jeudi 11 avril 2013


UNE DRAMATIQUE DEMONSTRATION


Le 10 avril 2013 s'est ouvert le procès du drame survenu le 28 juin 2008. Ce week-end là, les militaires du 3e Régiment parachutiste d'infanterie de marine (RPIMA) avaient organisé des «journées portes ouvertes» pour célébrer le maintien de leur régiment à Carcassonne, et la passation de commandement entre le chef de colonel Merveilleux du Vignaux et son successeur, le colonel Perrin. Le dimanche 28 juin 2008, quelques militaires du groupe commando parachutiste simulent unes libération d'otages « en milieu hostile » devant un public familial réuni dans la cour de la caserne Laperrine. Vers 18 heures, dans le brouillard des fumigènes et le fracas des détonations, un sergent lâche une rafale de Famas en direction d'un " terroriste " qui a jailli parmi les spectateurs. Quinze civils et deux militaires s'écroulent fauchés par les tirs ! Pour le ministre de la Défense, une seule certitude prévaut « Il y a eu des fautes ou des manquements ».

Les autorités militaires ne s'expliquent pas comment l'auteur des tirs a fait feu à balles réelles au lieu de balles à blanc (son arme était équipée d'un bouchon de tir à blanc). « C'est typiquement le genre d'accident qui ne peut pas arriver. Jamais les munitions ne sont mélangées et les balles à blanc et les balles réelles ne sont pas de la même couleur" (...) « La réglementation impose de stocker les munitions à blanc (couleur grise) et les munitions réelles (de couleur verte) dans des soutes différentes », chaque caisse de munitions est stockée séparément dans des lieux sécurisés. Comment le sergent a-t-il pu être en possession de balles réelles et les confondre avec munitions à blanc ?

En principe, l'utilisation des munitions fait l'objet d'une surveillance stricte avec le décompte des étuis utilisés et ceux ramassés. L'enquête de gendarmerie a mis au jour la présence de 5 200 munitions (six caisses) détenues illégalement, et a révélé que les procédures de contrôles ont été contournées. « Conformément à une pratique répandue dans les unités d'élite, ce stock « avait été constitué, d'une part, pour éluder la lourde procédure militaire de réintégration des munitions non utilisées, d'autre part, pour permettre aux membres du commando de disposer immédiatement pour certains exercices d'un supplément de munitions ». Cette pratique porte un nom " la graille", et peut tout aussi bien concerner les explosifs, dont la comparaison entre la quantité remise et utilisée reste impossible.

On ne naît pas militaire pas plus qu'autre chose. Durant notre existence, par choix, par formatage familial, social, ou par un hasard de la vie, on devient ce qu'on a décidé de devenir. Le militaire qui a " choisi " son secteur d'activité continue d'apprendre tout au long de sa carrière, et tend à améliorer toutes ses aptitudes, ses méthodes, ses techniques, et l'institution, son image.

L'objectif entre la démonstration et l'accomplissement de la mission est différent. Durant l'instruction, le militaire a pour objectif de réussir pour soi, tandis que dans ses missions son attention est dirigée sur la situation. Par contre, quelle que soit la profession que l'on exerce, toutes les personnes qui ont une performance à accomplir (atteindre un objectif), suivent un déroulement similaire. Qu'il s'agisse :
  • d'un pompier qui secoure une personne des flammes ;
  • d'un militaire qui affronte une embuscade ;
  • d'un maître nageur qui sauve un enfant de la noyade ;
  • d'un négociateur qui résout une prise d'otages.
Tous, ont l'obligation morale de résultat, et quasiment tous utilisent une méthode qui vise à leur donner un cadre de référence.
Le militaire peut se trouver confronté à une situation ouverte, c'est-à-dire qu'il ne connaît pas à l'avance le déroulement de la situation à venir. Par contre, dès qu'une hostilité apparaît, il se trouve face à une situation fermée. Il sait par avance ce qu'il doit faire. Peu importe qu'il faille faire face à un ou plusieurs problèmes humains ou impersonnels (obstacle physique) simultanés. Le drame survenu a démontré qu'un automatisme acquis dans le cadre du combat, exclut l'action consciente, ce qui n'est pas toujours sans danger.
L'instruction est avant tout une relation et une démarche pédagogique visant à transmettre : des savoirs, des savoir-faire (des compétences professionnelles) et des savoir-être conformes à l'image de la fonction. De prime abord, cela semble simple, mais dans la réalité quotidienne cela nécessite des compétences, pas seulement militaires. La démonstration a été montée pour éveiller l'intérêt du public en rendant concret la théorie par des applications pratiques. La simulation présente des particularités, principalement, la difficulté à mettre sur pied" l'exercice, le développement de la compétition entre les apprenants, et la nécessité d'un cadre et de matériel adaptés à la mise en situation. Ce qui n'est peut-être pas aussi évident qu'il y parait.
La démonstration publique repose sur la dynamique de groupe, mais elle doit viser la sécurité et la sûreté. La présence d'un public modifie et altère le comportement militaire, le transformant en acteur d'un jour. Certains vont alors éprouver le besoin de renforcer certains traits de personnalité à travers un comportement fantasmé :
  • le besoin à se différencier ou se valoriser ;
  • besoin de se surpasser ;
  • le goût du risque ;
  • attrait pour une épreuve valorisante, etc.
Traits que l'on retrouve dans d'autres activités " à risques". En fait, tous ne recherchent pas le danger pour le danger, mais ils cherchent à échapper au risque en le dominant, en l'apprivoisant. Leur courage, leur sang froid, leur technique, ne doivent un jour faillir.

