “ si l’homme avait accès à la révélation de l’Islam, tout le monde s’empresserait de se convertir ”. D’autre part, les mots n’ont ni la même signification, ni la même valeur chez l’islamiste et chez le mécréant. Lors des manifestations en faveur du voile (signe de piété pour les unes et signe de soumission pour les autres), on a pu entendre le slogan “Un voile, un vote”. Faut-il en déduire qu’un musulman compte double, comme en musique où une blanche vaut deux noires ? Le Français musulman est à la fois perçu par les islamistes comme une recrue potentielle et tout à la fois comme un citoyen en moins pour la République.

Dans la religion musulman, le salafisme est un mouvement fondamentaliste sunnite. Il prône un retour à l'Islam des origines, soit une application littérale du Coran autour de six principes fondateurs : croyance un Dieu unique - Allah - la prière - la profession de foi - la connaissance de Dieu - la dévotion personnelle aux autres et la prédication, et de la Sunna. Quant aux salafistes djihadistes, ils revendiquent un retour aux sources de l'Islam au moyen de la guerre sainte. , et une interprétation rigoriste du Coran. Le fondamentalisme semble vouloir faire tabula rasa des divergences existantes entre les sunnites et les chiites. Par excès de généralisation, on occulte les origines différentes de la communauté musulmane en France et en Europe. On tend non plus à voir un français musulman d’origine algérienne, marocaine, tunisienne, etc., mais un musulman. Cette identité “islamique” se fonde principalement sur le conflit palestinien et provient en partie du fait que les islamistes sont parvenus à réunir, du moins dans les esprits, la théorie que Dieu est à la fois en chacun des musulmans et que chaque musulman est présent en Dieu.

Pour le fondamentaliste, il y a d’un côté le bien, de l’autre le mal, et rien entre les deux. Tout est admis pour tromper la communauté et chercher à l’enfermer dans une situation sans issue. Il n’est donc pas étonnant que le fondamentalisme cherche à convertir en ferveur religieuse pour son plus grand profit, la pauvreté sociale, économique, et le mal être d’une certaine population. En fait, il ne parvient qu’à mystifier des jeunes au pouvoir de discernement amoindri qui traversent la crise de l’adolescence, période difficile pour toute la jeunesse. Soixante-dix pour cent de la population musulmane a moins de trente ans.
Pour les fondamentalistes, la modernité, l’instruction, et l’essor matériel des masses populaires restent la pire des choses. La libéralisation de la femme est vue d’un mauvais œil, quant à l’instruction des jeunes filles, elle sape le pouvoir patriarcal et celui des frères sur leurs sœurs. A propos de l’émancipation de la femme (choix du mari, avortement, contraception, travail), les fondamentalistes rétorquent que les mécréants veulent avant tout amoindrir la communauté en limitant son expansion ! La femme musulmane appartient à la communauté, elle ne saurait appartenir à soi. La place réservée à la femme s’apparente à une forme d’internement. On a tous encore en mémoire, cette jeune marocaine de Neuilly-Plaisance qui a été brûlée vive pour avoir repoussé les avances d’un jeune homme pakistanais. Il y a un véritable abîme entre ce que les femmes souhaitent pour elles mêmes, et ce que les intégristes veulent pour eux. Début février 2006, se tenait le premier Congrès international du féminisme islamique à Barcelone. Il dénonçait les interprétations “machistes” du Coran et affirmait que l’Islam devait libérer les femmes. Le courant “Ni putes, ni soumises” a encore de beaux jours devant lui.

Pour les intégristes, il s’agit d’occuper le terrain, et là où vivent les musulmans, il faut établir le califat, c’est à dire l’instauration du dogme et de la loi islamique. Cela commence par la technique du “pied dans la porte”, suivie de la technique “des petits pas”. Un représentant d’une organisation musulmane s’exprimant sur le plateau d’une émission télévisuelle, parlait “d’une communauté intérieure” (sic). Il est désormais évident que les islamistes entendent exploiter toutes les failles de l’occident et les imperfections des démocraties. Il entend instrumentaliser la population pour ensuite agir politiquement. Il utilise à merveille le triangle dramatique de Karpman, en se présentant tour à tour comme victime, sauveteur, avant d’être reconnu par sa communauté, comme son persécuteur.

Chaque fait provenant des intégristes, même le plus anodin en apparence, s’appuie sur le précèdent. La stigmatisation des islamistes instrumentalisant l’Islam et la communauté musulmane, permet la reconnaissance d’une partie, même infime de leurs revendications. En opposant deux termes éloignés, ils aboutissent quoi qu’on en dise, à une avancée de leur thèse. Chaque fait, action, prémisse, devrait être examiné sous toutes ses facettes: l’amalgame, la généralisation, le renversement, la minoration, etc. Dire que l’Islam radical profite à la droite et qu’il dessert l’Islam modéré c’est déjà “ noyer le poisson ”. Comment pourrait-on se mettre d’accord sur la mineure en occultant la majeure et en faisant l’impasse sur la moyenne ? De même, la bipolarisation est pour les islamistes du “ pain béni ” et constitue son véritable cheval de Troie. L’Europe est vue comme une tête de pont de laquelle il sera ensuite possible de rejoindre les nouvelles républiques à l’Est (Tchétchènes, Bosniaques, Kosovars, etc.). Comme au temps des croisades, si la citadelle “ tombe ”, c’est tout l’occident qui serait entraîné dans sa chute. Du moins le pensent-ils.

Chez certains fondamentalistes, les propos tenus sont plus proches de la pensée de Lénine, Mao, ou Marx, que du livre sacré. Un chef spirituel du Hamas avait édité une fatwa énonçant que “ les femmes qui commettaient un attentat kamikaze étaient récompensées au paradis en devenant plus belles que les 72 vierges promises aux hommes martyrs.”
Cependant, si la grande majorité des musulmans sait résister aux pièges ainsi tendus, mais que la société civile et politique n‘y prend garde, une succession de failles civilisationnelles pourrait bien avaliser la théorie du “choc des civilisations” de Samuel Huntington. Ce professeur de l’université de Harvard, avait déjà souligné que la facilité de communication augmenterait les frictions entre les populations de civilisations (histoire, culture, langue, traditions, religion) différentes. Ce chercheur avait également fait remarquer que l’on peut être à la fois français et musulman, mais qu’il est difficile d’être mi-catholique, mi-islamiste. Si ici ou là, dans des pays et où aujourd’hui la référence aux Droits de l’homme prévaut, des voix s’élevèrent pour condamner cette “maladresse” ( à commencer par le président Bush), cette position traduisait plus une certaine empathie politique ou religieuse, qu’une réelle adhésion. En effet, une société quelle qu’elle soit, ne peut se maintenir si elle n’est pas rattachée à des valeurs communes partagées. Ces dernières forment le socle la protégeant des “infiltrations” extérieures. Si cet épisode a peu divisé les Français de confession musulmane, c’est que l’esprit républicain ne laisse guère de place pour deux allégeances. Celle à la France l’emportant sur toute autre, précepte auquel les musulmans modérés et musulmans laïques adhèrent totalement. Que ce soit au nom de Dieu ou de leur histoire, les musulmans n’entendent pas que l’on décide en leur nom et place de ce qui est bien, de ce qui est mal. Les Français musulmans souhaitent certes se définir par rapport à l’Islam, mais en tant que citoyens Français. Comme tout amant épris, leur cœur oscille en permanence entre deux amours. La Toussaint blanche n’est pas pour tout de suite.

À SUIVRE : LE RADICALISME ISLAMIQUE FONDAMENTALISTE.


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