Six militaires accablés se retrouvent sur le banc des prévenus face aux juges du tribunal correctionnel de Montpellier, confrontés aux victimes. Les prévenus inculpés pour "blessures involontaires"encourent deux ans de prison et 30.000€ d'amende. La responsabilité de l'institution sera-t-elle, seulement évoquée ?

lundi 8 avril 2013


LE SYSTEME FINANCIER, UNE AFFAIRE DE CONFIANCE

La monnaie est une échelle d'appréciation de la valeur d'un « bien ». Au début de l'humanité, l'on procédait au troc, c'est-à-dire à l'échange d'un bien contre un autre. Le temps passant, on accorda plus de valeur à une chose qu'à une autre, et il devint nécessaire de quantifier cette échelle de valeur.

La métallurgie va apporter une solution, et les pièces apparaissent vers 2 000 ans avant notre ère. Autre avantage, la monnaie constitue également une réserve de valeur qui permet de conserver la richesse (thésaurisation) pendant une certaine période de temps. Vers le VI e siècle avant JC, la monnaie métallique (or, argent bronze) a une valeur identique à celle de son poids de métal. Deux-cents ans plus tard, les Athéniens mêlent du plomb dans leurs pièces d'argent. La contrefaçon sape la confiance du public. En l'an 308, l'Empereur Constantin le Grand crée l'Aureus imperial stable, ou Solidus. Cette monnaie va rester intacte jusqu'au XIe siècle. Un certain Alexis Ie Comnene entreprend de substituer une partie d'or à une masse égale de cuivre, au fil du temps le Solidus devient une vulgaire pièce en alliage de cuivre.

La monnaie présente un défaut de taille qui encourage la contrefaçon. Sa valeur marchande est supérieure à son coût de fabrication. La naissance en 1360 du Franc-Or qui, pèse environ 4 grammes, et qui a une valeur faciale proche du prix d'une livre d'or (490 grs), sera une véritable aubaine pour les contrefacteurs !

De nos jours, la monnaie a un triple rôle :
  • étalon de valeur;
  • instrument d'échange;
  • réserve du pouvoir d'achat.

Le papier-monnaie apparaît en Chine, vers le X e siècle, mais il sera longtemps réservé à usage interne, l'or et l'argent restant le seul paiement admis pour les achats internationaux. L'utilisation du papier pour régler des échanges commerciaux ou se procurer des liquidités à crédit, fera son apparition en Europe vers le XVII siècle, avec les lettres de crédit, lettres de change, qui inaugurent déjà la monnaie scripturale (monnaie transmise par voie d'écriture, dont la banque assure la convertibilité en pièces ou en billets). Cette pratique va déboucher sur l'impression de billets (banques privées) qui, serviront au prêteur à avancer une certaine somme d'argent, contre la promesse écrite de rembourser la somme avec intérêts. Le trésor public voyant là, de l'argent lui échapper, émet ses propres billets avec lesquels il paie ses fournisseurs et ses fonctionnaires qui sont contraints d'accepter ce papier-monnaie. La Banque de France créée en 1800, obtient quarante-huit ans plus tard, le monopole de l'émission des billets pour tout le pays. Battre monnaie reste un privilège réservé aux États. En 1924, un escroc d'envergure internationale fit imprimer à Londres pour une, soit disant colonie Portugaise, 200 000 billets de 500 escudos. Les « vrais-faux » billets, faillirent bien ruiner le petit Etat Portugais.

Le papier-monnaie ne pouvant guère être considéré comme une monnaie marchandise. Un billet de X euros, dollars, ou autre, ne vaut que les quelques centimes de sa fabrication. Le papier-monnaie est une monnaie fiduciaire, c'est-à-dire basé sur la confiance. Au début, le papier-monnaie était entièrement gagé. Sa valeur était garantie par les réserves en or des États. Dans notre système actuel, le papier-monnaie n'est plus garanti. En fait, les dépôts à vue sont représentés par une ligne d'écriture comptable dans les registres des banques.
Le Golden exchange standard de 1922 marque le recul de l'or par rapport aux devises. Le krak de 1929 entraine une augmentation du cour de l'or. Le Président Roosvelt fixe, en 1934, la parité pour le dollar à 35 $ l'once. La seconde guerre mondiale réduit la production du métal précieux, lézardant l'équilibre monétaire international. La signature de l'accord de Bretton-Woods par une quarantaine de pays en juillet 1944, instaurent le dollar comme la seule monnaie convertible en or dans les échanges internationaux. Au sortir de la guerre, les Américains possèdent 80 % des réserves d'or mondiales. Au début des années soixante-dix, la situation est moins florissante à cause du haut niveau d'endettement. Les taux de change deviennent flottants. Le 15 août 1971, Nixon suspend la convertibilité du dollar. Les résultats sont immédiats. L'once passe de 35 à 850 dollars dans la décennie. La balance du commerce extérieur est largement négative pour les USA, sans que cela ne pose véritable problème. Les dollars payé pour leurs importations restent dans les coffres de ses banques, permettant de financer le crédit, avec, un taux d'endettement faramineux.

La profession bancaire est définie par la loi du 12 juin 1941 " Sont considérés comme banques, les établissements ou entreprises qui font profession habituelle de recevoir du public des fonds qu'ils emploient pour leur propre compte en opération d'escompte, en opérations de crédit, en opérations financières". Les banques se livrent donc au commerce des capitaux. Elles proposent une rémunération aux détenteurs de fonds disponibles, et de crédits aux emprunteurs. La banque travaille principalement avec l'argent confié par ses clients (entreprises et public), et dans une moindre proportion, avec leurs fonds propres.

On a pour habitude de différencier les établissements bancaires.
La banque de dépôt qui reçoit principalement des dépôts à vue et qui consent des crédits à court terme.
La banque d'affaires dont la vocation est de prendre des participations dans les affaires.
Les banques de crédit qui emploient les dépôts pour des opérations de crédit.
La Banque de France joue un rôle de superviseur des banques, et peut effectuer des opérations comme une banque ordinaire. C'est-elle qui tient le fichier national de tous les comptes ouverts.

Les banques sont soumises à un double contrôle, celui de la Banque de France et de la Commission de contrôle des opérations bancaires (COB). Ce contrôle porte sur :
les conditions d'admission à la profession ;
sur la situation financière des banques ;
des conditions d'emploi des sommes recueillies (crédit, blanchiment).

Le système bancaire moderne est fondé sur les banques à couvertures fractionnaires. Les banques maintiennent des réserves qui ne représentent qu'une partie des fonds qui leur sont confiés en dépôts. Cela présente trois caractéristiques essentielles :
la rentabilité des banques qui visent le profit ;
le pouvoir discrétionnaire des banques sur leur réserve et prêts accordés ;
les risques de panique financière.

De nos jours, les dépôts à vue ne sont ne sont garantis que par l'engagement de la banque à les convertir sur demande en espèces. La banque se doit donc de maintenir une réserve suffisante. Une gestion saine repose sur un juste équilibre entre le profit et la sécurité. Grâce à l'assurance-dépôt limitée à 100 000 euros, les déposants sont assurés de ne pas perdre leurs dépôts en cas de faillite de la banque, en principe.
Les banques sont tenues par la loi, de maintenir une réserve-encaisse minimale. Supposons que vous déposiez 10 000 euros sur votre compte, cela entraine un accroissement de la masse monétaire. Votre banquier va mettre en réserve, mettons, 20 % de cette somme. Il va prêter les 8 000 euros restant à un autre client, qui va, à son tour, les déposer sur un compte. La banque recevant ces 8 000 francs, va à son tour, en placer 20 % (1 600 euros), et émettre un prêt pour la somme restant, soit 6 400 euros. Le processus peut continuer, et prendre de l'ampleur (chaque écriture représente 80 % de la précédente. Bien évidement, la masse monétaire n'aura, elle, augmenter que du dépôt initial de 10 000 euros.

Le processus peut être inversé. Vous allez à la banque et vous retirez 10 000 euros en espèces que vous conservez dans un coffre. Cela entraine une baisse de 2 000 euros de la réserve obligatoire, mais également une diminution de sa réserve réelle de 10 000 euros, ce qui l'amène à 8 000 euros en dessous du montant que la banque doit détenir en réserve. La banque va alors refuser d'accorder de nouveaux prêts jusqu'à ce que sa réserve atteigne de nouveau 8 000 euros. Si les particuliers se décident à retirer la totalité de leurs dépôts à vue et à en conserver chez eux le montant pendant quelques semaines, le système financier serait très fortement ébranlé. En période de doutes, les banques préfèrent conserver une réserve excédentaire, et l'argent devient "rare".

En cas de crise ou d'inflation, le consommateur peut décider de sacrifier la commodité de la monnaie et opter pour un autre type de valeur de réserve (or, terre, habitation, voire une monnaie virtuelle). Le gouvernement doit garder le contrôle de la masse monétaire indispensable à la stabilité économique. La Banque de France est une banque particulière. Elle offre des services comme ceux qu'offrent les banques à leurs clients, mais son profit n'est pas son principal motif. C'est l'intérêt national qui prévaut. Elle peut influer sur les réserves des banques à charte, en vendant ou en achetant des titres et des obligations. Il s'agit d'opérations sur le marché libre.

L'actif de la Banque de France est constitué en grande partie d'obligations, de devises, en réserve  or. Une grande part de la réserve des banques à charte (licence) est détenue par la BdF sous forme de dépôts à vue, ce qui a pour effet de faciliter les opérations de compensation. L'opération de compensation donne lieu à deux écritures, une pour le dépôt (actif), et une pour le débit (passif).
Le crédit peut concerner des marchandises livrées par le fournisseur qui consent un délai de paiement à son client, ou être un crédit monnaie qui est du ressort d'une banque ou d'une grande enseigne (crédit revolving). La base du crédit repose sur la confiance d'où l'origine du nom, qui vient de credere, qui signifie "croire".

On peut distinguer différents crédits :
selon leur durée, court terme, moyen terme, long terme ;
d'après leur utilisation : découvert accordé ;
en fonction des garanties : suretés (hypothèque immobilière, gage sur des marchandises, nantissement (gage sans dépossession), cautionnement, aval en matière d'effet de commerce;
d'après sa destination économique : à la consommation, investissements, financement d'un fond de roulement.
En accordant un crédit, le banquier court les risques de l'insolvabilité du bénéficiaire du crédit, de l'immobilisation des fonds prêtés, d'une crise économique. Pour se prémunir le banquier s'entoure de précautions :
division des risques entres les secteurs ;
limitation du montant accordé à chaque bénéficiaire ;
étude du dossier du client.

La bourse des valeurs centralise les offres et les demandes de capitaux sous forme de valeurs mobilières. Cela concerne principalement les actions et les obligations nominatives ou au porteur. Les actions sont des parts de propriété dans une société anonyme ou commandite par actions, et dont le total forme le capital de la société. Les actions sont émises à la création de la société, mais d'autres actions peuvent être émises au cours de son existence pour concourir à une augmentation du capital.

Les actionnaires bénéficient de droits de participation à la gestion de la société (droit de vote aux assemblées, approbation des comptes, etc.), mais aussi de droits pécuniaires :
part de bénéfice sous forme de dividendes ;
possibilité de revendre leurs titres ;
priorité à la souscription d'une d'augmentation du capital ;
rétribution par attribution gratuite d'actions.

Les obligations sont des titres émis à l'occasion d'un emprunt, aussi constituent-elles des titres de créance se caractérisant par certains critères :
la valeur nominale ;
le prix d'émission qui peut être inférieur à la valeur nominal ;
le taux d'intérêt ;
la périodicité de remboursement ;
les avantages concédés : prime, lot, garantie.

Il existe bien d'autres types d'obligations : indexées selon un indice, avec participation au résultat de l'entreprise, convertibles en actions. Un état peut émettre des emprunts donnant lieu à l'émission de rentes, bons ou certificats d'investissement.
Les SICAV (société d'investissement à capital variable) proviennent d'établissements ayant pour objet la gestion de portefeuilles de valeurs mobilières ou financières. À coté de ce marché, existe les bourses des valeurs dont les transactions se déroulent hors de la présence physique des capitaux. Les bourses de valeurs sont une institution du marché financier, par opposition au marché monétaire, qui concerne le court terme. Fonctionnent aussi les bourses de marchandises qui centralisent les transactions en gros portant sur certains produits agricoles, ressources naturelles, industrielles. On trouve des bourses de valeurs à : Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, Lille, Nancy (ne pas confondre avec la bourse de Paris qui domine le marché financier). Les séances se tiennent quotidiennement du lundi au vendredi, et les cours sont cotés en continu pour chaque valeur. Certaines valeurs non inscrites à la cote officielle, appartiennent au marché hors-cote traité par les banquiers.

L'agent de change est un intermédiaire agrée qui a le statut d'officier ministériel (comme l'huissier) tout en faisant commerce. Ils disposent d'un monopole des négociations sur les valeurs mobilières. Les détendeurs de valeurs mobilières ont la certitude de réaliser leur vente, et ainsi la capacité à se reporter sur d'autres valeurs, contribuant à une "irrigation" de l'activité économique.

Certains s'interrogent sur l'utilité des bourses. Par la centralisation des offres et des demandes, elles servent à rapprocher les acheteurs et les vendeurs. La loi du marché prévaut, condition indispensable à l'établissement d'une concurrence parfaite (sauf en cas de délit d'initié). La bourse de valeurs joue aussi un rôle autorégulateur qui tend à limiter toute hausse. Une hausse prolongée décourage les investisseurs, ce qui peut infléchir cette tendance à la hausse. Pour soutenir le cours, une baisse devient nécessaire.
La spéculation, dont il est souvent question, n'est pas sans danger, puisqu'elle peut orienter un cours dans un sens voulu. Rappelons que la COB peut décider de l'admission ou de la radiation d'une valeur après consultation de la chambre syndicale des agents de change.

Les opérations peuvent se faire au comptant ou à terme, et être exécutées par l'intermédiaire d'une banque ou d'un agent de change (le particulier n'ayant pas accès direct). Dans le règlement au comptant, l'acheteur paie les valeurs acquises et reçoit les valeurs. Dans une opération à terme, l'opération est immédiatement fixée, mais l'exécution est reportée à une date convenue. Ce marché est fortement réglementé, et il n'est ouvert qu'à certaines valeurs. Les opérations ne peuvent porter que sur des quantités supérieures à un certain seuil fixé pour chaque titre.

Dans le marché à terme ferme, l'opération est irrévocable. Elle se liquide au terme convenu par la livraison et le paiement. On assiste souvent à la revente au comptant des titres achetés fermes, en espérant que le cours va "grimper". L'acheteur est "haussier". À l'inverse, le vendeur peut se procurer les titres qu'il doit livrer au terme convenu, espérant pouvoir bénéficier d'une baisse des cours. Il est baissier. Les opérations portant sur marché à terme à prime sont révocables. L'acheteur a le droit de résilier son contrat en abandonnant une prime. Cela permet de limiter le risque au montant de la prime. Les initiés s'intéressent particulièrement aux PUT et au CALL. Le call of more est le jumelage d'un achat ferme et d'un achat conditionnel (à la hausse ou à la baisse) ; le put of more est le jumelage d'une vente ferme et d'une vente conditionnelle.

Un nouveau moyen de paiement a été crée avec la monnaie électronique, bien vite détourné. Selon un rapport du Tracfin de 2011 "La combinaison des différents nouveaux moyens de paiement peut permettre la mise en place d'un circuit parallèle de flux financiers fonctionnant en dehors du secteur financier traditionnel". Les cartes prépayées (rechargeables), les moyens de paiements électroniques, et la monnaie virtuelle, sont autant de moyens susceptibles à être utilisés pour le blanchiment de capitaux où leur transfert en toute discrétion.

Que de chemin parcouru depuis l'apparition de la première carte de paiement en 1964 pour réduire l'utilisation des chèques gratuits qui coutaient cher aux banques. N'importe quel quidam venu peut acheter une carte prépayée sans que son identité ne soit exigée. Quand bien même, il faudrait décliner une identité, "le moyen de paiement étant attaché au porteur, rien ne garantit que l'acheteur de la carte prépayée soit son utilisateur final", Tracfin de citer l'exemple de marchands d'or qui avaient mis en place un système pour contourner l'interdiction des opérations d'achat/vente d'or en espèces, et ce, via l'achat de cartes prépayées en paiement de l'or.

La monnaie électronique présente d'autres risques liés aux paiements, comme la difficulté de contrôler et de tracer les flux transfrontaliers de capitaux. Voici un exemple édifiant extrait d'un séminaire réservé aux cadres d'une banque helvétique. Il a suffi de 600 000 dollars éparpillés sur 20 comptes et sur une durée de sept mois, pour commettre l'attentat du XI septembre ! Compte tenu des montants peu élevés, du faible étalement dans durée, et grâce à l'anonymat de la monnaie électronique, ce genre d'opérations est extrêmement difficile à détecter.

La monnaie virtuelle, principalement utilisée sur Internet et sur des systèmes de paiements alternatifs, et en l'absence complète de régulation, contribue largement à l'opacité de ce marché. Chaque minute, 204 millions d'e-mails sont mis en ligne, et plus d'un demi terra-octets de données est échangé. "Cette rapidité des flux complique considérablement le contrôle et peut empêcher la saisie et le gel des fonds délictuels". Tracfin pointe aussi le micro-crédit comme un risque concernant les opérations de financement.

Le bitcoin (de « bit », un chiffre binaire, et « coin » pièce de monnaie ) créé en 2009, constitue à la fois une monnaie électronique qui n'est gérée par aucun Etat ou banque centrale, dont la valeur est entièrement flottante, repose sur un protocole d'échange libre. Cette monnaie virtuelle sensée à terme, remplacer les Master Card et autres cartes de crédit, permet de faire transiter des sommes d'argent dans différentes devises via Internet et anonymement. L'émission de cette monnaie de substitution échappe à tout contrôle des banques centrales. Onze millions de bitcoins sont en circulation sur un total limité à 21 millions. Lors de la crise financière chypriote, la devise numérique a connu une envolée de son cours. Des épargnants ont converti leurs avoirs en bitcoins. En l'espace de quelques semaines, la valeur du bitcoin a bondi de 40 dollars, début février 2013, à près de 140 dollars (109 euros) au mois d'avril. La valeur totale de l'ensemble des bitcoins en circulation, atteindrait 1.5 milliard de dollars. L'achat de bitcoins est réservé aux vérificateurs du réseau, responsable de la validation des transactions dans la devise, qui peuvent ensuite revendre sur Internet, via une vingtaine de places de marché de gré à gré. En France, Bitcoin-Central rassemble déjà 25 000 utilisateurs.
Le 20 mars 2013, le FinCen, c'est-à-dire l'équivalent américain de Tracfin en France, préconisait d'appliquer "aux places de marché de bitcoins les mêmes règles de fonctionnement que celles qui s'imposent à des acteurs comme Western Union". Concomitamment, la flambée de son cours a suscité la convoitise  des hackers. Le 3 avril, la place de marché MtGox, au Japon, a dû affronter une vague de cyber-attaques. En France, Bitcoin-Central a dû été fermé plusieurs jours.

Ce système de paiement anonyme reposant sur un protocole de paiement crypté décentralisé (peer to peer) à travers deux adresses Internet créées pour chaque transaction, ce quasiment sans frais, et sa devise virtuelle, risquent à terme de se retrouver dans le système financier classique. La start-up Paymium qui gère le site Bitcoin-Central, s'est associée à l'établissement Aqoba, agréé par la Banque de France, pour financer leurs transactions en bitcoins.